Pour des tas d’enfants, légumes = démons de l’enfer. Du jour au lendemain, alors que votre précieux héritier ne rechignait jamais pour manger tout ce qui était sa portée (que ce soit comestible ou non, on parle quand même d’un petit être humain qui trouvait que les semelles des chaussures étaient dignes d’un restau étoilé) le voici qui boude systématiquement son assiette et son contenant, n’acceptant de manger que des pâtes, du chocolat et du poisson pané.
Alors ok, c’est sympa les pâtes, mais ce n’est pas ça qui va le nourrir correctement, nutritivement parlant. Mais qu’est-ce qu’on peut faire, en tant que bon parent relativement au bout du rouleau, face aux refus systématiques de la petite Marie-Louise qui est devant son assiette ? Eh bien, on essaye ces quelques astuces, et on croise fort les doigts.
Comprendre l’origine du problème
Le refus de se nourrir d’un enfant peut être une grosse source d’angoisse pour les parents. Quand ils voient que seules les coquillettes au fromage trouvent grâce aux yeux de leur héritier, ils paniquent, se disent que leur précieux va développer des carences, souffrir de malnutrition, pour finir par brûler des voitures à l’adolescence ou pire : devenir fan de Jul. Oui, un parent au bout du rouleau, ça part très vite dans le drama.
Mais sinon, si vous êtes dans cette situation et qu’on se pose deux minutes pour analyser le truc : est-ce que votre enfant refuse de manger autre chose que des pâtes — ou tout autre aliment — absolument partout, ou que chez vous ? Est-ce qu’à la crèche ou à l’école, il mange de tout ? Est-ce que l’équipe encadrante qui s’occupe de lui vous a déjà convoqué pour vous dire que franchement là, c’était chaud, il ne mangeait rien ?
Si c’est le cas, consultez un professionnel de santé, ce n’est pas anodin, et il faut creuser pour voir ce qu’il se passe. Si ce n’est pas le cas et qu’il n’y a qu’avec vous que c’est compliqué : tant mieux, ça va être plus « facile » à gérer. Je mets le mot « facile » entre guillemets parce que vous savez bien que ça ne va pas non plus être une partie de plaisir, vous êtes des parents en 2023 avec toutes les injonctions qui vont avec, donc ça ne va pas se faire non plus finger in the nose. Mais au moins, il n’y a pas de pathologies, c’est quand même toujours ça de pris.
Si votre enfant ne refuse qu’avec vous de manger autre chose que des pâtes, ce n’est pas grave en vrai, ce n’est qu’une phase (comme souvent dans la parentalité). Ça va passer, souvent tout seul, et votre enfant ne va pas manger que des poissons panés jusqu’à ses 37 ans. Promis, il finira bien par manger autre chose un jour, et on peut lui filer un coup de main pour accélérer le processus.
Faire manger de tout à un enfant : y aller en douceur
Déjà, première chose à savoir : on évite de forcer un enfant à manger. Souvenez-vous plus jeune, lorsque qu’on vous disait « tu n’auras pas de dessert si tu ne termines pas ton assiette » ou encore « tu ne quittes pas cette table sans avoir terminé tes brocolis ». Il y avait aussi l’option « Tu sais le nombre d’enfants qui ne mangent pas à leur faim ? Alors termine-moi tout ça ! » Oui, nos parents et grands-parents ont merdé sur ce coup-là, on peut le dire, nous et nos TCA.
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La nourriture est un sujet si sensible et personnel qu’il faut essayer, autant que faire se peut, de ne pas en faire un truc énorme. Est-ce qu’il va mourir s’il ne mange pas des légumes à chaque repas pendant deux mois ? Non. Surtout qu’il en mange à la crèche, ça va, détendons-nous.
Jean-Eudes ne veut pas manger ses petits pois ? Ok, mais il faut au moins qu’il en goûte un, pour connaitre le goût que ça a. Goûter à tout ou presque, sans forcer, en ajustant en fonction du moment, c’est aussi une option.
Aider son enfant à manger de tout, sans pression
Face à un enfant qui a une aversion pour les légumes, il y a quelques astuces pour l’aider à les apprivoiser, en douceur :
- Le faire participer à la préparation du diner, en lui trouvant une tour d’observation (ou une chaise pour qu’il grimpe dessus) et en lui proposant de couper les légumes avec des outils adaptés. Pas mal de marques se sont lancées dans les objets de découpe spécialement pour les enfants, qui leur évitent de se trancher un doigt à la place de la courgette qu’ils voulaient découper. Le faire participer, c’est un bon moyen de l’aider à découvrir ce qu’il va manger, sans compter qu’il sera fier comme un paon d’avoir aidé à faire le diner, comme un grand.
- Préparez des repas chouettes à déguster, et qui ne mettent pas le légume au centre, physiquement parlant. Des recettes de flans aux légumes, de pancakes à la courgette, de cake à la tomate et aux poireaux… Ce n’est pas l’inspiration qui manque !
- Laissez-lui le choix de se servir. Au lieu de lui apporter son bol avec son repas tout prêt dedans, il peut participer en mettant lui-même ce qu’il souhaite dans son assiette. Niveau motricité et éveil aux sens, c’est pas mal. Évidemment, il ne faut pas qu’il y ait qu’un plat de pâtes à table hein, sinon ça ne marche pas. Mais si vous mettez plusieurs bols avec des choses différentes dedans, en lui proposant de se servir, ça peut fonctionner.
- Pour les plus petits, l’assiette à compartiments est une bonne option. Un peu sur le même principe que de se servir seul, le fait de voir plusieurs catégories d’aliments dans son assiette lui fait comprendre qu’il a le choix, et qu’il contrôle la situation, indépendant de vous.
- Laissez-le patouiller avec ses mains. Bien sûr qu’on aime tous avoir un sol propre sans grains de riz, mais pour un petit, le repas passe aussi par le sens du toucher et de la vue. Laissez-le agripper avec ses petits doigts ce qu’il veut manger et l’enfourner, façon DME — la diversification alimentaire menée par l’enfant — et tout le monde sera content et détendu.
- Lâchez prise. Oui, je sais, ce n’est pas facile. Mais encore une fois, rappelez-vous que tout n’est que phase, et que son amour exclusif pour les pâtes finira bien par passer. Tant qu’il mange autre chose les midis quand il est à la cantine ou à la crèche, ça va, ça passe.
Si vous paniquez à l’idée des futures grandes vacances qui approchent et au fait qu’il sera à la maison avec vous matin, midi et soir, laissez couler. Proposez-lui de participer aux repas, mangez tous ensemble, proposez-lui de goûter à tout, ne réagissez pas avec colère s’il balance son assiette au sol, et respirez par le ventre si ça arrive.
Oui, c’est pénible comme phase, oui ça peut être stressant, mais ça va finir par passer, comme tout le reste. Encore une fois, rares sont les adultes qui ne se nourrissent que de coquillettes !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Ma fille trouve que les navets sont fourbes. Ils ressemblent aux pommes de terre mais ce ne sont pas des pommes de terre.
Lorsqu’on a commencé la diversification, la pédiatre m’avait dit que ma fille risquait parfois de ne pas vouloir d’un aliment. Qu’il ne fallait alors pas insister mais ne pas non plus plus proposer un aliment de substitution car un enfant ne se laisse jamais mourir de faim.
Lorsque cela m’est arrivé, j’ai effectivement dit, ok, on passe à la suite, après le repas, puis je l’ai couchée. La nuit suivante, j’avais des remords mais au réveil, le lendemain elle avait tout oublié et a mangé normalement.