À 34 ans, avec un vieux chien et sans enfant, je peux affirmer dorénavant et sans peur que je suis fière d’être une daronne.
Je m’en suis aperçue il y a quelques années, et je n’ai pas lutté. J’encadrais mes posters, je mangeais sain, buvais moins et me couchais tôt, j’étais autonome, carrée, je l’ouvrais quand les choses ne me plaisaient pas. J’en ai eu marre qu’on me fasse chier, et d’encaisser silencieusement. J’avais évolué et déclenché mon stade ultime : finie la meuf, bienvenue la daronne.
Force est de constater que ma définition personnelle du mot varie de celles, plurielles, qui sont remontées dans les commentaires du forum après la fusion de Madmoizelle et Rockie. Le nouveau nom que nous avons choisi de donner à l’espace dédié à la parentalité féministe sur Madmoizelle a suscité de nombreux débats que nous imaginions, venant d’une communauté si investie.
« Daronne » : un nom résolument imparfait
Nous prenons la parole aujourd’hui, avec Mélanie Wanga, pour expliquer ce nom, qui, même s’il est résolument imparfait (c’est aussi pour cela que nous l’avons sélectionné), est mûrement réfléchi. Daronne ne faisait pas l’unanimité au sein de la rédaction, alors pendant longtemps nous lui avons cherché un remplaçant à la hauteur
, sans succès, enchaînant les brainstormings : nous avons même pensé à « Madmoizelle-sur-Mère », vous voyez, on a quand même essayé.
Nombreuses sont les lectrices qui trouvent le terme maladroit, daté, et ne s’adressant qu’aux mères de famille, excluant toutes les personnes n’ayant pas fait l’expérience de la maternité.
Daronne, pour moi, c’est bien plus que ça.
Ce n’est ni moqueur ni injurieux. Ce n’est pas non plus synonyme de « tenancière de bordel » ou de « propriétaire de maison close ». C’est une déclaration, une affirmation. Je refuse de réduire à ces termes celles qu’on veut dénigrer parce qu’elles sont « âgées », « vieilles », « mères », mises au rebut d’une société jeuniste en oubliant que hey, viendra un jour, où vous aussi vous ne comprendrez rien aux nouvelles tendances (et surtout, vous n’en aurez plus rien à carrer). Comme si la jeunesse avait tout inventé. Sans déconner, vous avez vu comment on était fringuées à 15 balais ?!
Les daronnes, c’est beaucoup plus qu’une question d’âge, c’est une mentalité.
Ce sont toutes les meufs qui font tenir la société depuis des centaines, voire des millions d’années. Ce sont celles qui gèrent leur foyer, leur entreprise (eh oui, daronne est aussi un synonyme de patronne), leur famille, leur vie perso d’une main de maître. Ce sont celles qui parlent fort ou qui parlent peu, mais agissent en sous-marin, qui savent se faire respecter dans des sociétés patriarcales millénaires, et à qui on reprochait (et on reproche encore) leur assurance, leur confiance, leur savoir, leur autorité.
Se réapproprier le terme « Daronne »
Les daronnes, ce sont ces femmes d’aujourd’hui qui peuvent avoir 16 ou 54 ans, et qui au quotidien avancent, bousculent, responsabilisent, mettent les gens, le monde, face à leurs contradictions, face aux vérités. Ce sont toutes celles sur lesquelles nous comptons quotidiennement.
Réapproprions-nous ce terme et cherchons vraiment où est l’injure : d’être une mère ? D’être responsable ? D’être plus expérimentée ? Comme pour « Madmoizelle », nous choisissons d’empouvoirer ce mot qui paraît désuet en lui donnant la force qu’il mérite.
Nous faisons de Daronne non plus une insulte, mais une affirmation, et lui dédions ce nouvel espace sur notre site. Nous faisons aussi le souhait qu’un jour, sans honte, et avec fierté, vous vous reconnaissiez comme moi, comme nous, dans ce nouveau nom, ce nom qui symbolise toutes celles qui gèrent, que ce soit dans l’ombre ou dans la lumière.
Bienvenue chez Daronne, un endroit dédié à la parentalité féministe où nous voudrions que chacune et chacun se sente toujours chez soi.
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