« Femme au volant, mort au tournant ». Vous avez sûrement déjà entendu cet adage aussi sexiste qu’erroné. Pourtant, les chiffres dépeignent une tout autre réalité, comme le révèle la délégation gouvernementale pour la sécurité routière dans un communiqué publié lundi. En effet 84 % des responsables ou présumés responsables d’accidents mortels au volant sont des hommes. En 2022, ils constituaient également 78 % des morts sur les routes, et 88 % des jeunes conducteurs tués. Et lorsque l’ébriété s’en mêle, le pourcentage augmente drastiquement : 93 % des conducteurs alcoolisés impliqués dans un accident sont… des hommes.
La masculinité serait-elle un facteur aggravant, au même titre que l’alcool, la fatigue ou les stupéfiants ?
« Soyez l’homme que vous voulez être, mais soyez un homme vivant »
Le message est clair. L’univers automobile, très lié à une certaine vision de la virilité, peine à adresser clairement ses biais de genre, aux conséquences pourtant dévastatrices. « Ces stéréotypes contribuent à perpétuer l’idée que l’homme, contrairement à la femme, aurait une forme d’aptitude naturelle pour la conduite, aboutissant ironiquement à transformer vitesse excessive, dépassement dangereux ou certitude de « tenir l’alcool » en signes d’une compétence toute masculine » peut-on lire dans le communiqué de la Sécurité routière. La campagne sera diffusée à partir d’aujourd’hui, à la télévision, sur les réseaux et dans les cinémas, sous forme de vidéo : on y voit des jeunes pères accueillir leurs fils avec tendresse. En fond, un texte lu par Pio Marmaï, invitant à se libérer des carcans et de la pression sociale : « Tu n’as pas à suivre ce qu’attendent les gens d’un homme. Écris l’homme que tu veux être ».
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Vers une réflexion commune sur la virilité
Victoire Tuaillon avait déjà abordé ce sujet dans un épisode de son podcast Les Couilles sur la Table, intitulé Des Hommes et Des Bagnoles. Elle y recevait le sociologue de l’automobile Yoann Demoli, qui mettait alors en évidence le lien historique unissant automobile et clichés autour de la masculinité : « La voiture depuis ses débuts est considérée comme un engin d’exploit sportif, un véhicule où l’on peut mettre à l’épreuve sa virilité, conduire vite, dangereusement… ». L’expert y voyait également une dimension de classe très forte, rappelant la surmortalité des jeunes ouvriers dans ce type d’accidents.
Le communiqué de la Sécurité routière souhaite délivrer un message de bienveillance pour « inviter les hommes à se libérer des attentes sociales qui les incitent à associer virilité et prise de risque. » Et si la solution pour limiter les accidents de la route, comme le suggère Victoire Tuaillon, était tout simplement de promouvoir d’autres modèles de masculinité ?
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Les Commentaires
Plaisanterie mise à part; je ne compte plus le nombre de fois où j'ai pu voir un automobilisme (très rarement une) faire preuve de conduite agressive, de mise en danger de soi-même au volant, de touchaient de fion avec le code de la route... c'est limite un motif récurrent