Coucou toi ! Tu passes un bon dimanche ?
Cette semaine c’est Lucie (pas la même que la semaine dernière
, je te vois bien me reprendre coquinou) qui vient te raconter comment elle est passée d’un sentiment de haine vis-à-vis de son ventre, à un début d’acception, grâce à une grande cicatrice qui le parcourt.
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Mon ventre, cette cicatrice me fait te voir autrement
Je n’ai jamais vraiment aimé mon ventre, ma bedaine, ou ma « petite brioche » comme ma mère essayait gentiment de l’appeler.
Cette partie de mon corps a toujours été un peu enrobée.
J’admirais mes amies, avec leurs ventres plats, sans bourrelets disgracieux. Je cachais le mien autant que possible pour faire oublier sa présence un peu trop dérangeante.
Alors je me suis mise au sport, je courrais, mangeais plus sainement… Rien n’y faisait, cette part de mon anatomie demeurait imparfaite.
C’est étrange mais j’ai toujours pensé qu’être enceinte serait un bonheur pour moi car mon ventre aurait enfin une raison d’être proéminent.
Je ne vous apprends rien en disant qu’il est beaucoup plus aisé de ne pas s’aimer que de s’accepter. Mais petit à petit, je faisais de moins en moins attention à ce ventre que je n’arrivais pas à aimer.
On cohabitait. Il ne me dérangeait pas puisque je ne le regardais pas.
L’été dernier, alors que je venais d’arriver en Grèce pour des vacances je suis tombée malade. Une maladie, qui traînait en réalité, depuis des mois, s’est réveillée de façon violente.
Un rapatriement plus tard et mon petit problème de vésicule s’est transformé en séjour all inclusive d’un mois à l’hôpital.
Pas le type de vacances que je m’étais imaginé.
J’ai alors subi deux opérations. La première, une « cholécystectomie coelioscopique » ou plus simplement une technique qui consiste à pratiquer quatre petites incisions de 5 mm à 1 centimètre environ sur l’abdomen.
L’opération fut néanmoins un échec. Alors que je me scandalisais sur ces quatre premiers trous, on m’a annoncé que je devais subir une chirurgie plus lourde, et donc une cicatrice plus grande car cette fois je devais être « ouverte ».
Lorsque j’ai enlevé le bandage après la seconde opération, ma première réaction fut de me dire que je ne pouvais pas cacher cet épisode de ma vie, que ce que j’avais vécu me marquerait corporellement toute ma vie.
En effet, à chaque fois que je me déshabille devant quelqu’un, j’ai le droit à un regard tantôt interrogateur, tantôt de dégoût, tantôt d’admiration.
Et quand je repense à mon ventre tant détesté, à ces bourrelets méprisés, je me dis que finalement ce n’était pas bien grave.
A ma sortie de l’hôpital, j’avais perdu 10 kilos, mon ventre était enfin plat comme je l’avais toujours voulu.
Mais ce n’était pas non plus mon ventre. Je ne le reconnaissais pas.
J’ai depuis repris mon poids « normal » et mon ventre est à nouveau « comme avant ».
Ironiquement, je dois désormais passer de la crème cicatrisante quotidiennement sur cette partie de mon corps que je ne voulais même pas regarder avant cet été.
Certes, mon ventre n’est pas devenu du jour au lendemain ma partie du corps préférée, mais pourtant elle ne me dérange plus. Au contraire, j’en viens même certains jours à aimer cette « originalité » que les autres n’ont pas.
C’est une marque de ce que j’ai vécu et je ne peux le cacher. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûre de remettre un jour un maillot de bain deux pièces.
Je sais aussi qu’avec le temps, les cicatrices s’estomperont un peu, mais quoi qu’il arrive, je ne veux plus faire de mon ventre une obsession, un complexe.
Le laisser tranquille est un début. Ce n’est peut être pas le début d’une histoire d’amour mais c’est la fin d’une histoire de haine.
Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?
J’ai également demandé à Lucie de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son corps illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?
J’ai participé il y a quelques mois et depuis je n’y avais plus vraiment pensé.
Écrire dessus m’a fait du bien. Sans pour autant dire que cela fut cathartique, j’ai pris conscience de ce nouveau ventre, je dirais.
Cela va faire un peu plus d’un an que je vis avec et j’ai accepté cette différence. En revanche, je ne me fais toujours pas à l’avis des autres dessus, si mon ventre est à vue, et que la personne n’est pas au courant, j’ai le droit à un regard ou à une réflexion.
J’ai encore du mal avec ces réactions qui me rappellent ma dissemblance alors que je l’oublie au quotidien.
Quand j’ai reçu ton dessin, j’ai eu cette sensation étrange que ce corps était le mien et en même temps pas tout à fait.
Je reconnais mon grain de beauté mais la cicatrice m’apparaît comme un détail ajouté.
Je pense que c’est la première fois que je prenais mon ventre en photo pour le montrer. Et à part dans le miroir ou quand je soulève mes habits, ce n’est pas une partie que je regarde si souvent.
Aussi, j’ai eu l’impression que les cicatrices étaient plus voyantes, j’ai du retourner à la photo d’origine pour voir qu’elles étaient les mêmes.
Sur ton dessin, je ne vois que cela et pourtant elles ne m’apparaissent pas disgracieuses, elles sont juste là.
Merci à toi Léa, je trouve le dessin très beau, et même si j’ai encore du travail j’espère en faire pareil, un jour, avec cette partie de mon corps.
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Les Commentaires
Quand j'étais sortie de l'hôpital, tous mes muscles avaient fondu, j'avais les jambes qui tremblaient de monter un escalier, mais quand je me regardais dans le miroir je me trouvais presque assez fine. Maintenant j'ai repris mon ancien poids et donc mon ancien ventre, et j'essaie de ne pas trop y faire attention en attendant d'arriver à l'accepter.