La compagnie de trains de Stockholm (l’équivalent de nos RER) interdit à ses employés de porter des shorts. En effet, l’uniforme de travail comprend un pantalon ou une jupe, au choix. Face à la chaleur qui peut avoisiner les 35°C dans les cabines, certains employés ont assez logiquement décidé d’opter pour le seul vêtement d’été qui était à leur disposition : la jupe.
La direction ne s’y est pas opposée : « Nous voulons que nos employés présentent bien auprès de la clientèle, en portant les uniformes mis à leur disposition. Si les hommes portent des jupes, ce n’est pas un problème. Leur demander de ne pas le faire serait de la discrimination », répond Tomas Hedenius, en charge de la communication d’Arriva.
Pour Martin Akersten (photo), le port de la jupe est avant tout un moyen d’obtenir le droit de porter des shorts
. « La jupe descend à hauteur de genou, ce n’est pas pratique pour travailler, notamment pour monter dans les cabines, des shorts auraient été préférables. Mais au moins, c’est aéré. »
Martin Arkersten ©
Évolution des codes vestimentaires
Ce n’est pas la première fois que les conditions climatiques amènent à faire évoluer le code vestimentaire professionnel vers davantage de pragmatisme. Au Japon, la catastrophe de Fukushima avait contraint à économiser l’énergie en renonçant à la climatisation des bureaux. En conséquence, plusieurs entreprises ont autorisé leurs salariés à tomber la cravate et à venir en bermuda au bureau. L’enseigne Uniqlo avait d’ailleurs sorti toute une collection Super Cool Biz, du nom de la politique prônée par le gouvernement.
La jupe, « seulement » un vêtement ?
Au départ, c’est une question de bon sens, mais qui démontre au final tout le poids du genre sur les conventions sociales. Au fond, la jupe n’est qu’un morceau de tissu, un vêtement plutôt banal. Mais parce qu’il porte le sceau du genre féminin, qu’un homme ose s’en parer et son acte paraîtra surprenant, dérangeant, comique, quoi qu’on en pense : il appellera des réactions.
Lorsque les femmes se sont emparées du pantalon, l’émotion était vive. C’était une véritable transgression. Ces travailleurs suédois sont peut être en train, sans le savoir, de participer à une révolution culturelle de la même ampleur, en libérant la jupe du joug de son genre.
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