Dans le meilleur des scénarios, on arrête sa thérapie quand on constate de nettes améliorations et/ou que notre psy nous laisse voler de nos propres ailes. Mais que faire quand le courant ne passe pas et que vous envisagez de changer de thérapeute ?
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Comment savoir si c’est le processus normal de la thérapie — pas toujours follement agréable — qui nous fait traîner du pied à chaque rendez-vous, ou bien si c’est votre psy, ou la méthode qu’il/elle utilise, qui ne vous convient pas ?
Pour Émilie Garnier, psychologue clinicienne et psychothérapeute, ce sont des questions essentielles « que chaque patient doit s’autoriser à se poser et que chaque psychologue doit laisser ouvertes pour favoriser la libre appréciation du patient. »
Vous n’avez pas le « feeling »
Comme pour une relation amicale ou amoureuse, tout se passe plutôt bien avec votre psy, mais vous sentez que quelque chose cloche. Il manque un truc, vous ne vous sentez pas 100% à l’aise de déballer votre vie sur son sofa.
S’il est normal de ressentir une gêne au début des séances quant au fait de vider son sac et d’épiloguer sur les recoins les plus noirs de votre âme par crainte de vous faire juger ou d’en faire « trop », dans le cas où cette gêne persiste, ce n’est pas forcément bon signe…
Le but même d’une thérapie est de se sentir écoutée, comprise et suffisamment en confiance pour communiquer et entamer le chemin de la guérison. Difficile de le faire si votre « gut feeling » vous hurle de vous taire ou de vous barrer en courant.
Karen Demange, psychologue spécialisée dans les troubles alimentaires explique l’importance de ce « feeling » :
« Sans le feeling, le thérapeute peut être compétent, mais il ne se passera rien. Le patient ne sera pas forcément très ouvert et/ou réceptif, n’aura pas forcément plaisir à venir en séance, n’aura pas le sentiment d’être entendu et soutenu. »
D’après Émilie Garnier, le psychologue doit être le miroir de son ou de sa patiente et de ce qui se joue à l’extérieur de lui/elle. « C’est ainsi qu’un suivi psychologique peut avancer positivement pour un patient », déclare-t-elle. Si vous ne le sentez pas, passez donc votre chemin.
Les questions à se poser
Vous n’arrivez toujours pas à déterminer si votre psy est le bon ou la bonne ? Pour Émilie Garnier, un ou une patiente doit se sentir écoutée et comprise dans ses vécus pour qu’une thérapie fonctionne bien. Elle continue :
« Le ou la patiente doit aussi pouvoir accepter les retours et hypothèses du psychologue, parvenir à s’en saisir pour élaborer ce qu’il/elle vit, sans méfiance. La libre association est également indispensable : le/la patiente doit pouvoir partager tout ce qu’il/elle pense et ressent, y compris de négatif, à son psychologue, et vice-versa (c’est toute la force du travail autour du transfert/ contre-transfert). »
Si ce n’est pas le cas pour vous : mauvaise nouvelle, il va peut-être falloir songer à larguer votre psy ! Comment vraiment le savoir ? Il existe plusieurs signes :
- Vous ne vous sentez pas à l’aise avec votre psy
- Vous vous sentez lassée des séances et traînez du pied pour vous y rendre
- Vous avez l’impression que votre psy ne fait qu’écouter sans rien vous proposer
- Vous avez le sentiment que votre psy ne vous comprend pas
- Vous avez l’impression de stagner et de ne faire aucun progrès
Selon Karen Demange, vous pouvez aussi vous poser ces questions : « Est-ce que je me sens écoutée ? Est-ce que j’ai confiance ? Ai-je plaisir à venir en séance ? Les séances me font-elles me poser de nouvelles questions ? Mon humeur, mes comportements ont-ils changé positivement depuis que je le/la vois ? Ai-je compris des choses ? Ai-je plus confiance en moi et en l’avenir ? »
Si vous avez répondu non à une ou plusieurs de ces questions. Interrogez-vous sur l’avenir de votre « relation » avec votre psy…
Que faire si mon psy ne me convient pas ?
« Changer de psy ! », s’exclame Karen Demange.
En théorie, ça semble plutôt évident. Mais en pratique, vous avez sûrement peur de vexer votre psy, vous vous êtes peut-être attachée à lui/elle ou vous ne savez pas quelle excuse donner.
Une chose est sûre, selon l’attache établie avec votre thérapeute, cette « rupture » peut être presque aussi triste que celle qu’on vit dans un couple. Et tout comme en relation amoureuse, hors de question de le/la ghoster !
Si vous vous sentez capable d’expliquer à votre psy les raisons de votre choix, faites-le ! Quel que soit le motif qui vous pousse à ne plus voir votre psy, il vaut mieux en discuter avec lui/elle et attendre d’avoir trouvé un autre thérapeute avant de le faire, histoire de ne pas se retrouver les bras ballants.
« J’ai trouvé un/une autre psy plus proche de chez moi », « on m’a recommandé un/une psy/thérapie qui semble davantage correspondre à mes problèmes », « je n’arrive pas à me sentir à l’aise lors de nos séances »…
D’ailleurs, vous n’êtes pas obligée d’opter pour une rupture nette et radicale, vous pouvez aussi lui demander de faire une pause, ou d’espacer les séances, le temps de vous décider.
Et si pour vous, il est plus facile de le faire par email ou par téléphone, ne vous privez pas. L’important est d’en parler, car le sentiment de lassitude ou l’impression de ne pas faire de progrès peuvent aussi être liés à votre mal-être ou découler d’un symptôme du trouble pour lequel vous consultez… Et ça, seul un/une professionnel pourra le déterminer !
Ne vous sentez pas coupable et ne vous découragez pas
Il est tout à fait normal et commun de changer de thérapeute de temps en temps. Il n’y a rien d’inhabituel à varier les thérapies au cours de sa vie, certains psychologues le recommandent même. Il n’y a aucune honte ou gêne à avoir !
Émilie Garnier explique :
« Il est important que le patient ne se sente pas coupable, gêné ou honteux de ne pas parvenir à être à l’aise avec le psychologue.
On parle d’une “alliance thérapeutique” qui doit se construire entre le psychologue et son patient, afin que ce dernier se sente accueilli dans un climat neutre et bienveillant, un espace de confiance où il puisse livrer librement ses ressentis douloureux, sans réserve ni crainte de jugement. »
Si vous n’en êtes pas à votre premier changement ou que vous avez peur de ne pas trouver chaussure à votre pied, cela peut être décourageant… Vous avez sûrement l’impression de repartir à zéro en changeant de thérapeute, mais ce n’est pas le cas. Chaque professionnel a sa façon de travailler et trouver le psy qui vous convient n’est jamais une perte de temps.
Ne vous découragez pas, et parlez-en ! Qui sait, votre futur ex-psy pourra peut-être même vous orienter vers un/une de ses collègues…
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Crédits photos : Cottonbro (Pexels)
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