À la naissance, un bébé semble en général tout petit et tout léger (une pensée émue pour les courageuses guerrières qui ont mis au monde des gigots de quatre kilos ou plus). Mais quand on passe des heures à bercer le nourrisson ou à le balader à droite et à gauche dans ses bras, on se rend vite compte que porter un bébé, c’est du sport.
Alors, pour préserver votre dos dans l’éventualité où vous ne soyez pas triple championne régionale d’haltérophilie, on a glané quelques conseils auprès de Sophie Nahler, kinésithérapeute à Aix-en-Provence.
Conseil n°1 : Plus on est près, mieux c’est
S’il n’y avait qu’un seul truc à retenir dans cet article, c’est bien ça. Pour préserver son dos, il vaut mieux porter son bébé collé-serré qu’à bout de bras. Eh tant pis, si ça donne un peu chaud en été.
Pour porter son bébé (et n’importe quelle charge), il faut à tout pris le coller contre soi afin de créer le plus faible bras de levier entre son dos et la charge.
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Ce conseil s’applique pour les bébés, les packs d’eau et les tronçonneuses (sauf que les deux premiers ne risquent pas de vous blesser au passage… Quoique, méfiez-vous des ongles acérés des nouveaux-nés).
Pour bercer un nourrisson, ou le trimballer d’un endroit à un autre, prenez-le donc contre vous, en faisant toujours gaffe à soutenir ses fesses (et sa tête, s’il est encore petiot).
Et si vous devez vous relevez du sol, avec un bébé dans les bras, parce qu’il commence à en avoir ras-le-bol de son tapis d’éveil par exemple, voici quelques astuces supplémentaires :
Pour se relever du sol avec un bébé dans les bras, il faut absolument utiliser ses jambes ! On place ses pieds près du bébé (idéalement de part et d’autre) on fléchit les genoux, on rentre le ventre et hop !
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Conseil n°2 : faire gaffe à sa posture et à son périnée
Vous avez peut-être remarqué que la manière dont on se tient se modifie lorsqu’on attend un enfant.
Pendant la grossesse, la morphologie change : le dos se courbe vers l’avant, les épaules s’enroulent afin de placer le bout du nez au bout du ventre (pour éviter de le cogner !).
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Après l’accouchement, il est conseillé de progressivement reprendre sa posture d’origine, en réouvrant les épaules et en rentrant le ventre (surtout la partie entre le nombril et le bassin). La rééducation du périnée et des abdominaux, six à huit semaines après l’accouchement, est aussi une bonne idée. Les sage-femmes et kinés sont les pros de santé qui peuvent vous accompagner sur ce point.
Enfin, c’est normal d’avoir l’impression d’être un peu rouillée après une grossesse, et des massages ou étirements peuvent vous aider à renouer avec votre corps.
« La femme enceinte étant considérée comme un être sacré qui ne doit pas s’égratigner ni faire de mouvement brusque, elle a tendance à largement s’ankyloser pendant les dernières semaines de la grossesse. Si on en a envie, il ne faut pas hésiter à faire des étirements juste après la grossesse pour se « dérouiller » et retrouver son schéma corporel. »
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Conseil n°3 : varier les positions et les modes de portage
Si vous trainez un peu sur les réseaux sociaux de la daronnerie, vous avez dû remarquer qu’il existe autant de modes de portage que de réveils nocturnes pendant la première année de vie d’un bébé (a.k.a : beaucoup trop pour y voir clair).
Sophie Nahler explique qu’à part les portes-bébés non physiologiques (où le bébé est en extension, face au monde, et soutenu par l’entrejambe), toutes les autres solutions sont très bien. À vous d’en tester plusieurs (il existe des ateliers qui permettent de s’entraîner), et de trouver le vôtre, voire de varier les plaisirs.
« Il n’existe pas de portage idéal, le plus important, c’est de varier les positions. C’est important non seulement pour le dos des parents, mais aussi pour le développement du bébé. Il faut varier ses portages (à bras, en porte-bébé, en sling, en écharpe, sur le ventre, sur le dos, sur la hanche, etc) qui ont tous des avantages et des inconvénients. »
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Personnellement, seize mois après mon accouchement, le porte-bébé physio préformé continue de me sauver la vie (enfin, surtout le dos) pendant les longues nuits de maladie où ma fille arrête de pleurer uniquement si elle est contre moi, et en mouvement s’il vous plaît !
Conseil n°4 : bien s’équiper pour s’occuper du bébé
Dans le même ordre d’idée, on a pas mal réutilisé le ballon de grossesse pour la bercer et l’endormir sans se péter le dos. Son père a ainsi re-regardé l’intégrale d’Orange is the new black, avec elle dans le porte-bébé dos à l’écran, et lui rebondissant sur un ballon.
Si vous allaitez votre enfant, un fauteuil confortable, des coussins (classiques ou d’allaitement) et un petit repose-pied peuvent aussi vous aider à vous installer confortablement et à soutenir le bébé pendant les tétées. Autant de maux de dos évités…
Niveau bain et change, si vous pouvez investir dans une table à langer et/ou une baignoire à hauteur du bassin, c’est l’idéal pour préserver votre dos quand vous accomplissez ces tâches récurrentes (c’est fou comme une couche se salit vite dis donc).
« Il est conseillé de prendre une table à langer sur laquelle on peut appuyer ses hanches. Elle doit être à hauteur du bassin-nombril. Si elle est trop haute, on monte haut les épaules et les coudes ce qui peut conduire à des douleurs de cou si les changes sont très fréquents ou lors des mouchages sportifs au sérum physiologique… »
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Si votre salle de bains est trop petite pour caler une baignoire sur pieds, alors, n’hésitez pas à vous installez plutôt à genoux, ou avec un genou au sol pour donner le bain à votre rejeton. Ça vous évitera de passer dix minutes avec le dos courbé en avant.
Conseil n°5 : Se faire confiance et y aller en douceur
Si vous attendez un enfant et que cette liste de conseils vous a un peu stressée, au point que vous vous demandez si vous saurez porter votre bébé a) sans le faire tomber b) sans abîmer vos cervicales, respirez profondément.
Tous les nouveaux parents passent par une phase où ils manipulent leur nourrisson comme s’il était en cristal, mais les gestes les plus commodes pour vous et pour ce petit être vont vous venir naturellement.
« Il n’y a pas de stress particulier à avoir sur la peur de se faire mal. Les hormones protègent les articulations, notamment celle du dos pendant les trois premiers mois. Et le dois de la mère va se muscler progressivement.
Au début, le bébé est plutôt léger, donc même si on fait régulièrement le dos rond au-dessus de son lit à barreaux par exemple, normalement, l’enfant grossit progressivement, donc l’entraînement pour le dos sera, lui aussi, progressif. »
Sophie Nahler, kinésithérapeute
Et si des douleurs dorsales s’installent tout de même, n’hésitez pas à vous tourner vers des professionnels de santé pour trouver des solutions afin d’être soulagée.
En tout cas, moi qui ai toujours renâclé à faire du sport, sachez que je n’ai jamais eu les bras, les épaules, les abdos et le dos aussi musclés qu’aujourd’hui. Merci à mon petit gigot perso pour le coaching à domicile. Mais là, c’est bon, tu pèses douze kilos maintenant, alors il faut marcher chouchou !
Crédit photo : Yan Krukov from Pexels
À lire aussi : Comment éviter le mal de dos pendant la grossesse ? (Ou le gérer s’il est déjà là)
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