Lorsque l’ennui ou la mélancolie guettent, les jolies choses rassurent. De jolies choses parfois un peu chères, souvent très légères, somme toute tout aussi hors de prix que de raison.
Lorsque l’ennui ou la mélancolie guettent, une étoffe à plusieurs chiffres épousant les formes et la taille met souvent en lumière les plus beaux reliefs, les courbes les plus agréables de la vie. Plus simplement fagotées, nous devenons vêtues – en mesure de sourire.
Certes, ce dernier disparaît souvent un temps du portefeuille qui se met à pleurer, pleurer sans cesse de se voir moins garni. Mais qu’importe ! Nous portons le plaisir bien en tête et lorsque nous sommes de retour, abandonnons sac et main et autres laides considérations sur le pas de la porte.
Et l’ennui disparaît.
Rebecca Bloomwood – journaliste londonienne – maîtrise alors à merveille les aspects les plus retors de cette auto-thérapie. Adepte des magasins tout autant que des cartes magiques, sa bosse des mathématiques ne se réveille qu’au toucher des factures impayées.
Chère Mademoiselle Bloomwood,
Merci du prompt retour de votre chèque signé, d’un montant de 43 livres. Malheureusement bien que signé, ce chèque est daté du 14 février 2200. Il s’agit, sans aucun doute, d’une erreur de votre part… […]
Alors pour taire les petites voix agressives de Raison et Remord, Rebecca se révèle fin stratège et calcule. Essaye. Détourne le regard des trop prometteuses vitrines. Un temps, seulement.
Puis les créances et autres demandes bancaires en tous genres s’amoncellent à nouveau au fin fond des tiroirs et se font doucement oublier. Car la belle a tout de même d’autres chats à fouetter !
Au fait, c’est mon travail. Je suis journaliste dans un magazine financier. Je suis payée pour expliquer aux lecteurs comment gérer leur budget. […] Bien entendu, je ne connais toujours rien à la finance. Les gens qui attendent à l’arrêt de bus en savent plus que moi sur le sujet. Les enfants en bas âge scolaire aussi. J’effectue ce travail depuis trois ans maintenant et je m’attends toujours à être démasquée.
L’ironie est belle, car la demoiselle conseille sans toutefois respecter ses gouvernes. Tout à fait incapable de résister aux attraits des mannequins de plastique, elle se voue en effet au cachemire puis le trompe et l’oublie en l’espace de trois tours de dentelle. Si beau ! Si modique ! Si modesque !
Puis il y a Luke Brandon, l’Agent Provocateur, le grand patron. Tout en lui la séduit mais tout en lui n’est pas simple.
Grand Dieu.
Pourquoi la gent masculine n’est-elle pas aussi douce à tester que ses innombrables flacons des plus grandes parfumeries ? Pourquoi ne pouvoir demander un amant sur-mesure, bien taillé, sans arrière-pensées car toujours parfaitement coupé ?
J’ai l’impression d’avoir effectué le parcours du combattant. Je pense que le shopping devrait figurer dans les risques cardio-vasculaires. Mon cœur ne bat jamais aussi fort que lorsque je vois un panneau ‘soldé à 50 %’.
Rebecca n’est pourtant pas une boulimique consumériste. Pas seulement. Névrosée dans les limites et toujours très emphatique, elle se contente simplement de poser un regard grand ouvert sur une société qui la pousse à payer tout haut pour tout et tout bas pour rien.
Mais chut… le secret est à taire. Car au final, les jolies choses de la vie n’ont pas de prix, non ?
Et rappelez-vous que pour tout le reste, il y a Mastercard, VISA, American Express, ou JCB…
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