Pas facile quand on sort des études, ou qu’on est encore en plein dedans, de choisir entre un job qui fait rêver et une vie faite de stabilité, mais possiblement d’ennui. Bien sûr, rien n’est tout blanc ou tout noir : en fonction de la carrière qu’on a choisie, on peut pencher d’un côté ou de l’autre, ou même pour les plus chanceux•ses, tout avoir.
Chaque destin est différent et potentiellement inspirant. C’est pourquoi nous avons proposé à nos lecteurs et lectrices de nous raconter leur vie et leurs choix de carrière.
Le prix du confort
Parlons tout d’abord de ceux et celles qui ont décidé de faire le choix du confort. On tourne parfois le dos à une voie qui nous intéresse, parce que celle-ci offre peu d’opportunités d’emploi.
Parfois, au contraire, cette voie est intéressante financièrement. Ce n’est pas toujours le cas (rarement en fait), et celles et ceux qui sont dans cette situation ont bien de la chance.
Lucille est plutôt dans le premier cas. En CDI et dans une situation stable, elle se considère dans une « cage dorée », même si elle a travaillé dur pour y arriver :
« J’ai 28 ans et j’ai eu des jobs alimentaires de mes 20 à mes 25 ans. Pendant ces cinq années je me disais « bouge-toi, tu vas pas faire ça toute ta vie, cherche autre chose, tu peux pas continuer comme ça ».
Mon objectif était le travail de bureau, en CDI. Et aujourd’hui, j’ai atteint cet objectif. Et je ne me sens pas plus épanouie que pendant mes cinq années de jobs alimentaires.
J’ai tout ce que je voulais, la sécurité de l’emploi, tous les avantages possibles, un salaire pas trop mauvais (pour quelqu’un qui n’a que le bac en poche). Mais je m’ennuie.
Et je repense à mes premiers boulots avec nostalgie et quelques regrets, car même si je travaillais jusqu’à pas d’heure et que je n’avais pas vraiment de vie en dehors, je n’avais pas le temps de regarder la pendule.
Alors certes, c’est confortable et sans souci, mais un peu trop plan-plan.
Être tiraillée entre partir de ce boulot pour faire quelque chose que j’aime, ou rester pour économiser et continuer à me payer une de mes passions, voyager, c’est mon lot quotidien. Alors j’attends et je me dis que je réussirais peut-être à évoluer et avoir une fonction plus intéressante. »
En proie aux mêmes tiraillements, Caroline a décidé de changer de voie pour mieux s’épanouir, quitte à moins bien gagner sa vie :
« Cela fait sept ans que je travaille en hôtellerie-restauration et depuis quelques années je sature de ce domaine : on donne tout en ne recevant rien, et surtout j’ai le sentiment de faire un job superficiel et inutile.
Actuellement, je suis assistante gouvernante dans un hôtel 4 étoiles où il fait « bon travailler » et où je gagne bien ma vie, mais dans six mois, je me lance dans le projet de rentrer dans la police en tant que Cadette de la République ou Adjoint de Sécurité.
Évidemment, il va s’ensuivre une petite période de galère, mais je préfère un travail qui me fait vibrer plutôt qu’un boulot qui ne me donne pas envie de me lever le matin. »
Une liberté précaire mais épanouissante
Des hésitations souvent lourdes à porter. On entend quelquefois parler de ces gens qui ont décidé de tout plaquer pour partir avec son sac à dos
ou monter une affaire à l’autre bout du monde.
Mais passer à l’acte comporte son lot de risques, qui incite beaucoup de gens à se cantonner à une vie qu’ils n’aiment que modérément.
Noémie s’est lancée, et il y a eu des passages difficiles :
« Dès mes 15 ans, mes parents m’ont laissée partir faire mes études à 230 bornes. J’ai couiné de quitter mon confort tout fait. Et pourtant, quelle leçon de vie !
Découvrir, apprendre à gérer son argent, faire la distinction entre ce qui est mal (l’alcool, la bouffe industrielle…) et le bien (l’alcool, la bouffe industrielle à petite dose bien entendu…).
Puis j’ai passé un an à Paris à me serrer la ceinture tout en me faisant plaisir, car au fond, je savais que je n’allais pas rester. Les petits boulots commençant à me pomper l’air, je voulais quelque chose de concret.
Je suis donc retournée chez mes parents pour chercher ce que je voulais réellement au niveau pro.
C’était agent de tri et revalorisation dans une ressourcerie ! J’ai beaucoup cherché et puis j’ai trouvé.
J’ai connu de sales périodes où manger m’était difficile, mais je ne le regrette pas du tout, j’en rigole même !
C’est un risque à prendre, et c’est même carrément flippant, mais aller de métier en métier tout en bougeant m’a apporté beaucoup plus que je ne le pensais. La liberté c’est tellement enrichissant de rencontres, de découvertes, d’apprentissage…
Mes proches ont halluciné de mon évolution : Épée confiance en soi +150, Bouclier émotionnel +100, Capital monnaie +0, Armure de vécu +200.
J’envie parfois ceux qui ont déjà un CDI avec leur maison et leur vie bien tracée, mais ô combien de fois je les entends regretter de ne pas avoir fait ci ou ça. D’autres en sont heureux et je leur souhaite de vivre ainsi toute leur vie. »
Refuser un confort relatif
Les madmoiZelles ont ainsi questionné la notion de confort. En fait elle n’est pas la même pour tout le monde : certain•es n’ont même pas besoin d’un lit pour dormir, d’autres tiennent à leur toit, leur job et leur foyer. Caroline souligne :
« Il y a tout juste un an, avec mon copain, on a décidé de tout plaquer pour partir faire un tour du monde pendant dix mois. […] Le tout est justement de savoir sortir de son confort et d’avoir les tripes d’aller au bout de ses rêves… Ce que beaucoup ne sont finalement pas prêt•es à faire au nom du confort.
Mais le temps passe si vite, et nos vies sont faites des choix que l’on s’autorise à faire. Les seules limites que l’on a, ce sont celles que l’on se donne. Et combien de limites se mettent la plupart des gens au nom du confort ? »
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Harmony a sauté le pas et elle ne regrette rien. Elle était graphiste, dans un secteur d’activité bouché et une agence aux pratiques et à l’ambiance difficiles.
« Un jour, j’ai décidé de partir. Par miracle, je venais de décrocher un PVT pour le Canada. Enfin ma vie allait changer. J’ai démissionné, plaqué mon mec et je suis retournée vivre chez mes parents. Ça a été le coup dur, j’avais le moral à zéro. Et si je me trompais ?
Un mois après mon arrivée au Canada, j’ai décroché le Graal. Avec beaucoup d’espoir, un soupçon de culot et un gros coup de chance, un Français expatrié depuis 15 ans m’a laissé ma chance dans sa start-up.
C’était génial, nous étions 5, j’étais toujours payée au lance-pierre mais je m’en moquais. Je suis libre maintenant et je sens que je peux partir dès que je peux. Désormais, l’inconnu ne me fait plus peur.
Tout plaquer a été le meilleur choix de toute ma vie : j’ai l’impression d’avoir enfin trouvé ma place.
Avec mon compagnon, un Français que j’ai rencontré deux mois après mon arrivée à Montréal, nous avons lancé notre projet « Barrons-nous ».
En 1 an, nous avons regroupé plus de 6 000 personnes à travers le monde sur l’ensemble de nos réseaux. Nous espérons à travers notre projet relatant notre expérience et nos explorations, donner ce petit quelque chose qui manque à certain•es pour passer le pas et réaliser leurs rêves.
J’ai envie de hurler au monde que c’est possible et qu’il ne suffit pas d’y croire… Il faut aussi passer à l’action et prendre des risques. Car parfois, ça marche. »
Elsa, quant à elle, veut « un boulot qui ne soit pas sa vie ». Quand on est à temps plein, on a finalement très peu de moments à soi : du coup, elle a décidé de travailler suffisamment pour subvenir à ses besoins, en ayant le temps de faire d’autres choses en parallèle.
« Je préfère une précarité financière qu’une situation sociale/professionnelle inacceptable selon moi. […]
Pour rien au monde j’accepterais un travail qui me fait bosser plus de 35 heures par semaine ! Je veux juste de quoi subvenir à mes besoins et puis passer le reste de mon temps libre en m’investissant dans le monde associatif. »
Chacun•e sa solution pour ne pas tomber dans la misère tout en étant heureux•se. Ces témoignages ne sont que des exemples de choix possibles, mais quand on s’en donne les moyens, on peut envisager plein de chemins. Et vous, quels choix avez-vous fait face ce dilemme cornélien ? Avez-vous réussi à concilier les deux ?
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
des moulins à vent, donc j'ai tenté d'être libraire qui rime avec précaire, je n'y suis pas du tout arrivé. Tout simplement parce que je suis pas
faite pour le commerce, de plus : j'ai eu un C.D.I en 19h semaine et ce n'est pas du tout un luxe que d'avoir des horaires méga bizarre (car Oui c'est bizarre de travailler le lundi, le mercredi, le jeudi, le samedi), aucun employeur va t'embaucher le mardi et le vendredi. Avec 650 euros par mois on ne fait pas grand chose en loisirs, crois-moi, on règle, le loyer, eles courses et les transports même si on est tout seul... Alors le luxe on repassera....