En février dernier, lors du congrès annuel de la Society for Personality and Social Psychology, des chercheurs et chercheuses en psychologie sociale ont présenté leurs travaux.
Ces derniers portaient sur les conversations informelles, la façon dont nous les engageons et de nos craintes vis-à-vis de ces interactions sociales !
Faire la conversation, c’est pas si simple
Comment engager et entretenir une conversation ? Vous sentez-vous à l’aise lors de ces interactions ou, au contraire, est-ce une situation que vous appréhendez ?
La chercheuse Erica Boothby et son équipe ont conduit une série d’expériences avec près de 700 personnes.
Leurs résultats suggèrent que nous aurions tendance à sous-estimer notre capacité à engager une conversation banale, à juger que les autres sont meilleurs que nous, et que tous les couacs (silences, quiproquos) sont de notre faute.
Autrement dit : y a du boulot. Voici donc quelques conseils pour travailler ton aisance lors de ces interactions sociales !
1. Une conversation, ça se fait à deux
La première chose dont nous pourrions nous rappeler, c’est qu’il est fort probable que nos interlocuteurs et interlocutrices partagent nos inquiétudes…
Et que même si ce n’est pas le cas, ils et elles pardonneront, oublieront certainement les potentiels moments bizarres de la conversation !
2. Il n’y a pas à avoir peur de faire la conversation
Pour les besoins d’une recherche, Gillian Sandstrom a interrogé des volontaires avant et après leur conversation avec des inconnus.
La scientifique s’est aperçue qu’avant les échanges, les volontaires expriment un certain nombre de peurs… mais après la fin des conversations, ils et elles reconnaissent que peu de leurs angoisses se sont concrétisées !
Mieux encore : au premier abord, les gens nous apprécieraient plus que ce que nous croyons. C’est le « liking gap » (littéralement « l’écart d’appréciation »).
Si tu souhaites en savoir plus sur le sujet, clique ici !
3. Pose des questions pour relancer la conversation
La chose est courante : nous sommes au beau milieu d’une conversation, et tout à coup, c’est le vide, nous ne savons plus quoi dire.
Une recherche propose un conseil précieux pour sauver la situation : poser une question
.
Le fait de poser des questions (idéalement liées à ce que l’autre a confié précédemment) nous rendrait plus aimable aux yeux de notre interlocuteur ou interlocutrice !
(Et, au passage, s’il s’agit d’une interaction professionnelle, augmenterait tes chances d’être embauchée, promue, augmentée…)
Un groupe de chercheurs et chercheuses (Huang, Brooks, Minson et Gino) a observé plus de 300 conversations, en ligne et IRL, entre des personnes en train de faire connaissance.
Selon leurs analyses, il semble que celle et ceux qui posent le plus de questions sont plus appréciées, que ce soit sur Internet ou dans le monde physique.
Poser une question suggère à notre partenaire de discussion que nous ne sommes pas seulement en train de l’écouter, nous sommes également intéressées par ce qu’il raconte, pardi !
4. Comment améliorer le flow de la conversation
Trois chercheurs et chercheuses, Namkje Koudenburg, Tom Postmes et Ernestine H. Gordijn, ont exploré les facteurs qui pouvaient favoriser le flow de conversation (ce que l’on pourrait traduire par une « conversation optimale »).
D’abord, les spécialistes encouragent à prêter attention à notre communication non-verbale : notre attitude, notre gestuelle ou encore le ton de notre voix peuvent donner des indications à nos interlocuteurs et interlocutrices.
Aussi, acquiescer avec la tête, sourire, adopter une attitude ouverte, user de petits mots d’encouragements (« mmh », « oui ») peuvent contribuer à rendre une conversation fluide et agréable.
De la même manière, l’attitude et le comportement de notre interlocuteur ou interlocutrice peut nous donner des billes sur ce qu’il ou elle ressent, sur son souhait (ou non) de poursuivre l’interaction…
Ensuite, des recherches suggèrent qu’adopter une posture similaire à celle de l’autre (par un effet « miroir ») pourrait améliorer le lien, tout comme le fait d’utiliser des termes similaires (ou le même type de langage)?
Cela peut signaler que nous parlons « la même langue » et que, peut-être, nous faisons donc partie du même groupe social.
Les relances, les pauses et les silences ont également un rôle essentiel dans la conversation. C’est ce qui crée le « rythme » et ça permet aussi à l’autre de trouver sa place dans l’interaction.
Faire la conversation, ça s’apprend
En somme, nos conversations, formelles ou informelles, sont remplies de micro-caractéristiques et d’un tas de facteurs qui influencent la manière dont elles se déroulent, les sentiments qui en découlent, et les impressions données.
Pour ma part, en grande timide, je garde bien en tête un conseil donné par une institutrice en CE2 (oui, ça remonte) pour m’encourager à parler à mes camarades : tout s’apprend !
Si le 1er essai est raté, il y aura certainement des choses à en retirer, et peut-être que le second essai sera plus agréable.
Si tu fais partie de celles et ceux pour qui les interactions sociales sont particulièrement difficiles, je te conseille aussi de le confier à tes interlocuteurs et interlocutrices.
Tu te sentiras peut-être vulnérable, mais il y a de grandes chances pour que tes partenaires de conversation accueillent l’information avec bienveillance et te donnent un coup de main pour la suite !
La bonne nouvelle, c’est qu’au quotidien, nous avons tous et toutes des milliers d’occasions d’essayer et de nous entraîner à l’art de la conversation. Rien n’est perdu !
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