Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, paraît-il.
Pour moi, l’adage serait plutôt : quand la souris n’est pas là, ma chatte danse la carmagnole. Very chic, isn’t it ?
Comprends par là : quand mon mec se barre en week-end, je m’aventure régulièrement (18 fois par jour) sur des sites de type pornographiques, souvent assimilés à l’eldorado de la jouissance, un sextoy de la taille du Missouri à la main.
La pornographie comme vecteur de jouissance
Pour répondre d’ores et déjà aux questions qui vont naître en commentaires sous cet article…
OUI, je suis consciente des dérives de la pornographie. Du possible mauvais traitement des acteurs et actrices, des salaires pas toujours à la hauteur, et des conditions peu optimales dans lesquels les gens du milieu travaillent parfois.
C’est pourquoi je préfère me diriger vers un porno éthique.
Seulement voilà, ces sites sont souvent payants, et en cas de disette, je me tourne vers un porno traditionnel gratuit, qui s’avère être bien plus limite.
Car ma libido l’emporte souvent sur mon éthique.
On s’habitue à tout, même au porno hard
Samedi après-midi, je suis donc confortablement installée sur mon clic-clac IKEA quand je décide qu’il est l’heure de me chatouiller la tranche.
Ni une ni deux, je déballe mon nouveau pic-à-glace signé Dorcel pour embrasser mon envie torride.
Munie de mon matos de guerre, j’ouvre enfin un site classique à la recherche de LA vidéo.
Habituée à la pornographie, les images ne me choquent plus depuis longtemps, même les plus crues, les plus violentes. On se fait à tout, j’imagine.
Je ne suis même plus sûre d’être encore émoustillée par la pornographie, tant j’en ai eu sous les yeux.
Huit personnes qui se tordent comme des bretzels afin de composer des positions quasi-impossibles à réaliser pour le commun des mortels, le tout en poussant des cris de baleines en détresse, ça m’ennuie presque aujourd’hui.
Finalement peu émoustillée par les propositions de tous ces jeunes acrobates, je décide de mater Sharp Objects, car sauter du coq à l’âne n’est pas une activité qui m’effraie.
Les commentaires violents sous les vidéos porno
Amy Adams envahit mon écran de télévision, tandis que je continue pour la forme à jouer de ma souris sur l’ordinateur. Je suis multitâches.
Et là, le choc.
Je ne sais pas comment ça dérape, ni même ce qui m’a motivée à cliquer sur « commentaires » sous les vidéos, mais je tombe dans un trou noir où l’espace et le temps n’ont plus aucun sens.
Je passe 4h à lire des milliers de phrases et j’en tire une grande conclusion : les « commentateurs » ont le sens de la tournure.
Après que plusieurs personnes ont par exemple débattu autour de la question :
« Cette actrice mérite-t-elle de se faire irrumer si brutalement ? »
L’un des participants répond :
Comprends par là : « Elle sait ce qu’elle est… un trou. SEXY ».
VOILÀ. Et ce n’est qu’un début.
La haine dans les commentaires sous les vidéos porno
Passée la misogynie primaire de la plupart des messages, quelque chose me heurte : la violence des incitations.
Entre une marée de :
« Défonce-la comme elle mérite cette grosse pute »
Et les :
« Moi je l’aurais fait chialer cette chienne »
Il est difficile de rester de marbre.
Malheureusement, un peu comme le vertige, je finis par être attirée par ce qui me fait peur.
Je veux dire : je sais que lire tout ça me fait du mal, mais je suis irrésistiblement fascinée par ces commentaires, je ne peux plus m’arrêter de les lire.
Plus j’en lis, moins je regarde Sharp Objects.
Heurtée par la violence des commentaires aux vidéos porno
Je suis happée par ce tourbillon de violence impulsé par ce je ne sais quoi d’incompréhensible. Qu’est ce qui fait bander les gens, à commenter de cette manière ?
Le fantasme de la domination ? La haine ? L’ennui ? La bêtise ? Ou juste l’envie de troller ?
Impossible pour moi de vous livrer une réponse.
Il me faudrait faire une enquête pour connaître les motivations des utilisateurs, établir des profils…
Et ce n’est pas le but de cet article. Non.
Cet article est une résolution, une amende honorable, une patte blanche.
Une vie sans pornographie (non-éthique)
Déjà consciente que la pornographie mainstream était vectrice de violences et d’abus sur les tournages, je découvre qu’elle est aussi le berceau de la violence verbale et écrite au sein même des plateformes qui la proposent.
Cette violence a donc sonné le glas de mon appétit pornographique.
Je ne peux plus supporter l’agressivité, peu importe la forme qu’elle revêt.
La violence sexiste et moi, c’est fini
Un jour, je vous raconterai ma première expérience dans le domaine de l’amour, qui s’est révélée abusive et désastreuse.
Aujourd’hui guérie de l’homme qui m’a tant pourri la vie pendant des années, je crois avoir développé une allergie.
Aux insultes, aux regards haineux, à la salive qui blanchit et s’accumule aux commissures des lèvres de celui qui est toujours en colère.
J’ai fait le ménage dans mes envies amoureuses et décidé de ne plus jamais me laisser maltraiter, humilier verbalement.
Mais toutes les étapes n’avaient manifestement pas été franchies, puisque j’acceptais la violence de la pornographie. Je l’ingérais sans vraiment savoir pourquoi, comme un vieux réflexe qui a la dent dure.
C’est décidé, j’arrête le porno mainstream
Mais la lecture de ces commentaires a tiré la sonnette d’alarme. Il fallait que j’arrête de consommer cette brutalité.
Depuis quelques jours, j’ai donc décroché. Je ne vais plus sur aucun site mainstream. J’ai décidé de tirer un trait sur cet univers, et compte bien m’y tenir.
Ma vie sera plus douce sans les « suce-lui mieux sa teub sale chienne » et autres « tu sers qu’à ça grosse pute ».
Tu vois, je me sens déjà plus légère !
Sans porno, une autre masturbation ?
Évidemment, la pornographie était pour moi un moyen simple de parvenir à la jouissance. Zéro effort à faire, juste appuyer sur play et ingérer les images jusqu’à atteindre un orgasme rapide et efficace.
L’objectif était rempli à chaque fois. Que demander de plus ?
Eh bien peut-être de me réconcilier avec mon imaginaire. De lui laisser la place et surtout le temps de s’exprimer.
Alors plutôt qu’une masturbation expéditive, je choisirai à l’avenir une jouissance de qualité, basée sur de vrais fantasmes, et une vraie réflexion.
Je recommencerai à être la réalisatrice de mes propres films. À en diriger les acteurs ou actrices, et surtout à les choisir.
Je mettrai plus de temps à démarrer, mais l’orgasme sera plus qualitatif, j’en suis persuadée. Un luxe dont la pornographie m’avait privée.
Bon, je dois y aller, j’ai une envie soudaine de retrouver mon clic-clac IKEA.
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Les Commentaires
Et la liste des choses évidentes que tous les Hommes n'ont pas encore compris est extrêmement longue.