À l’occasion de la journée internationale sans régime le dimanche 6 mais, on s’est dit que cet article pourrait t’intéresser.
Raconte-nous dans les commentaires quel est ton rapports avec les régimes ? Qu’en penses-tu ? En as-tu déjà fait un ?
— Initialement publié le 4 janvier 2017
Mon record ? Trois jours. C’est la durée pendant laquelle je suis capable de tenir un régime non-stop.
J’avais tout essayé : manger moins gras, manger moins salé, manger moins, manger mieux, manger plus équilibré, manger plus de fruits et légumes, manger plus de plats cuisinés par moi-même…
À lire aussi : 7 bonnes habitudes que j’ai envie de prendre dès maintenant
Pour moi, un régime était une contrainte.
Je ne tenais même pas une semaine entière, peu importe la contrainte que je me choisissais. Et c’était peut-être ça le premier de mes problèmes : j’ai toujours perçu les régimes, le fait de changer mes habitudes alimentaires, comme une contrainte.
Je sais que « devenir végétalienne » n’est pas la même chose que de faire un régime « pour mincir ou maigrir ». Mais justement, et si c’était le but du régime qui le rendait impossible (ou épuisant) à tenir ?
L’alimentation, c’est primordial. C’est à la fois un besoin vital et un choix qu’on renouvelle trois fois par jour. C’est pourquoi il est essentiel que mes repas conviennent à la fois à mon corps et à mon esprit.
Frustrer l’un pour satisfaire l’autre, quelles qu’en soient les raisons, revient à provoquer un déséquilibre difficilement supportable. Tôt ou tard, le corps ou l’esprit lâchera.
Alors comment réussir à changer son alimentation sans se frustrer ? Voici comment je suis passée de YOLO du frigo à végétalienne depuis près de 5 ans.
Je vais filer cet exemple tout au long de l’article parce que c’est le mien, mais si je le détaille ici c’est bien parce que j’ai la conviction que cette structure est valable quel que soit le type de régime que tu essaies d’adopter.
Pour réussir à tenir un régime, « vouloir maigrir » ne suffit pas
Et justement, la première question à se poser, c’est pourquoi faire un régime ? Pourquoi vouloir changer de régime alimentaire ? La réponse à cette interrogation est primordiale, parce qu’elle sera la clé de l’équilibre entre la tête et le corps.
— Dis Maurice (mon cerveau s’appelle Maurice), pourquoi tu nous files du jus de kale là, c’est quoi le projet ?
— Relax, Henri (ne juge pas le prénom de mon corps, ça le complexe), c’est pour être Beach Body Ready, tu te souviens ?
— HAHAHAHA. Beach Body QUOI ? Non merci, je vais plutôt gargouiller et t’enfumer la gueule jusqu’à ce que tu me donnes de la nourriture solide, merci, bisou.
Quand Henri n’est pas convaincu par Maurice
Environ 12 minutes et 57 secondes plus tard, Maurice, trollé par Henri, se retrouve incapable de faire autre chose que de penser « FAIM » en boucle, et m’intime alors d’avaler une tablette de chocolat / un paquet de chips / bref tout aliment gras ou sucré passant à portée de bras.
Échec de la mission « manger mieux », mais je me suis auto-trollée en donnant à Henri une raison absolument futile comparée à la sienne : je lui oppose un complexe sur mon apparence à un besoin vital… Il va donc falloir trouver mieux.
Pourquoi faire un régime ?
Je ne perds pas mes complexes en perdant des kilos.
Pourquoi est-ce que je veux faire un régime ? J’ai appris au fil des ans que les complexes ne se soignent pas par l’alimentation. Je connais beaucoup trop de filles minces et super sexy complexées par leur physique, pour penser encore que ce sont mes kilos qui me complexent.
À lire aussi : Le culte de la minceur VS mes complexes, une histoire de paradoxes
De fait, si tu cherches à mincir pour te sentir mieux dans ta peau, m’est avis que les étapes sont dans le désordre : commence par faire la paix avec ton corps, à l’accepter et l’aimer comme il est.
Cherche ensuite, dans cette lancée, à MIEUX l’alimenter, mieux en prendre soin, à tous les niveaux : sortir de chez toi plus souvent, dormir mieux, bien s’hydrater (éviter les boissons sucrées, alcoolisées, etc.), manger mieux.
En gros, avant de rationner Henri, assure-toi que c’est pas Maurice qui fait un caprice. Car si le problème est dans ta tête, la solution n’est pas dans ton coup de fourchette (dicton inventé par moi-même).
À lire aussi : J’ai testé pour vous… faire partie de la #FitFamily
Si c’est pour des raisons de santé que tu as besoin de perdre du poids, de muscler ton corps, de brûler des graisses, effectivement, ce n’est pas en répétant « Nique tes complexes ! » tous les matins devant ton miroir que ça va s’arranger.
Mais ce n’est pas non plus en adoptant un énième régime de star déformé par Internet que tu trouveras l’aide et l’accompagnement dont tu as besoin !
Les stars, justement, elles ne googlent pas « comment mincir vite », elles sont encadrées par des coachs et des nutritionnistes. Bouleverser son alimentation, même pour l’améliorer, peut avoir des conséquences sur la santé.
Si en plus le but que tu poursuis est d’être en meilleure santé, raison de plus pour solliciter une surveillance médicale.
Dans mon cas, je souhaitais manger mieux pour des raisons de santé, éthiques et écologiques. Le suivi médical m’a servi à construire mon nouvel équilibre alimentaire, et vérifier que mon nouveau régime n’avait pas d’impact négatif sur ma santé (notamment des carences).
Ça, c’est pour comment se lancer, mais ça ne dit toujours pas comment tenir son régime…
À lire aussi : Le non-régime de l’été : et si vous écoutiez vos sensations alimentaires ?
Pour tenir un régime, il faut changer son rapport à l’alimentation
J’ai connu deux phases de transition vers le végétalisme : ma prise de conscience, en 2004, et ma « conversion », en 2012.
Entre les deux, je mangeais de tout, alors que j’étais déjà complètement convaincue par la nécessité de changer radicalement mon mode de consommation.
Problème ? Le même que beaucoup de monde j’imagine : impossible pour moi de me passer de [insérez ici une liste d’aliments variable d’une personne à l’autre].
Il y avait les chocolats chauds de mon enfance, qui sentent l’hiver et la cuisine de ma grand-mère. L’odeur du beurre des croissants me rappelle les petits déjeuners de mon enfance, et me donneraient faim à toute heure.
Il y avait aussi la peau du poulet qui croustille, et le fondant de la tarte aux myrtilles, celles qu’on cueillait nous-mêmes dans les Vosges…
Et voilà le souci : c’est pas tant que je ne pouvais pas me passer de chocolat chaud et de poulet, c’est que je ne pouvais pas renoncer aux souvenirs qu’ils évoquent, aux sensations qu’ils provoquent, aux émotions qu’ils me rappellent.
Mais c’est faire porter beaucoup de responsabilité à une peau de poulet, que celle d’incarner la nostalgie des dimanches en famille.
À lire aussi : La nourriture vue par… la psychologie
En devenant végétalienne, j’ai archivé toutes mes madeleines de Proust sur d’autres supports. Ce n’est plus le goût du boudin noir qui me rapproche de mon père, mais le fait de live-tweeter un match de Novak Djokovic. C’est d’ailleurs quelque chose que je partage beaucoup plus avec lui, puisqu’on le regarde en simultané.
Pour tenir un régime, il faut nourrir son corps et écouter son cœur
Alors, et pour toi ? Est-ce que les aliments dont tu abuses ou dont tu ne penses pas pouvoir te passer, tu les manges parce que tu les aimes, ou pour toutes les sensations qu’ils te procurent, et qui n’ont que très peu à voir avec la faim ?
En gros, tu nourris Maurice ou Henri ?
La question est primordiale, car le corps et l’esprit n’ont pas le même seuil de satiété… Ton corps te dira qu’il a assez mangé, mais ton esprit ne sera pas rassasié si tu es triste, ou stressé•e, ou fatigué•e, et que tu manges certains aliments pour compenser ça.
À lire aussi : J’ai testé pour vous : avoir des troubles du comportement alimentaire
Les moments de repas aussi, ont leur importance. On m’a enfoncé dans le crâne qu’il ne faut surtout pas grignoter, mais parlez pour vous ! Moi, ça me fait plus de bien d’ajuster mon appétit par des en-cas bien choisis plutôt que de mal manger à table.
Quand j’étais petite, je mangeais beaucoup à chaque repas, par peur d’avoir trop faim avant le suivant, tant la sensation de faim m’était insupportable.
Quand j’ai compris que j’avais le droit de me faire une tartine de miel, un fruit ou une poignée d’amandes pour caler un creux en plein milieu de l’après-midi, j’ai arrêté de me gaver à midi.
Pareil pour le soir : quand j’ai compris que j’avais le droit de manger uniquement quand j’ai faim, et pas parce que « il est sept heures, avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure », j’ai vraiment modulé mes repas.
En bref, j’ai viré mes automatismes et j’ai appris à m’écouter. Parfois je fais un resto avec mes amis mais je ne mange pas parce que je n’ai pas d’appétit, ou juste une entrée parce que je n’ai qu’une petite faim.
Pour réussir à tenir mon régime végétalien depuis tout ce temps, j’ai tout simplement cassé les influences émotionnelles et sociales qui pèsent sur la nourriture, pour qu’elle ne soit plus que ça : de la nourriture.
Ce n’est qu’à ce moment que j’ai vraiment pu choisir ce que je mange, et en quelles quantités.
À lire aussi : L’alimentation anti-acné, en quoi ça consiste ?
Pour tenir un régime, il faut changer son alimentation de façon permanente
Ce que j’ai retenu de ma propre expérience, c’est qu’il m’est impossible de suivre un régime comme on retient sa respiration, c’est-à-dire bloquer ses envies et ses réflexes jusqu’à ce qu’on craque…
Je tiens 30 secondes sans respirer, et 3 jours sans une tablette de chocolat, c’est assez cohérent !
Impossible de tenir un régime comme on retient sa respiration, en bloquant ses envies.
Je n’ai pas envisagé le végétalisme comme une série de privations auxquelles il fallait que je m’astreigne. Je ne me suis pas mise à manger plus sainement pour rentrer dans du 36 cet été, mais pour améliorer ma santé sur le long terme.
J’ai donc changé complètement de régime alimentaire, et le résultat est finalement beaucoup plus contraignant et rigoureux que tous les régimes éphémères que j’aurais essayés avant ça !
J’ai d’abord trouvé un objectif, un but auquel je tienne suffisamment pour pouvoir opérer un tel changement, et surtout, j’ai mis en œuvre des moyens cohérents avec mes objectifs. M’affamer avant l’été ne m’aura jamais vaccinée contre les complexes, tandis qu’apprendre à aimer mon corps, oui.
Retrouver son équilibre dans sa nouvelle façon de manger, ça prend du temps, et pour certaines personnes, il est plus facile d’y aller progressivement. D’autres préfèreront vider leurs placards et s’y mettre complètement du jour au lendemain.
C’est par exemple le cas des gens qui vont devenir végétariens du jour au lendemain, quand d’autres adopteront un régime flexitarien de transition (ce fut mon cas).
Les deux solutions sont combinables : tu peux changer progressivement la façon dont tu fais tes courses (en modifiant ton parcours dans le magasin, tes listes), la façon dont tu cuisines (en remplaçant par exemple tes matières grasses de cuisson par des « meilleurs gras » végétaux), ou tu peux décider que demain, tu mangeras mieux, différemment, en rééquilibrant complètement ton alimentation du tout au tout.
Si tu sais pourquoi tu le fais, cette motivation devrait être plus forte et plus séduisante que l’odeur du beurre des croissants !
À lire aussi : Est-ce que maigrir, c’est trahir mes convictions et mon féminisme ?
Les Commentaires