Le chat est mon animal protecteur depuis ma plus tendre enfance. À la suite d’un déménagement, mes parents ont trouvé un chaton de gouttière que sa mère avait malencontreusement fait tomber dans les cartons stockés à la cave. Ils l’ont recueilli, nourri au biberon et cette petite boule de poils est devenue un superbe félin blanc tacheté de noir.
Mais là n’est pas la question. Enfin, pas totalement.
Du moment où j’ai quitté l’appartement familial, je n’ai plus eu d’animal domestique. L’ envie d’avoir un chat était bien présente dans mon esprit, mais les responsabilités que cela impliquait, le fait de ne plus être totalement libre de mes déplacements ont toujours relégué ce désir au statut de “on verra plus tard quand je serai prête”. Non, mais c’est vrai, si je veux partir 3 semaines au Népal sur un coup de tête, je fais comment ?
Suite à une rupture, je me suis retrouvée à vivre de nouveau seule. La première réaction d’une connaissance de l’époque a été : « ooohh mais tu vas pouvoir prendre un piti chat maintenant ! ». Ce à quoi j’ai répondu en substance : « hors de question ».
Spoiler alert : ce fût un fail.
Deux semaines plus tard, j’accueillais Cayde (et pas Caïd, quoique selon les circonstances ça se discute !), une boule de poils blanche tachetée de noir. Depuis, chaque étape que nous traversons me ramène à la même interrogation : en quoi le fait de m’occuper de mon gros chaton réveille-t-il potentiellement mon instinct maternel ?
1 – Décrypter les besoins d’un chat, un sacré challenge
Cayde parle beaucoup, vraiment beaucoup, et sa palette d’intonations a fini de me convaincre que chaque salve représente véritablement une discussion sur un sujet précis.
Lorsque je rentre à la maison après une journée de travail, son regard et sa voix me demandent avec vivacité où j’étais pendant tout ce temps, m’expliquent qu’il a envie de sortir et que donc ce serait bien que je lui ouvre la porte-fenêtre dans les meilleurs délais. Ce à quoi je rétorque, à haute voix “tu permets que je pose mes affaires ? J’ai même pas droit à un bisou”. La réponse ne se fait pas attendre, puisqu’il accourt vers moi pour me faire un câlin de tête. True story.
Ne va pas croire que toute communication est aussi simple et fluide. Généralement, lorsque Cayde entame une discussion, je lui réponds “ok, je pige pas du tout ce que tu veux mais pourquoi pas / je suis d’accord / on en reparle”. Ce qui a l’air de lui convenir dans la plupart des cas. Et c’est bien là l’essentiel.
Tant d’informations à décrypter dans ce regard
2 – Savoir faire preuve d’autorité avec un chat
Dès son arrivée, Cayde s’est évidemment approprié son territoire. Le concernant, le tour du propriétaire était fait en un temps record. Et vivre dans un T1 de taille respectable signifiait que TOUT était à sa portée : mon canapé-lit (devenu NOTRE canapé lit), le bar / plan de travail, les plaques de cuisson. TOUT.
Chaque matin, à peine avais-je esquissé un mouvement laissant percevoir un état de réveil, qu’une patte se posait sur ma joue. C’était l’heure du ptit dej, et on ne rigole pas avec ça. Et ne t’y trompe pas chère Rockie, je ne parle pas (forcément) du sien, mais du mien.
Car qui dit petit-déjeuner dit : la vie qui s’éveille dans la maison ! Et pour Cayde, c’est le moment où l’on peut lécher le pot de yaourt coco qui traine sur la table, se blottir (que dis-je : s’affaler) entre mes bras et mon bol de café, sortir les jouets et faire des dérapages dans tout l’appartement à la poursuite de petit poisson, son jouet préféré.
Un tourbillon matinal aussi doux qu’un poing dans ma figure peu réveillée, et qui m’a obligée à lui apprendre que choper la manche de mon sweat avec ses petites griffes en piaillant pour que je lui serve des croquettes ou que je vienne jouer n’allait pas pouvoir devenir une habitude.
Don’t ask !
3 – Savoir couper le cordon avec un chat
Lorsque j’ai adopté Cayde, je travaillais essentiellement en télétravail (d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai cédé en voyant sa bouille sur le site de la Ligue Protectrice des Animaux (LPA). Hormis un déplacement d’une journée par semaine, nous étions rarement très loin l’un de l’autre.
Jusqu’au jour où une terrible réalité se présenta à moi : les vacances d’été arrivaient à grands pas, et je n’avais pas l’intention de les passer à binge watcher Netflix à domicile (en tout cas, pas cette fois-là).
Au-delà de l’aspect organisationnel, j’ai été envahie par une avalanche d’interrogations émotionnelles : va-t-on bien s’en occuper ? Est-ce qu’il va s’ennuyer ? Est-ce que je vais lui manquer ? Va-t-il me faire la gueule à mon retour ?
Et comme ces petits êtres sont doués d’un instinct que je leur envie chaque jour, Cayde a bien senti à la vue de cette valise géante (transformée temporairement en planque), qu’il allait se passer quelque chose. J’imagine aussi que mon souci (très) palpable a dû accroître sa méfiance.
J’ai passé la porte sans cérémonie, en pensant juste très fort dans ma tête « aurevoirmonpetitchatjereviensbientotpromis » et suis partie quasiment sans me retourner pour 2 semaines et demi de vacances. Ma meilleure amie me donnant des nouvelles chaque jour, je n’ai pas eu le temps d’éprouver d’inquiétude.
Mais s’il y a bien une chose qui ne m’a pas fait regretter de rentrer, c’est l’idée de retrouver ma bouillotte préférée. A-t-il boudé et m’a-t-il snobé d’un air hautain à mon retour te demandes-tu peut-être ? La réponse est non, en tout cas pas cette fois-là !
Peu d’hostilité au retour !
4 – La santé de mon chat et le syndrome de la mauvaise mère
J’ai adopté Cayde à la LPA de Lille, son âge était estimé à 4-5 mois. La première étape qui allait suivre en matière de santé était la stérilisation.
L’opération s’est très bien passée, et j’ai récupéré le gros chaton avec des testicules en moins et quelques cicatrices. Cicatrices qu’il allait falloir surveiller. Ça ne parait peut-être rien comme ça, mais lorsque je me suis levée le dimanche suivant en voyant des taches de sang plein le carrelage, j’ai tout de suite moins fait la maline…
Que faire ? Appeler les urgences et risquer de faire déplacer un vétérinaire pour un prix prohibitif ou attendre le lundi matin en essayant de ne pas me ronger les sangs ?
Heureusement, mes interactions suivantes avec des vétérinaires ont été plus détendues, ou tout du moins étaient-elles planifiées (en partie grâce à ma vétérinaire qui m’a appelée car elle n’avait pas encore vu Cayde pour son rappel de vaccin. OUPSIE) .
J’ai alors eu une pensée pour ma mère au moment de préparer la visite : “Vous penserez bien à emmener son carnet de santé surtout”. Ah oui, c’est vrai, les chats aussi ont un carnet de santé.
Mais cela n’est rien comparé au sentiment de culpabilité que j’ai ressenti lors de ma première visite de contrôle. J’ai toujours fait attention à son alimentation, son bien-être, fait au mieux pour qu’il se sente à l’aise en appartement. Toutes mes bonnes intentions ont été démolies plus vite qu’un château de sable face à un enfant en bas âge, quand la vétérinaire m’a dit : « il est un peu lourd quand même ! Vous avez vu comme ses gencives sont rouges ? Etc etc etc »
De quoi me faire expérimenter le syndrome de la mauvaise mère en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Pourtant pas l’air SI malheureux
5 – Rencontrer les parents des autres chats
Cayde a longtemps été un chat d’appartement. Mais depuis quelques mois, j’ai l’immense chance d’avoir un petit accès sur le jardin de la résidence. Et comme il y a de nombreux autres adeptes des chats dans les bâtiments, il fallait se rendre à l’évidence : la rencontre allait être inévitable.
Comme la résidence est bien clôturée, j’ai tout de suite pu lâcher mon fauve dans cette jungle hostile. J’ai très vite découvert que la déformation de son nom en Caïd n’était finalement pas si erronée… Chaque matin, il part faire régner l’ordre à notre étage, et aucun autre chat n’a plus approché ma terrasse.
Le territoire est donc bien protégé, mais cela ne se fait pas sans accroc. Un dimanche matin ensoleillé, des cris fendant l’air, signe qu’une transformation de pokémons s’opérait, m’ont poussée à sortir jeter un oeil dans l’arène.
“Il est à vous le chat gris ?” La question vient de l’une de mes voisines du dessous. Ce à quoi je réponds que non, demande si le mien ne dérange pas “oh non il est gentil, il est beau comme tout. La mienne ne veut plus monter depuis qu’il est là mais ce n’est pas plus mal”.
Je m’apprête à quitter la terrasse pour retourner vaquer à mes occupations, mais c’était sans compter sur le reste des voisins, qui m’ont tous demandé l’un après l’autre : « il est à vous le chat gris ? ». Avoir un chat, une bien meilleure occasion de nouer des contacts que la fête des voisins.
Et toi, ça se passe comment la cohabitation avec ton chat ? Tu as aussi l’impression parfois d’être son parent référent ? Viens en parler dans les commentaires !
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