La nature est assez étrange, surtout quand elle façonne les bébés. Pleurs de décharges nocturnes ? C’est normal. Coliques qui durent trois mois d’affilées et ajoutent des hurlements diurnes aux cris du soir ? C’est normal. Régression du sommeil ? Encore une fois, c’est normal. Angoisse de la séparation ? Idem. C’est assez contradictoire : nous sommes censés assurer coûte que coûte la survie de nos rejetons, tandis que mère nature fait tout pour que l’on rêve de les jeter par la fenêtre.
Je pensais avoir surmonté toutes les épreuves citées plus haut avec bienveillance et brio, mais depuis quelques semaines, mon fils de deux ans traverse une nouvelle phase qui pourrait finalement avoir raison de mes nerfs. J’ai nommé le Terrible two, ou comme je l’ai rebaptisé : la Phase de délire mégalomane et tyrannique infantile.
La phase d’opposition, aussi appelée « terrible two »
J’ai perdu mon bébé. Son enveloppe corporelle est toujours là, mais elle est désormais squattée par un esprit frappeur très en colère qui exige de moi que je me plie à ses moindres désirs. Je profite du fait que mon « fils » soit pour une fois occupé à torturer son géniteur pour me planquer dans les toilettes et invoquer les internets à la recherche de solutions pour canaliser le petit garçon.
Selon les experts : « L’enfant de deux ans découvre son individualité et avec elle, la possibilité de prendre des décisions, même si cette nouvelle compétence entre en conflit avec son immaturité cérébrale « ,. Ah d’accord, mais du coup, ça se gère comment ?
Alors que je m’apprête à cliquer sur un lien prometteur intitulé : « Comment gérer la phase d’opposition de mon enfant de deux ans ? », des coups rageurs pleuvent soudain de l’autre côté de la cloison.
«– MAMANNNN NON NON ! PAS TOILETTES ! NON NON NON ! ». L’héritier n’a pas aimé que je lui fausse compagnie quelques minutes.
À travers le mur qui nous sépare, je lui explique que je suis bien obligée d’aller aux toilettes de temps en temps puisque, moi, je ne porte pas de couches. Ce dernier mot provoque l’ire du petit garçon, car il fait partie de la liste noire des termes à ne prononcer sous aucun prétexte, au même titre que dodo ou bain.
« – NAAAAN NAAAN NAAAN PAS COUCHE ! PAS COUCHE ! NANNN NAAAN ! ».
Tant pis, je ne saurai jamais comment gérer la phase d’opposition de l’enfant puisque je dois sortir d’urgence avant qu’il ne défonce le verrou.
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Je n’aurais jamais cru qu’une banane puisse déchaîner autant de passions
Si mon petit garçon a un caractère bien trempé, c’est aussi un enfant curieux et vif, toujours prêt à faire de nouvelles expériences, notamment culinaires. D’ailleurs, il est présentement en train de fouiller dans la poubelle à la recherche d’un en-cas convenable. Il opte pour des épluchures de carottes qu’il lèche avec enthousiasme. Je ne veux pas brider sa créativité alimentaire, mais avec l’inflation, je dépense l’équivalent d’un salaire en fruits frais chaque semaine, ce n’est pas pour les regarder pourrir.
J’attrape une banane et je me rapproche de mon fils, l’air de rien. Il n’est pas dupe et il serre de toutes ses forces son butin dans ses petits poings. Il sait pertinemment que je suis le genre de mère qui préfère imposer un vrai goûter à ses enfants plutôt que de les laisser farfouiller les poubelles. Avant que je ne puisse tenter quoi que ce soit, il s’enfuit en courant, persuadé ses 20 centimètres de jambes dodues vont lui permettre d’échapper aux adultes.
« – NON NON A MOI ! »
Je tente de le rassurer : je n’ai pas du tout l’intention de lui piquer ses épluchures de carottes. Je lui propose seulement d’accompagner son savoureux repas d’une banane fraîche. L’enfant fixe le fruit que je tiens dans la main, l’air tellement furieux qu’on croirait que je veux le forcer à faire la sieste.
« – NON NON NON ! »
Au cas où je ne comprendrais pas la signification de ce mot, il piétine avec hargne. Son équilibre n’est pas optimal et il s’écroule au sol, ce qui l’arrange beaucoup puisqu’il peut se rouler par terre pour exprimer comme il se doit son mécontentement.
« – NON NON NON ! »
Mon mari, alerté par le bruit, débarque dans la cuisine et avise l’enfant hurlant qui bat des nageoires au milieu des épluchures de légumes :
– Il voulait mettre la télécommande au lave-vaisselle et tu l’as pas laissé faire ?
– Pire, je lui ai proposé une banane.
– Oh merde. Tu cherches les problèmes aussi…
L’impuissance parentale VS les enfants fous
À nos pieds, l’enfant est toujours en train de brailler des « – NON ! NON ! NON ! ».
Finalement, il se relève et réalise que j’ai toujours le fruit hônit dans la main. « – NOOOOON ! » rugit-il avait de taper dessus de toutes ses forces : « – PAS BANANE ! PAS BANANE ! ».
Puisque c’est comme ça, je décide de la manger moi-même cette fichue banane.
« –NON MAMAN NOOOON ! PAS À TOI BANANE ! NOOOON ! À MOI BANANE ! »
Ma fille débarque en râlant, avec tout ce bruit, elle n’entend pas les dessins animés. Son petit frère lui explique rapidement la situation : « – BANANE À MOI, NON PAS BANANE ! ». Ma fille hoche la tête d’un air entendu, m’arrache l’aliment maudit des mains et le coupe en deux. Elle s’enfourne une moitié dans le bec avant de jeter l’autre à son frère, comme on nourrirait un petit singe au zoo. Le frangin rigole et gratifie l’ainée d’un MARCI ! Avant de la suivre dans le salon.
Égoïstement, je regrette que les centres d’intérêts de cet enfant se limitent à manger, taper sa sœur avec et courir derrière le chat en chantant « – MIAOU MIAOU ». Avec sa véhémence inébranlable, on aurait pu l’utiliser pour décourager le gouvernement de passer la réforme des retraites. Face à son comportement dingo et sauvage de mec qui n’a jamais rien à perdre, Macron et Borne terrifiés auraient renoncé, c’est certain.
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Les Commentaires
Ma fille a fait ses nuits à 2 ans, mais après, on a eu zéro soucis et elle est assez facile en terme de caractère (bon sauf depuis l'arrivée du petit frère mais ça passera).
J'ai plein de copines dont les enfants ont dormi bien très jeunes, mais maintenant ils sont infernaux et leur en font voir de toutes les couleurs.
Donc à la loterie des enfants, on ne choisit pas, on a tous nos difficultés, et on gère comme on peut. Pas de culpabilisation, pas de vantardise non plus, parce qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait.
Mais il paraît qu'un jour, ils dorment et ils ne piquent plus de colère pour un oui ou pour un non. Il paraît...