Je viens d’une famille modeste et mes parents se sont saignés aux quatre veines pour que l’on puisse, moi et mes soeurs, partir en vacances et faire des études.
Ils m’ont transmis l’idée assez répandue dans notre société qu’il faut se battre pour réussir, et avoir un métier, un bon salaire et un certain confort de vie.
Je me suis donc accrochée pour faire des belles études et une fois mon Master 2 en poche j’ai pu décrocher un job passionnant dans l’innovation et le digital avec un salaire correct à la clé. Finis les découverts bancaires et à moi le crédit immobilier pour devenir propriétaire.
Je sentais mes parents fiers et rassurés de me savoir casée, avec un métier et une maison. Ils ont tellement tout donné pour cette réussite sociale que le contraire les aurait peinés et inquiétés. J’avais rempli ma mission !
Une routine pesante
J’ai mis du temps avant de comprendre que je me sentais enfermée dans une case trop petite et que la routine me pesait.
Dans le groupe industriel international où je travaillais à l’époque, j’avais le sentiment de toujours devoir en faire dix fois plus que les autres pour faire mes preuves, parce que je suis une femme et que j’ai un master universitaire, et pas un diplôme d’une grande école d’ingénieurs ou de commerce.
La pression, le stress, les heures supplémentaires, les petites remarques mesquines… J’avais l’impression d’avoir un poids chaque jour plus lourd sur les épaules.
Tout n’était pas négatif, loin de là. Mon travail m’a quand même permis de m’épanouir intellectuellement, de vivre confortablement, et surtout de rencontrer des personnes incroyables.
Renouer avec l’essentiel
Et puis un jour, on a décidé de se marier avec mon compagnon, rencontré pendant mes études. Pour notre cadeau de mariage, nous avons proposé à nos invités de participer à l’achat d’un van, un petit fourgon aménagé pour sillonner l’Europe. J’allais enfin pouvoir sortir de ma case, au moins le temps des vacances, pour vivre ailleurs, autrement.
Dans notre maison à roulettes, on n’a que l’essentiel : pas de douche ou de toilettes, et un espace réduit qui empêche d’accumuler des trucs inutiles. Surtout, voyager en van permet de prendre des décisions au jour le jour. Pas de réservation dans un hôtel ou un camping qui nous attendent, juste l’envie d’aller à cet endroit, de rester ou de partir. Le tout en se reconnectant avec la nature, toujours plus belle et plus sauvage au fil des voyages.
À l’été 2017, on a pris la route de la Suède et de la Norvège, deux pays qui m’ont toujours beaucoup attirés. On y a découvert une nature vaste et sauvage et des gens sans artifices ou faux semblants. Ici on ne fait pas la bise, on ne dit pas bonjour à des inconnus, on ne tient pas la porte. Par contre, quand on est amis, quand on s’aime, on se serre dans les bras en pleine rue. J’y ai trouvé une forme de sincérité et de vérité qui me faisait écho.
Et puis, il a bien fallu rentrer au bout de trois semaines et j’ai laissé derrière moi la Scandinavie comme un déchirement. Pendant notre road trip, on avait émis l’idée de rester y vivre avec mon mari, mais souvent on dit des choses comme ça en vacances et puis on oublie. Mais pas cette fois-ci…
Cap sur la Suède
De retour en France, on a commencé à discuter sérieusement de s’installer en Suède. Notre choix s’est porté sur ce pays pour plusieurs raisons : c’est un pays de l’Union Européenne (contrairement à la Norvège) donc il est plus simple de s’y installer, et la météo y est plus clémente.
Plus on s’intéressait à ce pays, plus on découvrait des aspects qui nous attiraient vraiment : les valeurs d’ouverture, d’égalité femme-homme, le rapport à la nature, l’engagement écologique…
Il y avait aussi un confort de vie qui nous plaisait : pour les Suédois, il est très important de conserver du temps pour soi, pour ses activités ou sa famille. Il est donc assez mal vu de faire des heures supplémentaires ! Quel contraste avec mes semaines de 50 heures en France…
Pour confirmer tout ça, on a décidé d’y retourner en décembre, soit quatre mois après notre road trip, dans la ville de Göteborg où l’on imaginait s’installer. On voulait vérifier que l’hiver serait supportable.
Pendant dix jours, on a sillonné la ville, dans le froid, sous la pluie, dans le noir et… on a adoré ! En fait, je crois que l’on avait déjà pris notre décision avant même d’arriver, car on était déjà en mode repérage, d’où on allait vivre, et comment.
Trouver un emploi en Suède
Une fois la décision prise, on n’en a pas parlé tout de suite autour de nous, parce qu’on s’était fixés deux conditions pour partir : vendre notre maison et que l’un de nous deux trouve un emploi en Suède.
La maison était en vente, on a commencé à chercher du travail et au mois de mars mon mari a reçu deux propositions de contrat le même jour ! Il faut dire qu’il est développeur web, un métier qui facilite la recherche d’emploi…
Ensuite, nous avons dû démissionner, annoncer notre départ, faire nos cartons, vendre la maison, et dire au revoir à nos proches.
Heureusement qu’à ce moment là l’excitation du départ était forte, parce que sortir complètement de sa zone de confort et se confronter aux autres -qui sont soit admiratifs, soit dans l’incompréhension- n’est pas simple. Tu dois croire très fort à ce que tu es train de faire.
Avant le départ, il y avait aussi pas mal d’administratif à gérer : annoncer son départ aux impôts et à la sécurité sociale, clôturer tous les contrats d’assurance, de téléphone et d’internet. Vendre nos voitures et nos meubles et préparer le déménagement. En parallèle, il a fallu trouver un logement en Suède, s’occuper des papiers d’identification, ouvrir un compte en banque, reprendre une assurance, etc.
S’installer dans un nouveau pays
En Juin 2018, on est partis pour de bon. Depuis, je suis plus ou moins à la recherche d’un emploi et je profite de cette pause pour faire le point, me remettre au yoga, à la peinture et à l’écriture. On a aussi profité de l’été pour continuer à explorer le pays en van en étant libre de s’arrêter où l’on veut car le camping sauvage est autorisé dans le pays.
On commence à s’habituer aux températures extrêmes et aux nuits qui n’en finissent plus. Heureusement, tout ici est fait pour que tu te sentes bien et passe en mode cocooning six mois par an : se mettre au chaud dans un café, se promener dans les rues illuminées de décorations, où juste rester chez soi avec un gros pull et des grosses chaussettes…
Et quand l’été arrive, c’est l’inverse : le jour n’en finit plus et tu dois habituer ton corps à dormir en pleine lumière. C’est ce qui me faisait le plus peur et finalement je ne ressens presque pas l’impact ! Je vois cette alternance forte des saisons comme une reconnexion aux cycles de la nature.
Finalement, je ne me suis jamais sentie autant chez moi et je ne pensais pas qu’on s’habituerait aussi vite ! Si mes amis et ma famille me manquent parfois, je n’ai pour l’instant jamais ressenti le besoin de retourner vivre en France.
Toi aussi tu rêves de partir vivre dans un autre pays ? Tu as déjà sauté le pas ? Viens en parler dans les commentaires !
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