La semaine passée, entre 800 (selon la police) et 2000 (selon le SNES, premier syndicat du second degré) enseignants de l’académie de Créteil manifestaient à Paris, dénonçant les suppressions de postes et exigeant plus de moyens, après l’agression au couteau survenue le 2 février au lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). (Rappel des faits : un lycéen de 14 ans a été blessé au couteau par sept personnes qui s’étaient introduites dans l’établissement.)
Les enseignants du lycée en question ont cessé les cours le jour suivant. Ils réclament un débat public avec le ministre de l’Education nationale : un « débat télévisé » avec M. Chatel pour qu’il « justifie publiquement son refus de répondre à (leur) juste revendication », ont-ils expliqué à la presse.
« Chatel, retour chez l’Oréal ! On veut pas d’une école libérale ! », pouvait-on entendre les manifestants scander hier, entre le carrefour de l’Odéon et le ministère de l’éducation nationale. « Pas 1.500 surveillants, juste 11 », indiquait une banderole. Soit une réponse au ministre de l’Education nationale qui avait déclaré qu’on ne pouvait pas « mettre un surveillant derrière chaque élève ».
Mais le problème du manque de moyens ne se limite pas à la question des surveillants.
Les résultats d’une enquête financée par l’UE ont récemment été publiés. But : donner une idée aux instances éducatives des directions à prendre pour améliorer la condition des 6,25 millions d’enseignants que compte l’Union. Trois enseignants sur quatre affirment manquer de motivation pour améliorer la qualité de leur enseignement, et dans trois établissements scolaires sur cinq les cours sont perturbés par le mauvais comportement des élèves (en moyenne, 13% du temps de cours serait dévolu à « faire la discipline »). Les enseignants irlandais, portugais, espagnols et italiens se plaignent de l’absence de retour de leur travail : celui-ci n’est pas systématiquement évalué. L’enquête fait ressortir la nécessité pour les instances éducatives de récompenser et de reconnaître un enseignement de qualité.
Par ailleurs, les enseignants semblent souffrir d’un certain mépris de leurs conditions de travail. Dans Libération.fr, Antoine Gaudin (Vice-Président de l’Union nationale des professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie) répond à Alain Chomel, qui affirmait que « le blocage du système éducatif est essentiellement causé par le fait que les profs passent l’essentiel de leur temps hors de l’établissement ». Penser que les emplois du temps sont conçus pour limiter le temps de présence des enseignants dans le lycée serait injuste : en plus des 15 à 18 heures hebdomadaires d’enseignement que doit assurer un professeur du second degré, rares sont ceux qui n’ont pas deux à cinq ou six heures de « trous », en dehors des pauses déjeuner.
Le Ministère lui-même évalue le temps de travail hebdomadaire d’un enseignant à un peu plus de 40 heures hebdomadaires, dont environ 15 à la maison ; la différence laisse environ 25 heures hebdomadaires de travail (le temps de présence est donc encore supérieur !). Les 35h hebdomadaires en lycée, suggérées par Alain Chomel, sont bien jolies en théorie; mais « ce qu’il oublie de préciser, c’est l’impossibilité matérielle de travailler décemment dans les établissements dans laquelle les Pouvoirs Publics, et donc la Nation, ont placé les enseignants. Personnellement, je travaille dans un lycée où se côtoient environ 200 profs ; royalement la salle des profs dispose d’une trentaine de places assises et de trois ordinateurs, épisodiquement connectés au réseau, souvent dépourvus d’une imprimante fonctionnelle », s’indigne Antoine Gaudin.
Les madmoiZelles lycéennes, aux futures / profs en place parmi nos lectrices : que pensez-vous des moyens en place dans votre bahut ?
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Les Commentaires
Moi ce que je me demande, c'est pourquoi l'IUFM est ultra blindé de futurs profs et que les classes soient toujours autant surchargées (et ça commence en maternelle avec 27 élèves minimum demandés par classe sinon on la ferme et on dispatche dans les autres)
Je plains sincèrement les (bons) profs de nos jours car vu qu'ils ne peuvent de toute façon plus rien dire ou faire sans se taper un procès. Les professeurs sont (étaient?) là aussi à la base pour suivre les élèves, les faire réfléchir et prendre part à leur éducation mais maintenant dés qu'un prof s'énerve un peu trop, on lui jette des cailloux
Sinon globalement je pense que tout le système d'éducation est à reprendre de zéro parce que là on va vers la cata ............ autant avant on se prenait souvent le mur à partir du bac et la fameuse fac qui sert à rien et qui nous désoriente, autant maintenant c'est dés le collège qu'on se le prend.