Lorsque l’on vit loin de ses parents, il peut être challengeant de maintenir un lien fort et régulier entre ses enfants et leurs grands-parents. Les nouvelles technologies nous facilitent grandement la vie à ce niveau-là, mais est-ce suffisant ?
Des appels vidéo pour maintenir le lien
Quand on vit à l’autre bout du pays ou à l’étranger, il est peu probable que nos parents viennent régulièrement chercher nos enfants à la sortie de l’école, ou que l’on aille manger chez eux un dimanche par mois. Il faut alors trouver d’autres ressources pour maintenir le lien et que les grands-parents fassent réellement partie de la vie de leurs petits-enfants.
« La meilleure façon de garder un lien régulier, c’est de rester en contact avec la technologie », conseille Suzanne Vallières, psychologue québécoise et co-autrice du « Psy-guide des grands-parents » aux éditions de l’Homme. « On peut par exemple décider de faire un appel vidéo régulier tous les mercredis, pour que les grands-parents aident les enfants à réviser leurs mathématiques. »
C’est justement ce qu’ont instauré Myriam et sa mère, que quelques heures de route séparent. « Ma fille est née juste avant le premier confinement, ma mère a été obligée de partir de la maternité alors qu’elle venait d’arriver pour la rencontrer. On a pris l’habitude de faire des FaceTime tous les jours. Même si elle n’a pu la revoir que plusieurs mois plus tard, ma fille connaissait sa voix et son visage, je la laissais regarder un peu l’écran juste pour ça dès toute petite. Elle a du coup toujours été à l’aise avec ma mère alors que c’était vraiment une grande timide. » Cet appel quotidien a perduré et est devenu une tradition familiale.
« Aujourd’hui, l’habitude est bien ancrée. On s’appelle sur FaceTime 20 ou 30 minutes chaque soir, avant ou pendant le repas. Ma mère lui lit des histoires, on joue aux devinettes, on se raconte nos journées, on dessine, etc. On poursuit avec mon fils de 8 mois, il reconnaît la voix de ma mère, il sourit quand je le laisse regarder l’écran, et il va sans souci dans ses bras quand il la voit ».
Amandine a aussi fait beaucoup d’appels en visio avec ses parents quand sa fille était toute petite. « Ils sont à 600 km, donc merci la technologie ! » Ces appels ont cependant tendance à se faire plus rares désormais. « Maintenant, à trois ans et demi, elle a bien intégré qui ils étaient, et elle change moins. Il n’y a plus cette sensation de nécessité comme avant ».
La fille de Camille, quant à elle, se sert de la technologie pour écrire à ses grands-parents. « Maintenant qu’elle sait écrire, elle leur envoie des petits messages sur WhatsApp, ils se font des mini conversations. » Mais les visios font aussi partie de leur relation. « On en fait un ou deux par mois. Pendant le Covid, on était sous l’eau, ils avaient pris l’habitude de l’appeler en vidéo, et de lui lire des livres à distance. »
« On peut aussi filmer en direct les spectacles des enfants » suggère Suzanne Vallières. « Et les grands-parents peuvent appeler les enfants plus souvent quand ils savent qu’un examen important se prépare, ou quand ils sentent que les ados ne vont pas très bien. »
Des outils à consulter au quotidien
Le lien peut également se maintenir en dehors des visios et des moments passés ensemble. « On a dans sa bibliothèque des albums photo avec toute la famille », raconte Amandine. « Et ma mère lui a fabriqué un livre, avec une histoire construite autour de comptines. Elle en a aussi fait un enregistrement audio. Et elle a enregistré la lecture d’un autre livre. »
La fille de Camille a, elle aussi, un album photo avec les personnes importantes de sa vie. « On le regardait beaucoup quand elle était petite, j’avais l’impression que ça lui permettait de faire revenir ses grands-parents dans sa tête. Ils lui envoient aussi des cartes postales. »
Les moments partagés en présentiel restent également indispensables. Myriam voit sa mère tous les deux mois. « On aimerait qu’elle se rapproche, ma fille le demande beaucoup. En attendant de pouvoir se retrouver pour le café le dimanche, on partage nos petits moments sur les écrans ! »
Camille voit ses parents également toutes les 6 à 8 semaines. « Et elle passe d’office une semaine en tête-à-tête avec eux en été, c’est leur moment à eux trois. Mais c’est aussi parce que mes parents sont en demande, ce n’est pas le cas de mes beaux-parents qui vivent pourtant beaucoup moins loin. Ils n’ont du coup pas du tout la même relation avec les enfants. »
Quant à Amandine, elle voit sa famille tous les 3-4 mois. « On a la chance d’avoir les moyens, et une ligne de train rapide pour se voir. » Continuer à pouvoir se voir, malgré la distance, devient en effet parfois un privilège.
Des grands-parents impliqués
La clé pour faire perdurer le lien est que tous les adultes soient impliqués. « Quand les enfants sont jeunes, entretenir la relation est la responsabilité des adultes. Ensuite, les enfants prennent l’habitude et peuvent contribuer à maintenir ce lien », confirme Suzanne Vallières. « On peut être voisins et ne pas communiquer, ou bien vivre à cinq heures de route et se parler toutes les semaines. La communication et l’investissement, c’est ce qui fait la différence dans la relation. »
Et du côté des grands-parents, comment peuvent-ils mieux vivre cette distance ?
« Ils peuvent demander des photos régulièrement, les copies des bulletins, ça peut leur donner l’impression qu’ils sont près d’eux et combler le manque. Cela leur permet aussi de pouvoir montrer tout cela à leurs amis », recommande la psychologue. « Mais il faut aussi prévoir des rencontres à des moments de l’année bien précis, la rentrée scolaire et le début des vacances d’été par exemple. Il est nécessaire de toujours savoir quand aura lieu la prochaine rencontre. »
Pour Suzanne Vallières, c’est certain, les grands-parents peuvent être impliqués dans la vie des enfants même s’ils ne vivent pas à côté. C’est aussi la conclusion des interrogées.
Les parents d’Amandine sont tristes de ne pas pouvoir la relayer, et de ne pas faire partie du quotidien de leur petite-fille. « Mais ils sont quand même hyper présents, et j’ai la sensation qu’ils ont un lien solide ! Ma fille parle souvent d’eux, raconte des anecdotes, a des phases où elle écoute les histoires de mamie en boucle. Elle est super contente de les voir à chaque fois et après cinq minutes de timidité, on n’existe plus. C’est moins dans le quotidien, mais du coup, c’est toujours la fête de les voir ! »
« Ma fille ADORE ma mère ! » s’enthousiasme Myriam. « Elles sont hyper proches, elle attend les appels du soir avec impatience, et je sais que ma mère aussi. »
Et pour Camille, nul doute que le lien entre ses parents et sa fille est également fort. « Et maintenant qu’ils sont à la retraite, ils ont pu aller la chercher à l’école un vendredi soir, ça leur a fait plaisir ! Je pense qu’on a tous appris à composer avec la distance, on a trouvé nos trucs. »
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