Peut-on atteindre l’utopie dont on rêve ? Telle est la question qu’on pourrait se poser quand on s’intéresse au Prix Utopi·e, le premier prix LGBTQIA+ dans l’art. Quand on rencontre ses deux cofondatrices, Agathe Pinet, 25 ans, et Myriama Idir, 48 ans, elles n’ont de cesse de dire que le projet, qui en est à sa deuxième édition en 2023, est encore perfectible, pourrait être encore plus égalitaire, avec une humilité confondante. Pourtant, leur manière de soutenir exclusivement des artistes queer en fait déjà beaucoup, et ce, de façon la plus égalitaire possible, puisque les 10 finalistes accèdent aux mêmes récompenses, dans un souci d’égalité : une dotation financière de 1000 €, une exposition aux Magasins Généraux (à Pantin, du 23 au 28 mai 2023 pour cette deuxième édition), une résidence artistique de deux semaines, ainsi qu’un cycle d’expositions dans trois galeries différentes durant l’hiver. De quoi contribuer à tisser des solidarités entre des artistes, trop souvent pris isolément comme une caution queer dans une expo, mais aussi entre des galeries qui ont peut-être plutôt l’habitude de se voir comme concurrentes.
Alors que s’ouvre l’exposition des 10 finalistes (Maïc Baxane ; Nelson Bourrec Carter ; Aëla Maï Cabel ; Jordan Roger Barré ; No Anger ; Audrey Couppé de Kermadec ; Naëlle Dariya ; Sido Lansari ; Elijah Ndoumbe ; Kianuë Tran Kiêu) aux Magasins Généraux, Agathe Pinet et Myriama Idir explique à Madmoizelle leur démarche.
Interview d’Agathe Pinet et Myriama Idir, cofondatrices du Prix Utopi·e
Madmoizelle. Pouvez-vous vous présenter ?
Agathe Pinet. Je suis Agathe Pinet, cofondatrice du Prix Utopi·e et aussi chargée de production pour les Magasins Généraux.
Myriama Idir. Je suis Myriama Idir, cofondatrice du Prix Utopi·e. Et voilà, je suis entre autres organisatrice d’événements, surtout en arts urbains.
Quels ont été vos parcours respectifs avant de fonder le Prix Utopi·e ?
AP. J’ai fait un master en management du marché de l’art, où l’on s’est rencontré avec Myriama. Entre mon Master 1 et mon Master 2, j’ai fait une année de césure où j’ai travaillé avec une personne qui s’appelle Marine Van Schoonbeek, où j’ai commencé à faire de la production. Puis j’ai fait mon stage de fin d’études aux Magasins Généraux en production, avec une personne qui s’appelle Claire Gayte qui est formidable et je suis restée après. Et en parallèle, on commençait à faire d’Utopi·e ce que c’est maintenant. On a commencé à bosser dessus alors que j’étais en fin d’études.
MI. J’ai un parcours singulier, j’ai toujours alterné parcours universitaire et expérience professionnelle. Je suis ainsi un peu dans la voie autodidacte parce que je suis issue du mouvement Hip-Hop, de la pratique de la danse, de la pratique du graffiti. J’ai toujours alterné : j’ai fait un parcours histoire de l’art, ensuite j’ai travaillé surtout en lien avec les politiques de la ville dans les quartiers, puis j’ai suivi plusieurs formations et diplômes. Comme Agathe, j’ai tendance à vite m’ennuyer, alors j’avais envie de reprendre mes études. J’habite à Metz où ma dernière expérience était au sein de la Cité musicale, pour la danse contemporaine, les musiques classique et lyrique. Et j’avais envie de reprendre des études pour me tourner un peu plus sur le graffiti et le marché de l’art. D’où l’inscription au MBA marché international de l’art, où j’ai rencontré Agathe, parce qu’on s’inscrivait dans les mêmes ateliers, on traitait des mêmes sujets sur les luttes féministes, sur les inégalités dans la culture. On travaille super bien ensemble, donc c’est dans ce contexte qu’a pu naître Utopi·e.
Qui est venu vers qui pour proposer le Prix Utopi·e ? Comment a émergé l’idée, concrètement ?
AP. C’était le deuxième confinement, je squattais chez des potes, je m’ennuyais un peu, donc j’avais beaucoup de temps pour réfléchir. Je voulais vraiment faire un projet dans l’art pour changer ce qui me semblait vraiment problématique, notamment après un projet qu’on avait fait ensemble sur les inégalités de genre dans le milieu de l’art. Et, en parallèle, je voulais aussi m’investir davantage pour la communauté LGBT et c’est un moment où j’assumais de plus en plus que j’en faisais partie. C’était un moment où tout concordait : ça me semblait logique de faire un projet pour les artistes queer dans l’art. Quant au format du prix, c’est d’abord parce que j’imaginais que ça serait un one shot, un seul événement. Naïvement, je ne pensais pas du tout que cela représenterait autant de travail, jusqu’à ce que j’en parle à Myriama. Au départ, elle devait me donner 2-3 conseils, et petit à petit, elle a fini par rejoindre complètement le projet.
MI. Oui, ce qui était super dans ce parcours universitaire, c’était de pouvoir découvrir dans chaque groupe d’étude des chiffres, de créer des sortes de statistiques et de mieux nous rendre compte des profils de vente, d’accès pour les artistes, etc. Ça nous a permis d’aiguiser aussi ce regard qu’on porte toujours un peu plus sur ce secteur-là. Et quand Agathe m’a présenté son idée d’Utopi·e, vu mon expérience pour monter des projets, je voulais l’accompagner alors qu’elle le porte elle. À ce moment-là, dans nos vies perso, on avait toutes les deux envies de s’engager davantage pour la commu LGBT+. Porter cette initiative représentait aussi une forme de coming out professionnel, mais aussi en partie personnel.
En parlant de coming out, avez-vous l’impression qu’être out en tant qu’artiste, galeriste, ou en institution peut nuire à une carrière aujourd’hui ?
MI. À ce sujet, pour un exposé, nous avions émis une petite critique concernant la feuille de route de la mission diversité-égalité du ministère de la culture : beaucoup d’efforts sont faits, mais restent encore trop binaires. C’est très focalisé sur la parité femme-homme.
AP. Ce sont des questions qu’abordent notamment Isabelle Alfonsi dans son livre Pour une esthétique de l’émancipation : construire les lignées d’un art queer, ou encore l’association Contemporaines. On a tendance à penser séparément les questions de parité, de diversité, et de queerness, alors qu’elles peuvent souvent s’imbriquer, comme l’illustre notamment le travail de l’artiste non-binaire Audrey Couppé de Kermadec qui parle des personnes noires et queer. On manque encore d’intersectionnalité sur ces questions-là. Après, est-ce qu’être out peut nuire professionnellement aujourd’hui, cela dépend de beaucoup de facteurs : est-on en début, milieu ou fin de carrière, est-on artiste, critique, directeur·ice d’une institution, dans quel territoire on évolue… Les coming out trans, non-binaire, lesbien ou gay n’ont pas les mêmes répercussions.
MI. Et puis il n’existe pas vraiment de chiffres qui pourraient nous permettre de répondre de façon précise à cette question. Chiffrer cette réalité pourrait permettre d’apporter des réponses concrètes en cas de problème, et de mesurer des progressions. Mais beaucoup d’artistes ne veulent pas être catégorisé·es. Plein d’artistes ne veulent pas non plus s’incrire sur le marché de l’art, qui peut être très violent. L’une de nos volontés à travers le format du Prix Utopi·e, c’est de contribuer à donner un coup de boost aux gens pour qu’ils aient envie d’acheter des œuvres d’artistes queer.
Justement, quelles autres volontés vous ont donné envie de lancer un prix, plutôt qu’une galerie par exemple ?
AP. J’étais encore étudiante, je n’aurais jamais eu le temps, ni les compétences, ni la confiance pour ouvrir une galerie dont il aurait fallu s’occuper à temps plein, contrairement à un prix dont j’ai pu commencer à m’occuper sur mes pauses déjeuner, les soirs et les week-ends. J’avais de l’expérience dans la création d’événements, donc c’était davantage dans mes cordes aussi. Et puis, cela entrait dans ma réflexion de : comment faire d’un prix qui est un format historiquement inégalitaire, qui met en concurrence des artistes, quelque chose de plus égalitaire et positif ? Idéalement, on aimerait soutenir beaucoup plus que 10 finalistes à la fois, mais nous n’avons pas les financements aujourd’hui pour faire plus. Aujourd’hui, les dix finalistes accèdent aux mêmes dotations financières, lieux d’expositions, et à une résidence.
MI. Et c’est aussi comment on peut intervenir sur tous les champs de lutte et dans tout le secteur, avec les institutions et les structures qui existent déjà. Travailler avec l’existant, c’est souvent plus malin d’un point économique, logistique, etc.
Que révèle le nom de ce prix de votre idéal, de vos ambitions, et de votre vision de l’art queer ?
MI. Peut-être que le propre d’une utopie, c’est d’être inatteignable, mais on met tout en œuvre pour s’en approcher le plus possible. L’exposition Résistance des fluides de la première édition du Prix Utopi·e a permis à plusieurs galeries de se rappeler qu’elles étaient aussi des lieux de vie, capable d’accueillir des performances, des réflexions, mais aussi un sentiment de communauté. Quelques galeristes avaient pu l’oublier à cause du Covid. J’espère qu’on contribue à réinjecter un peu d’utopie dans tous les différents territoires de l’art qu’on croise.
AP. Ce prix qui nous fait travailler avec les structures qui existent déjà nous permet aussi de nouer des collaborations extraordinaires, avec des personnes merveilleuses. Comme avec Isabelle Alfonsi & Cécilia Becanovic de la galerie Marcelle Alix qui nous ont énormément aidé à faire le cycle d’expositions en galeries l’an dernier pour la première édition du Prix Utopi·e. Humainement, professionnellement, artistiquement, c’est vraiment un rêve.
MI. J’ai eu l’habitude de travailler avec l’existant, et j’ai toujours trouvé ça fructueux. Notre volonté avec Utopi·e, ce n’est pas de s’imposer sur un lieu défini, mais plutôt de se demander comment on peut partager un bout de programmation sans que vous ayez peur qu’on vous vole votre métier ou votre poste dans la structure.
Que vous a appris la première édition du Prix Utopi·e qui vous sert particulièrement pour la deuxième ?
MI. Ma plus grande crainte pour la première édition, c’était que je ne voulais tellement pas blesser les gens. Je voulais être la plus respectueuse possible de la pratique de chaque artiste, mais aussi des gens qui se sont engagés avec nous, les galeristes, le public. Tenter d’être à la hauteur du manifeste d’Utopi·e qu’on avait écrit.
Les galeries ont-elles été compliquées à convaincre ? Le succès de la première édition a-t-il aidé pour la deuxième ?
AP. Ça n’a jamais été un problème majeur de convaincre les galeries d’accueillir le projet. Isabelle Alfonsi & Cécilia Becanovic de la galerie Marcelle Alix ont été les premières galeristes que j’ai appelés car j’avais eu un bon contact avec elles pour un projet quand j’étais en Master 1. C’est grâce à elles aussi qu’on a pu convaincre facilement d’autres galeries pour la première édition. Pour la deuxième, on n’a pas eu de problème non plus, on cible bien, et si cela ne coïncide pas pour des questions de timing, c’est ok. On amène une autre façon de travailler, pas du tout dans la concurrence.
Comment sélectionnez-vous les membres du jury ?
AP. Pour la première édition, on a commencé par Isabelle Alfonsi & Cécilia Becanovic de la galerie Marcelle Alix, puis le curateur Thomas Conchou, Raphaël Gatel qui a été un de nos profs, l’artiste chercheur·e queer de La Réunion Brandon Gercara, et l’artiste plasticienne franco-gabonaise Myriam Mihindou. On voulait des corps de métier, des expériences, des âges différents. Même chose pour cette deuxième édition. Il est arrivé que des personnes contactées nous disent ne pas être queer et donc ne pas se sentir légitime pour participer en tant que jury. Mais justement, on veut ouvrir ces questions-là, et ça nous arrive de proposer à des personnes vraiment alliées.
MI. On a aussi conscience qu’on sollicite des personnes qui vont prendre du temps pour lire les dossiers, c’est pourquoi on s’y prend bien en amont. Chaque membre du jury regorge de bienveillance, d’implication, de conseils, c’est génial. Cette année, il s’agit de Julie Crenn (docteure en histoire de l’art, critique d’art (AICA) et commissaire d’exposition indépendante) ; Camille Kingué (membre de l’association Contemporaines) ; Clément Postec, (conseiller artistique, commissaire d’exposition et cinéaste) ; Adeline Rapon (artiste et photographe) ; Emilie Renard (directrice du centre d’art et de recherche Bétonsalon) ; H·Alix Sanyas Mourrier (artiste et membre de la collective Bye Bye Binary).
Vous avez reçu combien de candidatures entre la première et la deuxième édition ?
AP. On écarte les dossiers de personnes qui seraient encore étudiantes, ce qui fait qu’on considère vraiment avoir reçu environ 230 dossiers complets pour 2022, et 260 pour 2023. On fait un premier tri, puis on en envoie environ 50-60 aux membres du jury.
Comment se compose votre modèle économique ?
AP. Pour la première édition, le jury n’était pas rémunéré, mais cette année oui. Le Prix Utopi·e est financé par du financement participatif, les Magasins Généraux qui nous mettent aussi à disposition un lieu et du staff très précieux, le ministère de la Culture, la DRAC Île-de-France (Direction régionale des affaires culturelles), et cette année aussi par l’ADAGP (Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques).
MI. Et cette année, quand cela a un sens par rapport au travail d’artistes en particulier et leurs mediums, il nous arrive de solliciter des entreprises privées pour une aide à la production, par exemple pour l’impression de tirages photos. Il faut que ça ait du sens et qu’on ait des valeurs communes.
Pourquoi c’est important pour vous de récompenser les 10 artistes finalistes de la même manière ?
MI. On voulait proposer quelque chose d’égalitaire, ou plutôt de juste. On prend vraiment le temsp d’étudier les dossiers, et on en choisit dix parce qu’on souhaite donner une vraie dotation, mais si on disposait de davantage d’argent, peut-être qu’on aurait pu monter à 20 finalistes. Il a fallu qu’on tranche, qu’on positionne un curseur réaliste par rapport à nos moyens, pour choisir un nombre de finalistes nous permettant d’allouer une somme honorifique. Mais ça nous semblerait plus juste d’avoir une dotation allant au-delà d’un SMIC, c’est ce qu’on souhaite pour la suite. Au vu du nombre de dossiers d’artistes qui postulent, ça semble inspirer confiance. On a reçu beaucoup de remerciements aussi pour avoir créé un prix au service de nos luttes.
AP. Les artistes viennent aussi en sachant qu’iels ne vont pas être discriminé·es, mégenré·es, ni être la seule personne queer qui servirait alors de caution. C’est reposant de se savoir au sein de sa communauté. Et puis récompenser dix artistes de la même manière, c’est aussi proposer une autre manière de travailler, en dehors de l’hyper concurrence, mais aussi de cette manie qu’ont certaines galeries d’avoir un ou une artiste poulain sur lequel elles vont beaucoup miser, pour qu’il soit hyper côté. On espère que ça puisse donner des envies à d’autres personnes de lancer des projets un peu plus égalitaires. On ne dit pas que c’est parfait, mais c’est notre tentative de proposer quelque chose d’autre, d’alternatif, de plus égalitaire.
L’exposition aux Magasins Généraux s’accompagne de toute une programmation culturelle très riche. Pourquoi c’est important pour vous de montrer l’art, mais aussi de le réfléchir, de le poétiser, de le danser, et de le fêter ?
AP. Le cœur du projet, c’est de présenter des artistes LGBT+ avec un engagement fort dans leur travail. Cela peut prendre plein de formes d’expressions artistiques différentes, et puis c’est super intéressant de prolonger cela autrement, sous d’autres primes. C’est aussi une manière de convier, visibiliser et payer d’autres artistes, venant d’autres disciplines, et de croiser les publics. Ce sera intime, doux, intense et apaisant.
MI. On n’est pas juste dans la monstration, on s’interroge aussi sur la manière dont on parle de tout ce travail venant d’artistes queer. On développe des outils ensemble, et on veut toucher à une vérité de l’histoire de l’art, longtemps confisquée aux artistes queer dont l’identité de genre ou la sexualité a pu être mise sous le tapis.
Avez-vous l’impression qu’il y ait des tendances dans l’art contemporain à vouloir capitaliser sur certaines facettes de l’identité des artistes : après une vogue féministe, puis afro, passerait-on au queer ? Qu’en pensez-vous ?
MI. Peut-être, mais, je le prendrais sous une autre lecture aussi : on inspire ! À un moment donné, quand plusieurs artistes ouvrent des portes et des initiatives, cela donne des idées, à d’autres artistes et des institutions qui peuvent vouloir s’en inspirer. Ce n’est pas toujours bien fait, cela demande de la sincérité, du travail, des moyens, et du temps.
AP. Oui, suite à l’assassinat de George Floyd et au regain d’intérêt pour Black Lives Matter, cela s’est ressenti dans ce qu’exposait le milieux de l’art. Peut-être qu’on arrive à une mode du queer, et que ce sera encore autre chose dans 6 mois. Mais j’essaye de rester optimise dans la mesure du possible, et de me dire que si d’autres personnes s’emparent de nos combats, cela contribue à nous visibiliser. Là où ça devient très dérangeant et très révoltant, c’est quand ce sont ces mêmes personnes qui s’enrichissent au détriment des personnes concernées. Si demain une personne cis-hétéro fait une énorme expo et donne beaucoup d’argent à des artistes vraiment concernés tandis qu’elle reste en retrait, tant mieux. Mais bon, c’est rarement ce qu’il se passe en réalité. Après, les représentations ont de l’intérêt et des limites : plus on voit la communauté, mieux c’est, mais il faut aussi que l’argent et les droits reviennent à la communauté.
Dans quelle mesure un prix comme Utopi·e contribue non seulement à la visibilité, mais aussi à l’inclusion, et à la pérennisation des artistes queer dans le milieu de l’art contemporain ?
AP. Ça ne dure peut-être qu’une semaine aux Magasins Généraux, mais c’est un symbole fort d’avoir dix artistes exclusivement queer exposé·es dans une grande institution culturelle francilienne. Ensuite, on remet ça trois fois en deux mois dans différentes galeries. Cette répétition de visibilité apporte beaucoup. Avoir dix artistes qui nous représentent, nous, ça a un impact culturel, social et politique important.
Avez-vous déjà prévu de faire une troisième édition du Prix Utopi·e ? Quel est le conseil fraîchement appris que vous avez déjà hâte d’appliquer ?
AP. Bien sûr que oui ! Ce que je retiens notamment, c’est que personne ne va nous offrir une place, il faut la créer nous-même. Si le Prix Utopi·e a émergé, qu’il a reçu autant de candidatures, qu’il a pu en faire une deuxième et en recevoir encore plus, c’est qu’il a une raison d’être. On a besoin de prendre de l’espace en tant qu’artiste queer si l’on veut que la société évolue. Il faut y aller, arrêter d’avoir peur, avoir confiance en nous, y croire à fond et défoncer les portes, et s’entourer de personnes qui veulent nous accompagner dans ce sens-là.
MI. Je retiens aussi de ne pas confondre patience et attentisme. Personne ne va venir nous chercher parce qu’on aura attendu poliment en silence. Il n’y aura pas de ticket gagnant du loto, ni de grand mécène tombé du ciel, c’est à nous de provoquer les rendez-vous décisifs, de créer les opportunités. On veut garder l’énergie de la première et la deuxième édition, sans insouciance. On est au bon endroit, au bon moment.
Rendez-vous aux Magasins Généraux (1 Rue de l’Ancien Canal, 93500 Pantin) du 24 au 28 mai pour retrouver les œuvres des 10 artistes sélectionnéxes pour l’édition #2 du Prix Utopi·e. Une programmation accompagnera l’exposition, de la soirée d’ouverture au week-end de clôture : performances, lectures, DJ sets, conférences…
Soirée d’ouverture mardi 23 mai de 18h à 23h.
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