Bonjour à toi, lectrice adorée.
Comme chacun sait, mon altruisme ne connait pas de limites. Alors j’ai eu envie de te communiquer un peu de ce qui fait désormais mon bonheur.
Qu’est ce qui me rend heureuse, hormis la météo clémente, l’achat de superbes paires de sneakers à fleurs et la douceur des fesses dodues de mon mec ?
C’est d’être bien dans ma peau.
Attention, j’aimerais toujours avoir un autre nez, être dépourvue de double menton, sentir bon même quand j’ai couru 1h, et ne plus avoir envie de jeter des assiettes au visage de gens qui ne sont pas d’accord avec moi.
Mais toutes ces options ne sont même pas à considérer.
Je suis pleine de défauts et c’est comme ça. Mais alors, j’en suis pleine bordel. Tellement que j’en déborde.
Pourtant chacune de ces petites failles fait partie de moi. Je suis loin d’avoir envie de leur rouler une grosse pelle pleine de langue, mais tout de même j’apprends à les accepter.
Aujourd’hui, je me kiffe à peu près, et bon sang, c’est grisant.
Je ne m’excuse même plus de me trouver bonnasse dans le miroir de l’ascenseur. Je me fiche de l’avis de ceux qui me croient prétentieuse.
D’ailleurs, depuis peu de temps, j’ai même Instagram, et je poste des photos de moi très premier degré, où je me la pète sauvagement.
C’est salvateur, de se trouver canon.
Mais tu sais quoi ? Plus que de me trouver belle, ce qui me rend heureuse, c’est de PENSER À MA GUEULE.
Sans rentrer dans un égoïsme primaire et insupportable, j’ai décidé d’être la personne la plus importante de ma vie. De toute manière, ce sera toujours moi, moi, et moi toute seule jusqu’à la fin.
Ma première fois avec le « non »
Et penser à soi, ça veut dire arrêter de vouloir tout le temps faire plaisir aux autres.
C’est dur bien sûr. Mais on peut y arriver. Laisse-moi te raconter une histoire :
2012, Paris 9ème, rue d’Hauteville.
J’obtiens un stage en relations internationales dans un showroom de prêt à porter haut de gamme. La mode est pour moi une passion libératrice, j’aime jouer avec les formes, les matières et les couleurs pour créer des looks.
Je ne serais peut-être jamais styliste, mais au moins je bosse dans la mode.
Dans ce petit showroom, je rencontre Anaïs, une commerciale géniale qui me prend immédiatement sous son aile. Elle est grande, blonde, sublime, solaire.
Je l’admire et m’en inspire.
Malheureusement, elle n’est pas ma cheffe. Celle qui me donne des ordres, c’est Carole, la patronne du lieu. Ou plutôt la matrone.
Complètement zinzin, Carole aime traumatiser ses petites servantes. Moi, je vis sous son joug, apeurée dès qu’elle met le nez dans une pièce. C’est Le Diable s’habille en Prada transposé dans la vraie vie.
Les jours s’enchainent et ne se ressemblent jamais. Le lundi, Carole est zen, reposée, et me complimente sur mon humour. Le mardi, elle me lance des regards furieux car j’ai mal plié une jupe en cachemire.
Les semaines passent, et mon mal augmente. Je me sens houspillée, observée et surtout, Carole se sert de moi comme de sa femme de ménage.
Chaque matin je passe l’aspirateur, branche tous les luminaires, nettoie les étagères et espace les cintres de 5 centimètres les uns entre les autres.
Un mercredi matin, alors que je suis occupée à ranger un arrivage de chapeaux, Carole se jette sur moi :
« Vite, vite, viens avec moi, j’ai besoin que tu essayes une robe pour un client. Les mannequins ne sont pas là et tu es la plus mince ».
Sans que j’ai le temps d’accepter, elle m’entraine dans une salle, et me jette une robe dans les mains.
Tremblante, je me change et défile en rentrant le ventre pour avoir l’air plus maigre. Puis je me déshabille et remets la robe sur le cintre, mais celle-ci est en soie, glisse et tombe au sol.
Pour Carole, c’est le summum de l’insubordination :
« Putain mais t’es pas foutue de mettre une robe correctement sur un cintre ? »
J’hésite quelques secondes entre fondre en larmes et aller me cacher aux toilettes, et finalement, mon cerveau me dit STOP.
Je pars chercher mon manteau, Carole à mes trousses.
« Où tu crois aller comme ça ? »
« Je vais fumer une clope Carole »
« On n’a pas le temps de fumer des clopes cet aprèm. Viens m’aider à… »
Je me retourne, lui fais face et plonge mon regard dans le sien.
« Non Carole »
« Comment ça non ? »
« Non, c’est non. Je ne vais t’aider à rien faire. Je vais descendre, m’acheter un paquet de clopes, le fumer en entier. C’est ça ou je t’agrafe un truc sur ta tête. T’as pigé ? ».
En partant, je me sens légère pour la première fois depuis le début du stage. Après l’achat de clopes, je rentre chez moi en ignorant les appels de la mégère au sourire forcé.
Le lendemain, j’y retourne, bien décidée à l’affronter. Mais elle m’accueille avec le sourire. Les jours passent et plus jamais je n’ai droit à un mot déplacé ou a un regard méprisant.
Un simple non prononcé avec conviction avait décidé ma cheffe à ne plus me prendre pour sa servante.
Ce stage aura été salvateur.
Pas humainement bien sûr, car j’apprendrais plus tard que le comportement de Carole était en fait du harcèlement. Mais parce que pour la première fois de ma vie, j’avais osé prononcé les trois lettres « maudites ».
Depuis, je le pratique souvent, et en toutes circonstances, ce petit mot.
Alors je vais t’expliquer pourquoi il est selon moi important d’oser ces 3 lettres non pas maudites, mais empouvoirantes.
Pourquoi oser dire non ?
Trois petites lettres, ça n’est vraiment pas grand chose.
Pourtant, on en fait tout un flan. Le non est parfois pris comme un refus brutal, comme un mot assassin prononcé pour blessé un adversaire.
Alors qu’en fait, ça veut juste dire… non.
Parmi mes amis, certains acceptent tout et n’importe quoi, par peur de prononcer cette syllabe.
« Ne pas me payer les 52 heures sup’ que j’ai faites la semaine dernière ? Pas de souci »
« Manger les carbonaras que j’avais placé dans le frigo avec mon nom en lettres capitales dessus ? Pas de problème »
« Donner mes vieilles affaires à la gardienne de l’immeuble ? Bien sûr »
« Prendre de l’argent dans mon porte-monnaie ? Evidemment »
Et pourquoi ne pas me MARCHER SUR LA VESSIE pendant qu’on y est ?
Personnellement je refuse de céder à la tyrannie du oui à tout prix. Parce que dans la vie, on a un choix à faire.
Celui d’accepter ou de refuser.
Rien ne sert de dire oui pour faire plaisir aux autres. La personne qui compte, c’est toi.
Alors j’ai un conseil à te donner, si tu éprouves des difficultés à articuler ce mot par crainte de vexer ton interlocuteur.
Lequel ?
TU T’EN BATS LES OVAIRES. Voilà, tout simplement. Tu n’es absolument pas responsable de la mauvaise interprétation du « non » de la personne à qui tu t’adresses.
Un « non » n’est pas vexant. Si ton ami/mec/boss/stagiaire/mère se vexe, c’est qu’il ou elle a mal interprété ton « non ». Alors que celui-ci n’est pas une atteinte à la parole de l’autre, il ne signifie pas « ta gueule connard ».
Il exprime simplement un refus. Et refuser, c’est prendre une décision. La personne en face de toi n’a pas à juger ta décision.
Elle doit l’accepter, et puis c’est tout. Si elle ne le fait pas, tant pis pour elle, on va pas se mettre la rate au court-bouillon, parce-que Jeanette est susceptible !
Pense à toi, avant tout.
Dire non, un acte salvateur
Je te promets une chose : on se sent bien mieux quand on ose exprimer un refus, et qu’on arrête de se forcer à faire des choses pour contenter autrui.
Au début, ces 3 lettres sont difficiles à articuler. Le premier « non » est parfois trop acide ou trop amer. Mais on s’habitue vite je te promets.
Depuis que j’ai arrêté de me « forcer », je me sens droite dans mes pompes. Je suis enfin honnête envers moi-même.
Je ne fais plus d’escrime pour faire plaisir à mes parents, je n’accompagne plus Laura à la danse parce qu’en fait ça me fait chier, et je n’accepte plus de pratiques sexuelles qui ne me plaisent pas.
Je suis honnête envers mes envies, mes ressentis et… les autres.
J’ai arrêté de leur faire croire que j’acceptais tout, et depuis je sens une vraie différence avec mes amis.
Un rapport de grande confiance s’est installé entre nous, car ils savent que je ne leur dirais jamais quelque chose juste pour leur faire plaisir et satisfaire leurs envies à eux.
Quand je dis oui, c’est que j’en ai vraiment envie.
Et un « oui » sincère vaut tout l’or du monde.
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