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Comment bien gâcher son confinement

Chloé est une de nos lectrices à l’humour mordant. Tous les mois, elle partage sur Rockie son expérience de la grossesse et de la maternité, mais cette fois-ci, elle te parle du confinement qui peut être un échec, surtout quand c’est avec les mauvaises personnes.
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Il y a quelques mois, un gourmet aventureux s’est lancé à la conquête de nouvelles saveurs en se concoctant une soupe au Pangolin, un mammifère écaillé généralement peu coutumier de nos casseroles.

Si l’histoire ne raconte pas le goût de l’étrange pitance (étrange de mon point de vue ethnocentré, après tout notre sacro-saint bœuf représente une hérésie alimentaire dans de nombreuses cultures), on peut en revanche supposer qu’il n’aura pas fallu plus de quelques jours pour que son cuisinier et son entourage se mettent à tousser. Trois mois plus tard, te voilà confiné à domicile alors qu’une ambiance de fin du monde règne au-dehors. Si la situation est relativement anxiogène pour tout le monde, certains facteurs peuvent la rendre carrément insupportable, comme par exemple la présence de compagnons d’infortune totalement inadaptés à ce genre de moments compliqués. Pour t’éclairer j’ai donc dressé une typologie des 4 profils avec qui ne jamais se confiner.

Le partenaire amoureux

Lorsque tu as rencontré Achille, tu t’es dit qu’avec des yeux pareils, il était né pour l’amour avec toi. Vos chemins se sont croisés un 26 Février 2020, 12 jours après la Saint-Valentin, si ce n’est pas un signe, je ne sais pas ce que c’est. Ton univers se résume depuis ce jour à Ulysse et sa beauté taiseuse (pourquoi parler quand nos étreintes charnelles s’expriment pour nous ?). Au-dehors, le monde est rongé par une maladie dévastatrice, mais depuis la chambre à coucher que vous ne quittez plus, ce confinement qui s’annonce au loin souffle soudain un ouragan de romance sur votre histoire naissante.

Les cinq sens en fusion, vous vous réjouissez de pouvoir vous nourrir exclusivement l’un de l’autre pendant une période qui promet d’être aussi longue que délicieuse.

Au jour 1 du confinement, alors que tu observes le ténébreux Persée qui consulte son fil Facebook, tu te dis qu’à l’image de votre amour, les plus belles fleurs poussent au milieu des ruines.

Soudain, pour la première fois depuis le début de votre histoire, il s’exclame quelque chose qui n’a rien d’un sous-entendu sexuel :

« Non mais regarde-moi tous ces moutons ! ». Tu te demandes de quoi il parle, la municipalité aurait-elle installé une ferme pédagogique porte de Montreuil ? « Ils sont manipulés par le nouvel ordre mondial qui a inventé ce virus exprès pour les exterminer et eux, ils foncent dans le panneau ! », tu te permets de demander à Thésée ce qu’il veut dire par là :

« Ne me dis pas que tu crois la version officielle des merdias et de la gauchiasse ! Tout le monde sait que le virus a été fabriqué par les Reptiliens chinois dans le but de soumettre tous les humains de la terre ! Le nouvel ordre est en marche et ceux qui refusent de se soumettre seront vendus comme esclaves aux Aliens ! ».

Tu cherches l’ombre de quelque chose sur le visage d’Hector. Malheureusement pour toi et pour les longues semaines à venir, il ne plaisante absolument pas.

Le colocataire sympa

Les choses commencent toujours de la même façon : ton compte en banque a beau donner le meilleur de lui-même, il ne peut pas lutter contre une crise du logement qui propose des studios de 15 mètres carrés miteux et excentrés en échange du PIB Suisse.

Une seule solution s’impose à toi : la colocation, c’est-à-dire la vie dans un espace restreint avec des étrangers dont 95% s’avèreront être de dangereux sociopathes. Fin janvier 2020, le colocataire sympa ouvre la porte de l’appartement convoité (il s’agit du seul logement dont le montant du loyer n’exige pas que tu vendes chaque mois l’intégralité de tes organes vitaux).

Il est étudiant et s’il ne te précise pas la nature de ses études, l’odeur qui flotte dans l’appartement indique clairement que tu te trouves en présence d’un élève botaniste qui se spécialise dans la culture et la vente de plantes exotiques souvent très prisées du grand public, excepté de la police. La vie auprès du colocataire sympa est très rafraîchissante même si tu as parfois l’impression de vivre sur un stand de la foire de Paris tant le passage est fréquent dans ton appartement. Mais n’est-ce pas là toute la beauté des échanges humains ? En cette période de précarité salariale, il est important d’encourager les initiatives professionnelles alternatives, quelles qu’elles soient ! Vraiment ? Nous sommes le 27 mars 2020 et sans surprise la petite entreprise de ton colocataire n’a jamais si bien fonctionné, à en croire les coups de sonnette incessants qui retentissent à tout moment du jour et de la nuit.

Au dixième appel anonyme passé aux forces de l’ordre, un agent plus honnête que les autres admet qu’au vu de la situation décrite, les risques de contagion sont bien trop élevés pour qu’un agent déjà débordé ne prenne le risque d’intervenir. Malgré l’isolation de fortune qui tu as bricolé à base de collants et de fourrage d’édredon pour renforcer ton cadre de porte, le masque confectionné à partir d’un vieux slip et les hallucinations causées par la faim, tu entends clairement un client tousser comme un dément dans l’entrée, avant de se plaindre d’une fièvre qui ne part pas et de difficultés à respirer.

Sympa comme toujours, ton colocataire l’invite à rentrer, car il a « quelque chose qui va l’aider à se détendre ».

Le petit enfant

Franchement la parentalité, ce n’est pas toujours simple. Pour la première fois de ta vie, tu dois faire semblant d’être l’adulte de la situation, charge à laquelle tu n’es absolument pas habituée.

Par exemple, tous les soirs il faut expliquer à ton petit humain que les chocolats Kinder ne constituent pas un dîner correct. Comme l’enfant a deux ans et qu’en plus il voit très bien qu’au moment où tu lui dis ça, tu as toi-même la bouche pleine de chocolat, il se met à hurler pour ne plus s’arrêter. Tu t’es juré que tu ne ferais jamais partie de ces parents qui allument la télévision pour calmer les velléités hurleuses de leur enfant surexcité. D’ailleurs, ton petit trésor ne croisera pas l’ombre d’un écran avant ses 18 ans.

C’est donc tout naturellement que tu lances Peppa Pig, et non seulement tu as l’impression d’être un échec parental absolu mais en plus tu tombes sur la dixième rediffusion de l’épisode où Peppa monte dans un bus et voilà, c’est ça l’intrigue. À tes cotés ton enfant innocent, le museau barbouillé de chocolat tape dans ses mains en chantant le générique.

Heureusement qu’en temps normal, il te suffit de confectionner une petite purée aux brocolis bio pour remettre les compteurs à zéro et te donner l’impression que tu gères relativement bien ce truc de grande personne responsable. Sauf qu’en ce début d’année 2020, endosser le rôle de l’adulte de la situation veut réellement dire quelque chose, et ce quelque chose s’avère très compliqué. Ton enfant t’a été temporairement rétribué par sa structure de garde habituelle, il est en permanence avec toi. Tu n’as donc pas une seconde à toi pour faire ce que toute personne normalement constituée ferait en pareille situation : te soûler atrocement avant de te rouler en boule sous sa table basse pour sangloter qu’on va tous crever.

L’enfant ne te permet pas d’abandonner puisque son bien-être ne dépend que d’une chose : ton équilibre (relatif) mental.

Durant cette période où tu aimerais enchaîner les cigarettes et éventuellement les produits fournis par le colocataire cités plus haut, tu dois afficher un sourire de circonstances qui te force à redoubler d’inventivité pour offrir un ersatz de normalité et d’amusement à des petits qui eux non plus n’avaient pas forcément envie de rester coincé à la maison avec toi.

Plus efficace qu’une formation intensive à l’Actor Studio où on se retrouverait le visage recouvert de gommettes en forme de cheval à la fin du cursus.

La famille

D’habitude, je ne juge pas, mais là, il va falloir m’expliquer quelque chose les gars : quelle est cette tendance qui consiste à rejoindre sa famille afin d’effectuer un confinement tous ensemble ?

N’a-t-on déjà pas notre lot de conflits quotidiens lorsque nous essayons d’arracher le dernier paquet de pâtes disponible des mains de cette dame âgée de 80 ans ou qu’on appelle anonymement le 17 pour dénoncer les adolescents des voisins parce qu’ils font un barbecue sur leur balcon ? Je pense qu’en temps de crise, la plupart des gens sont touchés par une déformation de la réalité qui les pousse à s’imaginer que l’absence de liens familiaux soutenus est uniquement motivée par une vie très occupée ou une distance géographique considérable, et non pas par un besoin irrépressible de se foutre sur la tronche après dix minutes passées ensemble. Et si ce confinement était une magnifique occasion de se retrouver en famille et de renforcer les liens du sang ? Te voilà donc, valises à la main, frappant à la porte de la demeure familiale. Tes parents te toisent un instant avant de te demander ce que tu fous là.

Leur pudeur légendaire les empêche probablement d’exprimer ouvertement leur joie de te voir là, à moins que la trouille de voir le virus débarquer avec toi l’emporte sur le reste. 15 jours plus tard pourtant, aucun symptôme à l’horizon et vous êtes tous en vie. Ce qui est fort dommage d’ailleurs puisque cela fait 14 jours et 5 heures que vous ne vous supportez plus. Il est midi et demi et ton père t’a déjà dit trois fois depuis ce matin qu’il ne t’avait jamais désiré. Ce qui est assez ironique, puisqu’hier, ta mère ivre morte t’a avoué que ce père que tu pensais le tien, et qui souhaite présentement te renier n’était pas ton géniteur. Regard discret mais langoureux de la génitrice en direction de l’oncle Paul, aussi présent en ce moment de regroupement familial, à qui tu ressembles effectivement beaucoup.

Pour éviter tout risque d’accidents, et par la même occasion alourdir un bilan humain déjà bien trop chargé, la meilleure solution reste le confinement avec toi même. Depuis le temps que tu te supportes dans le meilleur comme le pire, tu es en mesure d’affirmer que la relation ne pourra en sortir que renforcée. Attention tout de même à la surchauffe tendance Jack Nicholson dans Shining !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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