Il sera la douzième personne en France à voir sa condamnation annulée et à être reconnu comme victime d’une erreur judiciaire. Ce jeudi 15 décembre 2022, Farid El Haïry, 41 ans, vient d’être officiellement innocenté du viol dont il a été accusé.
Les accusations de viol et d’agression sexuelle sur mineure contre lui remontent à 1998 : Farid El Haïry, 17 ans, est accusé de viol par une lycéenne de 15 ans, Julie D., qui a porté plainte pour viol en réunion et agression sexuelle. En 2003, il a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre ans et deux mois avec sursis. Il avait alors déjà purgé onze mois et vingt-trois jours de détention provisoire dans un centre pour mineurs et continuait de clamer son innocence et de nier toute implication. Il disposait d’ailleurs un alibi, il était en vacances au Maroc.
La vérité, quatorze ans plus tard
Quatorze ans plus tard, en 2017, Julie D. envoie un courrier au procureur de la République de Douai pour « rétablir la vérité » : elle n’a jamais été violée par Farid El Haïry. Victime d’inceste par son grand frère entre ses 8 et 12 ans, elle explique avoir été « enfermée dans un puissant déni » :
« Je n’ai pas réussi à rétablir la vérité auprès de mes parents, les gendarmes et la justice à l’époque, étant enfermée dans mon propre mensonge et coincée dans l’emprise du secret familial. Je me sens honteuse et coupable vis-à-vis de Farid El Haïry. Il ne méritait pas cela. J’ai mis de longues années à sortir de ce déni. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière. J’assumerai les conséquences de mes actes. »
« A 17 ans, Farid El Haïry était déscolarisé, traînait une mauvaise réputation de bagarreur et de petit délinquant », résume la chroniqueuse judiciaire et romancière Pascale Robert-Diard. Un coupable idéal aux yeux de la justice ? Julie D. était bien victime, mais c’est un autre homme qui a payé. Elle a déposé plainte contre son frère.
Après plus de 23 ans à clamer son innocence, à pointer chaque année à la gendarmerie, Farid El Haïry a comparu devant la cour de révision ce jeudi 8 décembre. Il a demandé un verdict au plus vite, pas seulement pour lui, mais aussi pour ses proches :
« Tout ce que je vous demande, c’est que la justice fasse son devoir et me reconnaisse innocent, et surtout rapidement. Mes parents sont très malades, en soins palliatifs, et je voudrais juste qu’ils puissent entendre que je suis innocent, même s’ils n’ont jamais douté de moi. »
Ce jeudi 15 décembre marque donc une reconnaissance inestimable et un soulagement indescriptible pour cet homme condamné à tort. Dans les faits, que signifie cette décision ? La mention de sa condamnation sera effacée de son casier judiciaire, ainsi que celle de son nom dans le fichier des délinquants sexuels. Enfin, son avocat va lancer une procédure d’indemnisation.
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Crédit photo : Tingey Injury Law Firm via Unsplash
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