Depuis le 11 mai vous avez la chance de pouvoir visionner en intégralité la série Oussekine qui relate le drame subi par la famille du même nom en décembre 1986. Une reconstitution méticuleuse des faits, des lieux et des personnages qui vous permet de vous plonger dans les enjeux qui se jouent dans cette affaire sur quatre épisodes.
Le réalisateur Antoine Chevrollier a travaillé main dans la main avec Colombe Raby, mondialement reconnue par la profession pour son travail de reconstitution sur les séries d’époque :
J’ai travaillé sur plusieurs séries historiques ici au Québec, et notamment sur des séries qui étaient des reconstitutions, mais c’était la première fois que je participais à une série française d’époque.
Colombe Raby
Une adaptation nécessaire pour que cette histoire soit connue du plus grand nombre
Mais au-delà d’une adaptation réussie qui traite du contexte politique des années 80, la forme est tout aussi convaincante.
C’est la première fois que je travaillais sur une série ou sur un projet avec un tel niveau d’implication sociale. Habituellement je travaille sur des fictions pures et là ça parlait de quelque chose d’important : d’injustice raciale. J’ai accepté de le faire en premier lieu parce que j’ai lu le synopsis, et ensuite parce que j’avais envie de faire partie de cette équipe. Je voulais participer à quelque chose qui pouvait faire changer les choses dans le futur. Malik Oussekine est décédé en 1986, et aujourd’hui encore, de trop nombreuses personnes vivent ces injustices.
Colombe Raby
La famille Oussekine soutient le projet depuis le début et a apporté une aide précieuse à l’écriture du scénario mais également à l’équipe des décors. Notamment Mohamed et Ben Amar, les deux frères Oussekine, joués dans la série par Tewfik Jallab et Malek Lamraoui. Les deux hommes étaient en contact régulier avec Antoine Chevrollier, et se rendaient très souvent sur le plateau.
Lors de la préparation, et de la recherche en amont du tournage, ils m’ont apporté des accessoires de Malik, qu’ils avaient conservé. Mohamed prenait le temps de me donner les informations dont j’avais besoin. Il était extraordinaire, super généreux. Dès que j’avais une question, je pouvais les texter tous les deux.
Colombe Raby
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Une série tournée dans des lieux fréquentés par la famille pour plus de réalisme
La série fut tournée entre la France et le Maroc en 2020 en pleine pandémie, avec toutes les contraintes que cela comporte. La famille Oussekine étant originaire d’Algérie, les équipes ont demandé des autorisations pour tourner dans les lieux où ils avaient grandi, en vain.
Au départ avec Antoine nous avons tenté de rassembler tous les lieux de Paris qui étaient encore existants, principalement dans le Quartier Latin de Paris. On a travaillé sur le lieu du crime, rue Monsieur-le-prince, à l’endroit même où Malik Oussekine a été tué. C’était très touchant de travailler dans ces lieux, parce que j’avais l’impression de sentir un peu l’énergie de ce qui c’était passé. Nous avons eu les autorisations pour tourner au cimetière du Père Lachaise aussi.
Par la suite, si nous n’étions capables d’accéder à un endroit, on essayait en grande partie de le reconstituer. II y a eu aussi une part d’interprétation, une partie un peu fictive pour aider à romancer.
Colombe Raby
Une question se pose cependant : comment transformer le Paris de 2022 en Paris des années 80 ? Et bien la réponse tient en deux mots selon Colombe Raby : déshabiller la rue.
Premièrement, on enlève tous les anachronismes en déshabillant la rue. C’est à dire, retirer toutes les pièces qui sont visuellement de notre époque, pour arriver ensuite à son squelette de base. Puis on rajoute les éléments de l’époque que l’on souhaite. Cela correspond à l’affichage, les mobiliers urbains, les abribus, les poubelles…
Tout a été changé depuis les années 80 ! Les gens ont l’impression que ce n’est pas si loin, et en même temps, c’était il y a quand même 40 ans.
Ça a été trois semaines de nettoyage d’enlever, décrocher l’affichage, les feux de circulation, enlever les statues, les changer, tout ça, c’est énorme. Il y a des choses qu’on ne peut pas enlever parce que c’est trop long et c’est vraiment trop cher. Dans ces cas-là, il faut créer des caches pour pouvoir maquiller les choses qui n’existaient pas pour s’assurer que tout est fidèle à l’époque.
Colombe Raby
« Lorsqu’on fait de la recherche pour des décors, tous les détails sont importants »
Le réalisateur avait une assistante formidable qui avait déjà fait une pré-recherche en rassemblant des tas d’informations médiatiques liées à l’histoire de Malik Oussekine. Nous avons commencé à imaginer grâce à ça, mais nous n’avions pas des éléments sur tout.
Par exemple le soir de son décès, Malik Oussekine était allé voir un show de Nina Simone, qui se déroulait dans un lieu nommé La Paillote et qui n’existe plus. On a cherché pendant des semaines, des mois même, des informations. J’ai même retrouvé le propriétaire de l’époque. On a tout fait. On n’avait pas d’images, donc j’appelais des gens. Je leur demandais quelle était l’ambiance, comment était décoré le lieu.
Je fonctionne comme ça, quand je n’ai plus d’accès, ou plus d’images, j’interviewe successivement des gens pour pouvoir ensuite m’inspirer pour coller le plus possible à la réalité. Puis on jugeait ce qui était pertinent par rapport à notre histoire ou pas.
Tout se déroulait quand même assez bien. Le fait d’avoir accès à la famille et d’avoir aussi beaucoup de matériel très médiatique constituait vraiment une grosse banque d’informations.
Colombe Raby
C’était une première pour Colombe Raby, et lorsqu’elle me raconte ses anecdotes de tournage, elle est encore très fière d’avoir pris part à cette aventure. Elle espère avoir pris part à un objet culturel qui aura certainement un impact sur un grand nombre de personnes pour sensibiliser sur cette époque. D’ailleurs elle m’avoue n’avoir pas vu la série, au moment où nous réalisons cette interview, et compte bien se rattraper dès que possible !
De votre côté vous avez la possibilité de visionner dès aujourd’hui la série Oussekine sur la plateforme Disney+ (avec accord parental).
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