Quand on a le stress facile, certains actes du quotidien deviennent difficilement gérables (comme Laurent) (Laurent Gérable) (j’ai eu ma licence en lol mention « c’est dar »). Des petits actes tout bêtes, qu’on doit pourtant faire tous les jours, ou presque.
Genre, aller faire les courses.
Aller. Faire. Les courses.
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C’est ma kryptonite. Parce que j’ai souvent besoin d’y aller (pour refaire ma réserve de Coca Zéro, ou parce qu’il y a plus de pécu, ou parce que j’improvise un apéro, ou parce que j’ai VRAIMENT SUPER ENVIE DE TESTER CETTE RECETTE DE CHOU-FLEUR RÔTI que je viens de voir sur YouTube) (recette que j’ai ratée ce midi même, pour ton information, parce que j’avais la flemme de faire des tout petits bouts de chou-fleur), mais toujours avec une pointe de stress.
Exemple de faciès délicat, confiant et détendu que je n’arborerai jamais en rentrant chez Franprix.
Toujours ? Oui. Mais de moins en moins. Parce que j’ai appris de mes erreurs et que j’ai décidé de me pencher sur la façon de rendre ce moment moins anxiogène quand j’ai touché le fond en pleurant à la caisse un jour. Quoi ? Tu m’juges c’est ça ? Normiche. Moi aussi je me juge.
C’était un dimanche soir en plein milieu de l’hiver. J’avais mis une jupe patineuse sous mon manteau, et la jupe était légèrement plus longue que mon manteau — du coup, quand je fermais ce dernier, je trouvais que ça faisait pas jojo, avec juste le bout de la jupe qui se redressait comme un con. Je partais pas sous les meilleurs auspices, et j’avais en plus une liste de courses longues comme ma cuisse (petite pour une cuisse, longue pour une liste de courses).
Et puis bon, c’était dimanche soir hein. Maintenant que je suis freelance, c’est un soir comme un autre, mais à l’époque j’étais comme tout le monde le dimanche soir, le soupir puissant comme un avant-bras de Steven Seagal de devoir dire adieu à la glande pour cinq jours.
J’avais donc galéré à trouver tous les articles dont j’avais besoin, et puis, il y avait plein de monde en caisse. J’arrivais avec mon panier qui débordait, et le caissier a commencé à passer mes produits avant que j’ai eu fini de les installer sur son tapis. Tapis qu’il n’avait pas, d’ailleurs : c’était une caisse avec une toute petite avancée. Du coup, au fur et à mesure, ma bouffe et mes gels douches posées en équilibre tombaient, et je devais me baisser pour les ramasser, puis faire des allers-retours d’un côté et de l’autre de la caisse.
Chaque fois qu’il m’attendait, le caissier, connard de son état (j’aime pas dire du mal des gens mais vraiment c’était un sacré TROUDUCUL J’SUIS SÛRE IL SENT LE PIPI J’LE HAIS J’LE HAIS J’LE HAIS heureusement qu’ils sont peu nombreux comme ça et qu’en vrai y en a plein des tip top l’escalope) jetait des regards moqueurs et agacés pour établir un lien de complicité avec les gens qui faisaient la queue derrière moi (une petite dizaine de personnes) (dans mon esprit traumatisé, elles étaient douze mille et établissaient un plan pour me tuer).
Quand il s’est mis à pianoter avec ses doigts en soupirant parce que je n’allais pas assez vite à son goût pour ranger mes affaires et payer, c’en était trop. Mon nez s’est mis à piquer, mes mains à trembler, mes yeux à s’embuer. Je n’ai rien dit. Tout juste lui ai-je jeté un regard noir en partant. Et tandis que je rentrais chez moi, en reniflant bruyamment, humiliée et le moral plus bas que terre (écoute, j’ai une certaine tendance au drama), je me suis promis que ça ne m’arriverait plus. J’ai donc établi une checklist pour partir relativement sereine me racheter du déo et des tomates cerises.
Et cette checklist, évidemment, je la partage avec toi.
Vérifier son compte en banque
Il t’est déjà probablement arrivé de te mettre à sentir une légère humidité au niveau de ton front et de ton dos en arrivant à la caisse et en te demandant si ta carte allait passer. Le premier réflexe qu’on a, dans ce cas précis, c’est de vérifier qu’on a assez de monnaie si besoin. Si ce n’est pas le cas, il est possible que ton coeur se mette à battre la chamade.
Ça m’est arrivé, ça m’arrive souvent. Je repense alors aux moments où j’avais dû abandonner mes achats, le dos rond, à la caisse, pour aller chercher de la monnaie chez moi (ou pour aller manger des nouilles chinoises restées au fond du placard parce que c’était un mois difficile et que j’avais plus de sous de toute façon).
En fait, ce stress du paiement refusé est largement évitable : il suffit de vérifier le solde de son compte avant, en ligne ou à un distributeur automatique, et d’éventuellement, si besoin, modifier sa liste de courses. C’est tout bête, comme conseil, mais ça me change TELLEMENT la vie de prendre cinq minutes pour faire ça avant d’aller faire mes achats que j’essaie de ne jamais y couper.
Choisir sa tenue
Je trouvais que j’avais l’air con avec mon bord de jupe patineuse qui dépassait de mon manteau, et ça a rajouté à ma vulnérabilité ce fameux dimanche soir. Mais ce malaise dans mon corps n’est pas la seule raison qui fait que j’aurais dû opter pour une autre tenue.
Quand je me baissais sans cesse pour rattraper ce qui tombait par terre, je montrais en effet mon slip mal caché par mes collants peu opaques. Ce n’est pas très grave. Il y a des gens qui vivent très bien de montrer leur slip quand ils se baissent en jupe, et ils ont raison (c’est plutôt moi qui devrais lâcher un peu de lest là-dessus). Moi, ça me met pas trop à l’aise.
Du coup, dans les situations qui me stressent et où je dois souvent me baisser, genre, les courses, bah j’me mets en jean (pis j’vérifie que j’ai pas de trou au niveau de l’anus et que j’ai bien mis un slip. On sait jamais.)
Ou alors j’attrape que les trucs en hauteur, sinon.
Mettre les trucs lourds en premier sur le tapis
Oui parce que, quand on est en panique à montrer son slip en suant à grosses gougouttes parce que l’hôte•sse de caisse n’attend pas qu’on ait fini de poser les affaires pour les scanner, en se persuadant que tout le monde derrière nous insulte, on ne pense pas à ce genre de petits détails tout bêtes. Pourtant, c’est d’une aide précieuse, parce que c’est du temps perdu d’un côté (celui où on met nos articles à scanner sur le tapis), certes, mais gagné de l’autre (celui où on récupère nos articles scannés pour les mettre dans notre sac et où la panique est plus grande chaque seconde) (oui, panique) (j’suis drama, j’ai dit).
Cette astuce, c’est donc de mettre les articles lourds et qui ne risquent pas grand-chose (énorme bocal de cornichons, pastèque, bouteilles d’eau, de vin, de sirop ou que sais-je) au plus près de l’hôte•sse de caisse sur le tapis, afin qu’il/elle les passe en premier, et que tu les ranges au fond de ton sac. Ainsi, tu te débarrasses de la gêne du moment où, alors que tu es en caisse depuis 27 minutes, tu réalises que si tu mets cette énorme bouteille dans ton sac, tu vas écraser tes oeufs et tes tomates, et tu prends donc une minute de plus à sortir de ton cabas les produits fragiles pour mettre ta bouteille en-dessous.
Une minute en caisse = 14 ans en vrai. Pire que les années chien.
À la place, tu peux ranger dans l’ordre de réception tous tes achats en sifflotant tellement t’es détente.
Demander à l’hôte•sse de caisse de nous attendre…
« Excusez-moi, est-ce que vous pourriez attendre que j’ai fini de poser mes affaires pour les scanner s’il vous plaît ? Parce que sinon après je m’en sors plus » est une phrase simple à retenir et honnête, en plus d’être une requête abordable. Peut-être que tu te verras recevoir un refus, mais t’auras essayé. Et si l’hôte•sse de caisse dit oui, c’est formidable.
Note : il n’est pas forcément nécessaire de rajouter à ton « Excusez-moi, est-ce que vous pourriez attendre que j’ai fini de poser mes affaires pour les scanner s’il vous plaît ? Parce que sinon après je m’en sors plus » un plus dramatique « et après je pars en pleurant et je fais un tweet rageur sur vous en essuyant mes larmes et je suis de mauvaise humeur pour trois semaines et je développe une phobie sociale C’EST ÇA QU’VOUS VOULEZ », mais si tu le sens, tu peux.
Moi qui m’amuse comme une p’tite folle quand je fais mes courses tellement j’suis détendue maintenant.
… ou s’en foutre
Merde après tout, c’est quand même bien ça, la solution. Après tout, on a tous à faire des courses dans notre vie, et parfois, on a plus d’achats à faire qu’à d’autres moments. Et puis, en vrai, la plupart du temps, les gens profitent d’être dans la file d’attente de la caisse, non pas pour râler et te balancer des sorts, mais pour envoyer des textos, remonter leur fil Instagram, voir s’ils peuvent pécho sur Tinder ou checker leur liste de courses pour voir s’ils n’ont rien oublié.
Déstressons et rappelons-nous que eh, y a pas mort d’hommes (sauf si tu balances ton énorme pot de cornichons sur le crâne de quelqu’un sans faire exprès et qu’il en résulte un décès, ce que je ne souhaite à personne).
Lâcher une caisse sur les rageux
Dernier recours, pratique, sournois et malin, au cas où tu entendrais des gens critiquer ton manque de rapidité.
De rien mon petit.
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Les Commentaires
Le caddy/cabas à roulettes: fini le torticolis, mal de dos, etcc à porter des trucs lourds.
Au lieu de prendre 1 ou 2 bouteilles d'eau, c'est le 6-packs direct.
Et pour placer les trucs lourds au début du tapis même si ils sont au fond du caddy à roulette, je laisse un espace vide sur le tapis (évidemment ça fonctionne que si on a un tapis un tout soi peu grand).
Dernier astuce: prendre l'amoureux avec (mais vu que je me dévoue pour faire les courses quand je télé travaille ça marche moins bien comme astuce)