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Mes poils aux tétons, un complexe que j’ai encore du mal à dépasser

Cette madmoiZelle a des poils aux tétons qu’elle épile alors qu’elle assume ceux sur ses jambes. Elle te parle aujourd’hui de son rapport à son complexe, sa sexualité et les normes de la société.

Je crois que j’ai commencé à avoir des poils aux tétons à la puberté, mais en toute honnêteté, j’ai du mal à me souvenir de quand ceux-ci sont apparus exactement.

Il me semble qu’à l’époque, ils étaient moins foncés qu’aujourd’hui, moins nombreux et moins longs… Bref, plus discrets.

C’est fou, rien que de les décrire, je ressens une sorte de honte inexpliquée alors même que j’ai arrêté de complexer sur mes poils de jambes et d’aisselles il y a plusieurs années.

Alors pourquoi est-ce que ces poils aux tétons sont si difficiles à assumer pour moi ?

Les poils aux tétons, un tabou même chez les personnes concernées

À l’époque où j’ai commencé à en avoir, je dois dire que je m’en foutais pas mal. J’en avais relativement peu, ils étaient assez fins et clairs pour que je n’y pense pas vraiment.

J’ai commencé à les épiler au lycée, période à laquelle j’épilais l’intégralité de mon corps, plus par habitude que par réelle envie.

J’avais fini par intégrer que comme tous les poils de mon corps, ceux-ci étaient disgracieux, en plus d’être un peu chelou.

Autant je comprends l’intérêt des poils sur le pubis, mais ceux autour des tétons, sérieusement, why ?

Je me rappelle une conversation avec ma sœur il y a plusieurs années, dans la salle de bain dans laquelle nous étions en train de nous changer, où j’ai découvert qu’elle aussi avait des poils aux tétons.

Sur le moment, j’avais ressenti une sorte de soulagement, « ouf, je suis pas la seule », en même temps qu’une profonde incompréhension : si je ne suis pas la seule, pourquoi personne n’en parle ?

Mes poils aux tétons et mon rapport à la sexualité

Aussi longtemps que je me souvienne, mes poils aux tétons n’ont pas particulièrement été un problème dans ma sexualité, tout simplement parce que j’ai commencé à les épiler dès qu’ils ont commencé à être trop voyants à mon goût.

Mais étant en couple depuis plusieurs années avec mon mec, il m’arrive de passer plusieurs semaines sans y toucher, de la même façon que je passe parfois plusieurs semaines avec des poils aux aisselles.

Je crois me souvenir d’une conversation que j’avais eue avec lui au début de notre relation :

« Tiens c’est marrant que tu aies des poils à cet endroit ! »

Dans ses mots, pas de jugement particulier, de la curiosité tout au plus.

Mais il y a quelques jours, après plusieurs semaines sans avoir de rapport sexuel, il m’a glissé un soir :

« Il faut que je te dise… Ça me dérange un peu tes poils aux tétons… sexuellement parlant. »

Ah.

Je dois dire que ça m’a mis une petite claque.

Comment ces quelques poils, certes un peu foncés et pas particulièrement gracieux, pouvaient susciter du dégoût au point d’être un gros turn off pour lui ?

Et pire, comment moi, féministe, adulte et personne indépendante, pouvais-je être aussi affectée par un avis extérieur et masculin sur mon propre corps ?

Moi, féministe, adulte et personne indépendante, qui m’étais toujours jurée de ne jamais chercher à changer mon apparence pour un mec, je me suis prise en flagrant délit de complexe.

Et finalement, moi, féministe, adulte et indépendante, j’ai épilé ces quelques poils le lendemain, non sans jugement envers moi-même

, et surtout avec beaucoup de honte.

Et en vérité, c’est l’événement qui m’a donné envie d’écrire ce témoignage.

Les seins, une partie du corps toujours sexualisée par la société

Le problème, du moins de mon point de vue, c’est que les seins sont encore et toujours un attribut féminin très sexualisé par la société.

Des jambes poilues, c’est vu comme quelque chose de pas sexy, mais c’est moins difficile à assumer pour beaucoup de personnes parce que les jambes ne sont pas une partie du corps « sexy en soi ».

Les seins, en revanche, sont toujours vus comme désirables, sensuels, et éminemment sexuels.

Preuve en est que les hommes peuvent librement se trimballer torse nu sans que ça gêne qui que ce soit, contrairement aux femmes dont le moindre décolleté est perçu comme aguicheur.

Dans la publicité, l’art, le porno, les seins des femmes sont toujours mis en scène comme attribut de séduction, ce qui a forcément influencé ma perception de mon propre corps au cours de ma vie, et ce malgré mon éveil féministe.

J’ai beau savoir que les poils sont naturels et qu’il n’y a pas d’argument rationnel pour que ceux sur mes tétons soient plus honteux que ceux sur mes jambes, je continue de les retirer frénétiquement à la pince à épiler.

Reconnaître un complexe, ça ne veut pas dire s’en débarrasser

À bientôt 23 ans, je pensais me connaître et m’accepter assez pour qu’un avis extérieur sur mon physique ne me fasse aucun effet particulier.

Pourtant, force est de constater que certains stéréotypes de genre sont encore ancrés en moi, au point que je ressente le besoin d’arracher régulièrement ces malheureux poils de mes tétons, sans quoi je me sens moins désirable, moins à l’aise.

Bien sûr que rien ne m’oblige à m’épiler les tétons. Bien sûr que mon mec n’a aucun droit de me dire quoi faire de mon corps.

Dans l’idéal, j’aimerais bien évidemment me débarrasser de cette honte qui repose sur des diktats que je ne contrôle pas, pas plus que mon mec ne les contrôle.

Malheureusement, il ne suffit pas de regarder un complexe dans les yeux pour le faire disparaître, de la même façon qu’il ne suffit pas d’être un homme éveillé aux problématiques féministes pour s’affranchir des conventions sociales sexistes qui nous bercent depuis des années.

Femmes comme hommes, nous avons tous été élevés à la même enseigne patriarcale. Les normes qu’on nous impose en tant que femmes, les hommes les intègrent également de leur côté.

Lorsque mon mec m’a dit que mes poils de tétons le gênaient, il ne cherchait sans doute pas consciemment à m’imposer une apparence plus conforme à ces normes.

Sa réaction vient plutôt, à mon sens, du fait que dans les films, les pornos ou la société en général, les poils aux tétons ne sont jamais vraiment représentés.

Et si cette absence de représentation a eu pour conséquence ma honte de mes poils aux tétons, n’est-ce pas logique qu’elle ait eu pour conséquence son dégoût à lui ?

C’est pourquoi, au lieu de lui jeter la pierre, j’essaie d’en discuter avec lui afin de comprendre l’origine de son dérangement vis-à-vis de mes poils, en même temps j’essaie de me défaire du mien.

Et par la même occasion, j’en fais un article pour contribuer, à mon échelle, à la disparition de ce tabou !

N’hésite pas à partager ton expérience en commentaire si toi aussi tu as des poils aux tétons !

À lire aussi : Je suis albinos et j’ai appris à vivre avec le regard des autres

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Les Commentaires

11
Avatar de Kitsupy
21 juin 2020 à 21h06
Kitsupy
Les poils ont toujours été un énorme complexe pour moi et m'ont litteralement gaché la vie en détruisant mon estime de moi même, au point d'éviter tout contexte où j'aurais dû me montrer dénudée (sexe, plage, etc...)
Faut dire que j'en ai au menton et me rase depuis que j'ai 17ans, le pire complexe pour une femme...
J'en ai aussi sur le "torse" donc entre les seins et au dessus, où les hommes ont généralement leur toison. Bizarrement je n'en ai que 3 aux tétons. Par contre, pleins de poils sur les fesses aussi, c'est aussi très dur à vivre
Ce genre d'article fait du bien car j'ai le souvenir de faire des recherches sur internet pour connaitre les zones où il était "normal" d'avoir des poils. Sur tous les shémas representant le corps féminins, il n'y en a toujours qu'au pubis...parfois sous les bras et aux jambes, mais le reste est ignoré. C'est dur à vivre de chercher à trouver une preuve qu'on est pas un monste et ne rien trouver...
Ca me rassure qu'on en parle de plus en plus, mais aussi que plus en plus d'artistes mettent des poils et vergetures sur leurs personnages, etc...Merci pour cet article, ca m'aurait fait du bien de le lire étant plus jeune...
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La société s'écrit au féminin