Se retrouver parent célibataire, c’est voir son niveau de vie baisser drastiquement, devoir chercher un logement, et se confronter aux difficultés de se loger avec un seul salaire, ce qui peut parfois s’avérer laborieux dans les grandes villes. Pour contrer cela, mais aussi la solitude induite par le fait d’élever ses enfants seul, Commune a décidé d’ouvrir des résidences pour familles monoparentales.
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Résidence pour familles monoparentales : une première mondiale
La toute première résidence pour familles monoparentales au monde a ouvert ses portes à Poissy en décembre dernier. Cinq familles y ont déjà emménagé, pour trouver des logements adaptés, des services communs et une entraide entre locataires.
Mais quelle a été l’impulsion derrière l’idée de la création de cette résidence ? « Ça a été une combinaison de deux facteurs » explique Tara Heuzé-Sarmini, cofondatrice de Commune.
« L’épidémie de Covid, avec le fait que chacun était très isolé chez soi avec les périodes de confinements. Et la constatation d’une crise généralisée du logement, qui frappe plus durement les parents solos que n’importe quel autre public.
Ils ont des difficultés immenses à se loger, car ils sont en concurrence avec des couples ou des familles traditionnelles. Les propriétaires choisissent des locataires qui ont deux revenus plutôt qu’un. Les parents solos sont donc contraints de vivre dans des logements trop petits, trop loin, et à subir, souvent, une dégradation des liens sociaux. »
Cela a été le cas de Coralie* (prénom modifié), qui a vécu une rupture il y a quelques mois avec le père de sa fille de 2 ans et demi. Cette séparation d’un commun accord, et dans de bonnes conditions, lui a permis d’occuper le logement de son ex-conjoint pendant ses périodes de déplacements professionnels. « Il est très peu là, et quand il est là, il garde notre fille pour qu’elle reste dans le même logement, et moi je squatte à droite à gauche chez des amis. »
Cette situation temporaire s’est installée, car Coralie n’a pas réussi à trouver un autre logement après la séparation. « Dans tous les appartements que j’ai visités, ce sont des gens en couple avec deux salaires qui ont été choisis, je passe forcément après. »
Des espaces pensés pour les parents célibataires
Coralie était, dans un premier temps, un peu méfiante en découvrant le concept de Commune. « J’en ai entendu parler sur les réseaux sociaux, j’avais un peu peur d’une arnaque, mais j’ai lu des articles de presse et ça m’a rassuré, donc j’ai envoyé ma candidature. Je pensais que c’était un genre de coloc, et je n’avais pas du tout envie de retourner 10 ans en arrière dans une résidence étudiante, mais en visitant, j’ai mieux compris le concept. Enfin, le fait que ce soit à Poissy m’a un peu freiné aussi, mais on peut rejoindre Paris en moins de 20 minutes en train. »
Pour rejoindre la résidence pour familles monoparentales, très peu de critères sont à cocher :
« On est très souples et accommodants » rassure la cofondatrice, « il faut être une famille monoparentale avec au moins la garde partielle, et avoir un ou deux enfants d’au moins 2 ans. On demande à ce que la personne gagne deux fois le tarif proposé, et non trois fois comme dans le marché privé traditionnel. Les tarifs à Poissy vont de 1 190 euros à 1 450 euros, et comprennent le loyer, les charges, mais aussi les services additionnels. On n’impose pas d’être en CDI hors période d’essai, on a beaucoup d’indépendants, des personnes en reconversion, ou ayant repris leurs études. »
Pour ce qui est des services « bonus », on retrouve notamment un forfait de ménage des espaces communs, une assistance juridique, du soutien scolaire, ou encore des abonnements à des plateformes telles que Netflix. Les parties communes de la résidence de Poissy comprennent notamment un grand jardin, une cour intérieure, une salle de jeu polyvalente, salle à manger, cuisine, buanderie, un espace de coworking, et même un espace détente réservé aux parents avec un bar. Enfin, des évènements sont organisés régulièrement à commencer par la galette des reines et des rois très prochainement.
Coralie n’a pas encore emménagé dans son « unité » meublée avec sa fille à Poissy, mais cela ne saurait tarder. « J’ai deux chambres, une petite cuisine, une salle de bain et des toilettes. Mais surtout, des espaces partagés auxquels je n’aurais pas accès si j’avais juste un appart normal ».
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Un espace de vie transitoire pour rebondir
Cependant, une fois installé dans une résidence Commune, le but n’est pas d’y rester pour toujours : « On a pensé la résidence comme un espace de vie transitoire, pour accueillir une famille pendant une durée d’un à trois ans, avec des baux d’un an renouvelables deux fois. Cela permet de rompre l’isolement, de décharger mentalement, mais aussi de faire des économies, car nos familles dépensent 20 à 30 % de moins par mois en vivant à la résidence.
C’est une période pendant laquelle les parents vont pouvoir stabiliser leur parcours professionnel, mettre de l’argent de côté, peut-être rencontrer quelqu’un, faire des projets d’acquisition. Puis les enfants grandissent et l’offre n’est pas pertinente pour des ados autonomes, par exemple. » expose Tara Heuzé-Sarmini.
C’est également la vision qu’a Coralie de cette nouvelle vie qui l’attend :
« C’est un coussin d’atterrissage quand on n’a pas vraiment de chez soi après la rupture, pouvoir se poser et réfléchir à la suite. Je le vois comme un sas de décompression, on se pose et on voit. Ce n’est pas pour toujours, mais ce n’est pas non plus seulement pour 2-3 mois, ma fille a besoin d’avoir un cadre un peu stable. »
Si Coralie ne vit pas encore dans la résidence, elle a commencé à amener des affaires dans son unité. « J’aime savoir que quand je rentrerai crevée chez moi le soir, je pourrai manger avec les autres, ou bien chez moi, échanger avec des gens qui vivent la même chose et comprennent. »
Un déploiement mondial à l’avenir
La résidence de Poissy est pensée pour accueillir 13 familles. Cinq y ont déjà posé leurs valises, trois autres, dont Coralie et sa fille, s’y installeront dans les prochains jours, et quelques places sont encore disponibles. Au niveau démographique, les familles de la résidence sont représentatives des familles monoparentales au niveau national, avec 85 % de mères célibataires, et 15 % de pères.
Mais Commune ne compte pas s’arrêter là. « Au printemps 2024 nous allons ouvrir une résidence à Roubaix pour 28 familles » annonce la cofondatrice de Commune. « Et nous avons prévu, par la suite, d’ouvrir des résidences dans le monde entier, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Le nombre de familles monoparentales ne fait qu’augmenter, notamment la monoparentalité choisie. Il est important de pouvoir faire famille dans tous les sens possibles et inimaginables de la famille, et de fournir des lieux pour que les parents et les enfants s’y épanouissent. »
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