En partenariat avec Alba Films (notre Manifeste)
Imaginez : vous vous réveillez enfermée dans un long tube, avec un chronomètre attaché au poignet. Une obscure voix vous indique que vous avez 11 minutes pour sortir de cet enfer… Mais pour cela vous allez devoir franchir différentes étapes toutes plus atroces et physiques les unes que les autres. Si vous n’y parvenez pas dans le temps imparti, vous repartez à chaque fois à la case départ.
C’est ce que vie Lisa, incarnée par l’actrice Gaïa Weiss dans Méandre. La comédienne porte le film sur ses épaules du début à la fin, on ne voit quasiment qu’elle… et elle crève l’écran ! Le personnage passe la majorité du film à plat ventre à se traîner à la force des bras, et de nombreux plans sont extrêmement serrés sur son visage : une performance à mille lieues de ce qu’elle avait déjà expérimenté. Elle raconte à Madmoizelle comment elle s’est préparée à ce tournage inédit.
Comment se préparer mentalement à jouer dans un film d’horreur ?
Gaïa Wess explique sa découverte du rôle :
« J’appréhendais beaucoup quand on m’a proposé le rôle, car je ne suis pas amatrice d’horreur. Évidemment, j’ai vu certains classiques comme Shining ou les films de Dario Argento des années 1970… Mais ces films ont un côté cinéma d’auteur, donc c’est quand même différent. Et puis surtout j’avais peur d’avoir peur. J’avais aussi une certaine appréhension de travailler avec des personnes qui créent des films d’horreur. Je m’imaginais des gens un peu pervers, et j’avais littéralement peur qu’on me fasse du mal ! [Rires]
Le second point sur lequel j’appréhendais, mise à part le côté très ambitieux du film, c’était que je voulais être entourée d’une équipe bienveillante. C’est lorsque j’ai rencontré Mathieu [Turi, le réalisateur, ndlr] par Zoom que j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. Nous étions sur la même longueur d’ondes, il était passionné, et il avait extrêmement bien préparé son film »
Pour Gaïa Weiss, bien s’entendre avec le réalisateur du film dans lequel elle joue est primordial. Surtout dans Méandre, où elle est seule — Mathieu Turi n’était pas seulement présent, il était carrément son seul partenaire dans ce tube ! En effet, ce long-métrage n’a pas été tourné sur fond vert : un tunnel a entièrement été créé pour l’occasion. Selon Gaïa Weiss, ce « vrai » décor était une aubaine pour son jeu d’actrice.
« Tout était réel, c’était une vraie chance. Il y avait une certaine spontanéité qui découlait de la contrainte physique et matérielle.
On n’oublie jamais totalement la caméra, c’est un partenaire de jeu. Au fur et à mesure des films et des projets, je demande toujours où se trouve la caméra, si c’est un plan large ou serré… Dans Méandre, j’étais quasiment tout le temps en plan serré. J’ai trouvé ça génial ! C’était l’occasion d’être authentique, car je savais que la caméra allait capter le moindre mouvement de visage… Je ne me suis pas sentie jouer, en fait. J’étais dans le tube à 200%. »
Comment survivre à un rôle physique ?
Gaïa Weiss ne pratique pas le sport à outrance mais se maintient en forme entre chacun de ses rôles. Elle n’a reçu la confirmation de sa présence au casting que deux semaines avant le début du tournage, et à notre grand étonnement, cette nouvelle ne l’a pas prise de court. Mathieu Turi lui a même proposé de décaler la date, pour qu’elle ait le temps de se préparer… et l’actrice a tout bonnement refusé !
« Je me suis dit que j’allais utiliser cette non-préparation. Parce que Lisa n’est pas une super-héroïne, ni une guerrière. C’est une fille qu’on a mis dans un tube, où il y a des pièges et elle doit s’en sortir ! C’était difficile pour moi de me mouvoir dans ce tube au départ, et ça se voit…
Quand je me suis découverte au cinéma, je me suis dit : “Je suis hyper essoufflée, je m’arrête souvent”. Puis finalement, j’ai utilisé la méthode Actors Studio, en me servant de cette faiblesse pour progresser, donc je subissais plus que je ne jouais ! [Rires] »
L’actrice avoue avoir trouvé le tournage intense. Il a duré moins de deux mois, mais Gaïa Weiss a pu voir son corps se dessiner au fur et mesure. Évidemment, passer ses journées en position gainage lui a fait prendre des abdos et surtout des épaules. Elle conseille d’ailleurs en riant à tout le monde de faire des longueurs de tunnel ! Mais ce tournage a aussi permis d’améliorer son cardio : au bout de trois semaines, elle me raconte qu’elle arrivait à se déplacer de façon beaucoup plus libre dans le tube. Cette progression se vérifie aisément à l’écran, puisque Méandre a quasiment été tourné dans l’ordre chronologique.
Comment se mettre dans la peau d’une héroïne de film d’horreur ?
« Il y avait très peu d’éléments dans le script qui me donnaient des indications sur le personnage de Lisa, donc nous avons travaillé ça en amont. »
Gaïa Weiss avoue qu’elle adore cette facette de son travail : comprendre pourquoi telle situation émeut son personnage, la met en colère… Il a fallu inventer un passé à Lisa, en lien avec ce qu’elle subit dans le film. Dans un certain sens, c’est comme si elle faisait la connaissance de la personne qu’elle allait interpréter.
« Je me suis demandé quels étaient les points communs entre Lisa et moi. Pour la jouer, je me suis servie d’une période de ma vie où j’étais un peu paumée. J’ai eu une année comme ça, durant laquelle j’ai tout posé et où je me suis remise en question. C’est un moment où le passé nous paraît hyper lointain et où le futur est encore flou. Ça nous arrive tous, pendant une période plus ou moins longue selon les gens, et ça nous force à nous ancrer dans le présent : nous sommes face à nous-même.
Pour moi, Lisa était dans cette période-là. Ce qu’elle vit dans le film illustre très bien cet état. Elle se dit : le passé c’est autre chose, le futur je ne sais pas parce qu’il faut que je m’en sorte, donc je suis obligée d’être dans le présent. »
Son conseil pour se préparer à jouer dans un film d’horreur est aussi simple que positif :
« Prenez-le comme une chance. Dans les films d’horreur, il y a toute une palette d’émotions fortes à faire passer. Donc il faut kiffer et se mettre à 100% dans cette expérience qui peut être cathartique. »
L’actrice conclut en m’expliquant qu’il y aura un avant et un après Méandre dans sa carrière. Ce tunnel a été un peu comme un parcours initiatique pour son personnage, mais aussi pour elle. C’est ce qu’elle aime dans son métier d’actrice : pouvoir grandir en tant que personne grâce à ses rôles. Gaïa Weiss m’explique d’ailleurs qu’elle ne stresse plus avant chacune de ses auditions. Car pour elle, l’obtention d’un rôle dépend de sa rencontre avec le réalisateur et ses équipes ainsi que comment elle se sent à ce moment particulier de sa vie !
Rendez-vous au cinéma dès aujourd’hui, le 26 mai pour frissonner devant le film Méandre, pour savoir si le personnage de Lisa arrive à sortir indemne de ce tube… Et bien sûr, pour contempler la performance de Gaïa Weiss, saluée par une dizaine de festivals à travers le monde.
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