Nous sommes en 2015. Un entrepreneur, Brian Sloane, qui a déjà lancé l’Autoblow, un sextoy simulateur de fellation, présente sa grande idée : le premier concours de beauté pour vulves.
À lire aussi : Comment (bien) toucher une vulve ?
Un concours de beauté pour vulves, ça marche comment ?
L’idée ? Les candidat·es postent la photo de leur vulve sur une page dédiée où votent les internautes.
Les personnes arrivées sur le podium remportent 5000$ pour la première place, 2500$ pour la deuxième et 1250$ pour la troisième, ainsi qu’un voyage à Los Angeles.
Mais pas un voyage détente et tourisme, non : leur sexe sera scanné en 3D pour devenir un sextoy commercialisé par Brian Sloan, pouvant se vanter de vendre des répliques des « plus belles chattes du mondes ».
Eh oui, Brian Sloan n’a pas l’esprit dans ses pompes et il compte bien faire tourner son business avec toutes ces photos de sexe envoyées gratuitement et anonymement !
Le concours de beauté pour vulves, ça marche ?
Eh bien écoutez. Ça marche.
Comme on l’apprend sur le site du concours, il y a eu 182 participations en un mois, et plus de 130 000 votant·es.
Les trois lauréates vivaient toutes en Europe et se sont donc retrouvées à Berlin, pas à Los Angeles, pour que leur vulve soit scannée par Brian himself.
Vous pouvez en apprendre davantage dans la vidéo ci-dessous.
À noter qu’on parle bien de vulve, et non de vagin : le scanner 3D est réalisé sur la surface du sexe. Il sert à créer une sorte d’embout pour le sextoy, donc c’est plus esthétique qu’autre chose.
Il est possible de réaliser des scanners complets de vagins, et ça se fait aussi pour des jouets sexuels, souvent avec la participation d’actrices porno connues.
Qui sont les gagnantes du concours de la plus belle vulve ?
Les gagnantes sont anonymes, mais ces trois femmes sont jeunes, blanches, minces et européennes.
La deuxième lauréate confie ne pas avoir voulu participer à la base. C’est son copain qui l’y a poussée, après quelques verres d’alcool. Elle semble très gênée pendant le scanner 3D — tout comme le fameux petit ami qui l’accompagne.
« Je suis mal à l’aise, j’ai l’impression d’être chez le docteur. »
Les deux autres gagnantes semblent plus sereines. Elles plaisantent, empochent l’argent et l’une d’elle est même venue avec des amies.
Sur Mic, on peut trouver une interview de la gagnante. Elle déclare notamment :
« Je ne pense toujours pas que ma vulve a quoi que ce soit de spécial. J’ai juste pris la meilleure photo de ma vulve. C’est tout. Rien de plus, rien de moins. »
À lire aussi : DÉPUBLIÉ Comment réagir quand on reçoit une dick pic ?
À quoi ressemblent les plus belles vulves du monde ?
On peut voir les vulves gagnantes sur la page dédiée du site. En voici un échantillon.
Clique sur l’image pour la voir en grand
Sans surprise, malheureusement, ces vulves correspondent aux critères de beauté. Eh oui, il y en a aussi pour les chattes !
Elles appartiennent à des personnes blanches, sont parfaitement épilées (une condition requise pour le scanner 3D, pas forcément pour la photo soumise au vote), et globalement lisses. Les petites lèvres sont rarement marquées, les grandes quasiment invisibles.
À lire aussi : SCOOP : Ta vulve est normale
Le site du concours propose une analyse des données, établie à partir des vulves envoyées par les candidat·es. À partir de mesures effectuées sur les photos, six types de sexes ont été définis. Ils se classent du 1er (avec des petites lèvres qui ne dépassent pas du tout) au 6ème (avec des petites lèvres proéminentes).
Les vulves de type 1 ont recueilli près de 40% des votes. Il est donc logique que la majorité des gagnantes soient dans cette catégorie.
L’organisateur du concours de la plus belle vulve est-il un connard ?
C’est la grande question. Brian Sloan admet lui-même que ce ne serait pas totalement erroné de le qualifier ainsi.
Certes, il avait dans l’idée de commercialiser des sextoys basés sur ce concours (même si on ne les retrouve pas sur son site au final, le sextoy « effet vagin » n’étant pas du tout lié aux gagnantes). Ce n’est pas une initiative philanthrope mais mercantile.
Cela dit, à aucun moment il n’a menti sur ses intentions et les personnes ayant participé l’ont fait en connaissance de cause.
Ce moment gênant.
Ce n’est pas non plus de la faute de Brian si la communauté de votant•es a privilégié des vulves qui se ressemblent pas mal. Il n’est pas responsable des critères de beauté.
À lire aussi : Les adolescents consomment davantage de porno… mais n’ont toujours pas plus d’éducation sexuelle
J’ai par contre été gênée quand il explique qu’il est mal à l’aise à l’idée de scanner les vulves des gagnantes. Il dit :
« C’était rigolo au début, quand j’y pensais, mais maintenant je les ai rencontrées, elles sont adorables, sympa, ce sont des filles chouettes… du coup je me sens un peu mal. »
Parce que ce serait moins gênant de scanner la vulve d’une fille moins chouette ? Bon, laissons à Brian Sloan le bénéfice du doute : il n’explicite pas vraiment ce qu’il veut dire par là.
À lire aussi : L’éducation sexuelle décomplexée, avec de vraies vulves et des pénis en gros plan (NSFW !)
Un concours de beauté pour vulves, c’est sexiste ?
Les concours de beauté n’ont pas bonne presse. On vous a notamment parlé de nos sentiments ambivalents envers Miss France, entre madeleine de Proust, plaisir coupable et rejet complet.
Mais est-ce par essence sexiste de juger la beauté d’une partie du corps ? Pas forcément. La gagnante du concours de la plus belle vulve a déclaré :
« Si je pensais que c’était néfaste, que ça porte préjudice aux femmes en général, je n’aurais pas participé du tout. Je pense être une personne avec un sens de l’éthique. […]
Je pense, honnêtement, que c’est inoffensif. Ce qui crée les standards de beauté autour des vulves, c’est surtout le porno, qui mène de nombreuses femmes à subir des labiaplasties. Ça, c’est bien plus néfaste. »
« J’ai le droit de choisir ce que je veux faire de mon corps. C’est ça le féminisme. »
De plus, Brian Sloan a déclaré vouloir monter des concours des plus beaux anus, des plus belles testicules ou encore des plus beaux pénis.
À lire aussi : Typologie des pénis
Au final, ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est peut-être ces mots de la gagnante, élue « plus belle vulve du monde » :
« J’ai pris ce concours comme ce qu’il était : un jeu amusant. Je ne l’ai jamais pris au sérieux. C’est une technique marketing pour vendre un sextoy. »
Et vous, que vous inspire ce concours ? Vous seriez prêt·es à poster anonymement votre vulve sur Internet ? Vous avez déjà été confronté•e aux standards de beauté en matières de sexe ?
À lire aussi : Ma vulve et moi, une relation pas toujours simple
Les Commentaires