Toi aussi raconte ce que tu fais maintenant que tu es grande ! Envoie un mail à l’adresse [email protected] avec en objet « Maintenant que je suis grande, je… ».
Dans ton mail réponds au questionnaire ci-dessous, et n’oublie pas de mentionner ton âge !
- Qui es-tu et d’où viens-tu ?
- Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
- Et ton job alors, c’est quoi ?
- Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
- Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
- Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
- Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
- C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
- Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
- Est-ce que tu as une journée type ?
- Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
- La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
- Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Julie a 23 ans, et son histoire d’amour encore inexpliquée avec la langue et la culture allemande l’a poussée à travailler dans une petite ville de Bavière… en tant que conductrice de travaux.
Être conductrice de travaux en Allemagne
Travailler sur des chantiers, c’est son quotidien, et elle t’en parle avec beaucoup de passion !
Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
Après mon Bac S (en section européenne allemand, ça tombe sous le sens), je suis entrée dans une école qui s’appelle l’ISFATES : Institut supérieur franco-allemand de technique, d’économie et de science.
Et j’ai choisi le cursus tri-national en filière génie civil et management en Europe. En 3 ans j’ai pu étudier à Metz, à Luxembourg et à Sarrebruck.
C’était génial, je conseille ce cursus à tous les amoureux de l’étranger qui ne sont pas non plus des linguistes !
Et ton job alors, c’est quoi ?
Je suis conductrice de travaux. Pourquoi les chantiers ? Eh bien voilà ce que je me suis dit :
« Tiens, le génie civil ça peut être intéressant. »
Et c’est tout.
Pendant ma licence en génie civil, j’avoue que je n’étais pas une étudiante passionnée de la matière, moi c’était le franco-allemand que j’adorais.
Mais maintenant que c’est concret, je confirme, la construction c’est VRAIMENT intéressant !
Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
J’ai toujours bien aimé organiser des trucs… Maintenant j’organise un chantier !
C’est très varié, toujours avec mon équipe, parfois je suis sur le chantier, parfois au bureau. Je gère un plan des délais, cherche des entreprises sous-traitantes, gère le budget, envoie des appels d’offres.
C’est aussi très social, il y a beaucoup de contact avec les ouvriers, sous-traitants
, etc. Ce qui est le plus kiffant du métier : voir chaque semaine l’avancement des travaux !
Le monde du génie civil est vaste, on peut faire différents métiers, comme architecte, dessinateur, ingénieur structure (qui dimensionne les éléments pour que la structure fonctionne et soit réalisable sur chantier), géomètre, topographe, etc. Et dans différents domaines : bâtiments, ponts et routes, rénovations…
Dans tout ce choix, j’ai eu la chance de trouver une entreprise qui me correspond : on rénove entièrement des bâtiments sous protection « monument historique ». Moi qui adore les vieilles maisons à colombages, j’adore.
Et ce que je trouve aussi formidable, c’est le principe de réparer les choses de qualité plutôt que de créer sans cesse du neuf pour le jeter ensuite, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Les bâtiments construits avant le XIXème étaient pensés pour durer une éternité !
Je suis encore débutante dans le métier, ce qui fait que je manque d’expérience, c’est logique, et je ne peux pas encore gérer seule la conduite d’un chantier. Donc je fais déjà une bonne partie du travail, mais toujours accompagnée d’un tuteur.
J’apprends beaucoup, tous les jours. Mon but c’est de pouvoir bientôt assurer seule cette fonction.
Le quotidien d’une conductrice de travaux
Est-ce que tu as une journée type ?
Une journée type au bureau serait ponctuée tout du long de nombreux coups de téléphone avec les sous-traitants ayant des questions, ou pour leur donner des infos sur d’éventuels changements.
De réunions avec les membres de l’équipe pour prendre telle ou telle décision technique, ou concernant les délais, de recherches variées… En fait chaque jour est très différent.
Une journée type sur le chantier commence malheureusement pour ma part par un trajet de 3h en voiture de service avec l’équipe. Puis un premier tour du chantier pour constater l’avancement.
Ensuite d’éventuelles réunions sur place avec les sous-traitants, des mesures de surfaces, des croquis de certains détails techniques. Certaines semaines, il peut être nécessaire de dormir une nuit sur place dans un hôtel.
Dans ce cas nous aimons participer aux barbecues des ouvriers, qui ont lieu en toutes saisons ! Et ça c’est toujours super fun !
La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
Je pense qu’une qualité indispensable pour faire ce job c’est de savoir travailler en équipe. Que ce soit avec l’architecte ou le contremaître, c’est toujours à plusieurs cerveaux et points de vue qu’on arrive à une bonne solution !
Il faut donc savoir communiquer ses idées et argumenter. Et je crois que c’est mieux de ne pas être trop timide.
On dit que ce secteur est assez masculin… Qu’est-ce que tu ressens à ce sujet en tant que femme ?
La construction étant un secteur technique, les femmes y sont encore en sous représentation, je pense que c’est vrai, sauf en architecture.
Sur le chantier, très rares sont les ouvrières.
À mon entreprise par exemple nous ne sommes que deux pour une dizaine d’hommes dans la conduite de chantier, mais nombreuses sont les femmes architectes.
À par ça, je n’ai encore jamais été la cible d’une situation sexiste au travail, je n’ai jamais pensé être considérée différemment de mes collègues masculins, et je n’ai jamais eu de remarque déplacée sur le chantier. Tant mieux !
Le seul petit truc peut-être : il faut faire abstraction de ces calendriers pornos de femmes nues, présents en quantité, affichés dans les containers servant de bureaux sur place, c’est considéré comme normal…
Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Je finirai par le salaire car malgré tout il faut bien l’avouer, c’est toujours intéressant. Il faut savoir que les salaires en Allemagne sont globalement plus hauts qu’en France.
Donc en tant qu’ingénieure en tout début de carrière je gagne 3 000 € brut pour un contrat de 42 heures par semaine. Malheureusement pour ce qui est de mes confrères français, je ne sais pas exactement ce qu’il en est.
Tout dépend surtout de l’envergure de l’entreprise et de l’ancienneté.
Voilà voilà, que vous soyez intriguées par le génie civil ou ayez des envies de vous expatrier où que ce soit, je vous encourage très chaleureusement !
Et en particulier les meufs qui sont tentées par les métiers de la construction : lancez-vous. Le casque de chantier est unisexe !
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