Difficile d’échapper à la façon dont le droit à l’avortement s’avère aujourd’hui plus que menacé aux États-unis, depuis une fuite de la Cour suprême de mai 2022 concernant l’annulation de l’arrêt historique Roe v. Wade, 410 U.S. 113 datant de 1973 et concernant la décriminalisation de l’IVG. Suite à cette information inquiétante, de nombreuses manifestations ont éclaté à travers le pays, notamment organisé par des socialistes démocrates de New York qui ont appelé tous les participants à porter du vert et surtout un bandana de cette couleur pleine d’espoir.
Pour défendre le droit à l’avortement aux États-Unis, les militantes arborent un foulard vert
D’autres manifestations ont suivi ce code vestimentaire, comme à Miami, Washington D.C., si bien que le foulard devient peu à peu un symbole de lutte de défense des droits reproductifs aux États-Unis, rapporte le média Refinery.
Si cela peut sembler nouveau au pays de l’oncle Sam, ce bout de tissu revêt déjà cette symbolique depuis plus d’une décennie en Argentine. En effet, c’est parce que les femmes argentines portaient des foulards verts en manifestation dans les rues pour réclamer la dépénalisation de l’avortement qu’on les surnommait « la Marée verte ».
Mais pourquoi un foulard vert ? Ce symbole a été pensé comme tel à partir de 2003, rapporte Victoria Tesoriero, membre de la Campagne pour le droit à l’avortement en sécurité, légal et gratuit en Argentine, auprès du média La Croix :
« C’était une couleur qui n’était utilisée par personne, et il avait comme point positif de représenter la vie. […] Nous, les féministes, nous voulions une marque distinctive qui nous permette de nous reconnaître et associer cette lutte aux droits humains, l’avortement comme un droit humain des femmes »
La symbolique du foulard vert pour l’avortement vient d’Argentine
Ce symbole a gagné en popularité à mesure que la Campagne nationale pour le droit à l’IVG s’organisait dès 2005. D’après des ONG, 500.000 avortements clandestins se pratiquaient chaque année en Argentine, avant sa dépénalisation jusqu’à 14 semaines de grossesse, officialisée en janvier 2021.
Dans son sillon, le mouvement #NiUnaMenos (« Pas une de moins »), contre les violences faites aux femmes, dont les féminicides et uxoricides, a gagné en ampleur à partir de 2015. Ce mouvement doit notamment sa forte visibilité à ses codes visuels très reconnaissables, dont le foulard vert.
Celui-ci s’inspire notamment des Madres de Plaza de Mayo. Ces mères et grands-mères se réunissaient à partir de 1977 sur cette place majeure de la capitale de Buenos Aires afin de protester pour la reconnaissance de la « disparition » de près de 30.000 personnes sûrement assassinées sous la dictature de Jorge Rafael Videla dans les années 1970.
En signe de ralliement, elles portaient en premier lieu des langes en tissus de leurs bébés disparus, ressemblant à des foulards blancs qu’ont commencé à adopter leurs alliées. Comme un symbole de convergences des luttes, le foulard vert s’est donc ajouté au fil des années 2000 à ceux immaculés de ces militantes emblématiques en Argentine, qui ont inspiré des féministes d’autres pays, comme la Colombie.
Le foulard vert pour l’avortement porté jusqu’au sein du Sénat des États-Unis
Dans ce sillage, d’autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont adopté le foulard vert pour revendiquer le droit à l’avortement. Et maintenant, c’est au tour de féministes aux États-Unis de l’arborer dans les rues. Mais aussi au sein même du Sénat, comme vient de le faire la députée de New York, Nydia Velazquez le 11 mai 2022, jour où les démocrates ont échoué à adopter un projet de loi pour garantir le droit à l’avortement :
Celle-ci a ainsi déclaré, à propos de son foulard vert porté autour du cou, auprès de Refinery :
« Je voulais envoyer un message aux femmes des États-Unis et d’Amérique latine qui défilent ensemble avec le même objectif en tête : protéger notre droit de choisir. Le sort est le même, que des avortements sûrs, légaux et accessibles sont un droit fondamental pour les femmes.
Je veux spécifiquement transmettre le message aux femmes de tous âges à travers le monde qui pourraient être effrayées par ce qu’elles voient aux États-Unis, que nous soutenons fermement le droit d’une femme de choisir ce qui arrive à son corps et je continuerai à militer car nous ne reviendrons jamais [sur ce droit]. »
Que ce symbole du foulard vert soit repris aujourd’hui aux États-Unis montre donc la dimension internationale de l’importance de la reconnaissance et de l’exercice du droit à l’avortement pour la santé reproductive. Un droit fondamental, partout dans le monde.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran du compte Twitter @CampAbortoCABA.
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