Petite, à la fin de chaque année scolaire, je voyais ma mère ranger mes cahiers dans un placard. Un jour, à l’âge de huit ou neuf ans, j’ai voulu relire mes carnets de CP. Ça a été impossible pour une raison simple : on les avait jetés.
Ce qui aurait pu être anecdotique m’a totalement chamboulée. Je me suis questionnée : que restait-il du passé, de mes souvenirs qui s’effilochaient déjà ? J’ai trouvé ça profondément injuste. Je voulais me rappeler de tout, garder une trace de ce qu’il s’était passé.
J’ai beaucoup pleuré et je me suis fait cette promesse : je devais à partir de maintenant conserver le maximum de choses, pour perdre le moins possible.
La nostalgie peut grandir, et puis disparaître
Petit à petit, le passé s’est mis à encombrer sans cesse mes pensées. Je pouvais passer des heures à me réjouir des bons moments que j’avais vécus pour pleurer ensuite telle ou telle autre situation triste qui m’était arrivée.
J’étais comme accro à la nostalgie. Ce n’était pas tant que je me disais que c’était mieux avant, plutôt que je n’arrivais pas à décrocher de mes souvenirs pour m’engager dans le futur ou même dans le présent.
Je regardais en boucle les photos d’antan et, avec Internet, je réécoutais les chansons que j’aimais trois ou quatre ans plus tôt par désir de revivre les mêmes moments.
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Et puis, à la fin de mon adolescence, mon ordinateur a planté et j’ai perdu tout ce qui était dessus. C’était au tout début des clouds
et des réseaux sociaux, je n’avais pas pensé à y stocker les dossiers qui m’étaient chers.
Étonnamment, je n’ai pas paniqué comme le jour où j’avais découvert que ma mère avait jeté mes vieux cahiers d’écolière. Au contraire, c’est comme si le bouton ON qui s’était allumé à l’époque était soudainement passé sur OFF.
J’ai décidé d’agir contre la nostalgie
Soudainement, j’ai réalisé à quel point la nostalgie m’avait bouffée. Jusque-là, je vivais énormément dans le passé, mais j’avais du mal à me voir dans le futur, ou même à prendre place dans le présent.
Je me suis rendu compte à quel point tout cela était plus devenu un fardeau qu’un cocon agréable.
Ma décision était prise : je voulais en arrêter avec cette mauvaise habitude de toujours regarder vers le passé. Alors j’ai simplement…
Arrêté.
Ma nostalgie VS… moi-même
J’ai fait preuve d’observation et d’auto-discipline. Quand je sentais que je partais dans une nouvelle phase nostalgique, je me raisonnais : pourquoi voulais-je faire ça ? Quel intérêt y trouvais-je ? À la place, que pouvais-je faire pour profiter du moment présent ?
J’ai aussi décidé de jeter tout ce que je stockais pour rien.
Ça n’a bien entendu pas marché du jour au lendemain, mais je me suis rapidement transformée. Et je me suis sentie bien plus en paix.
J’ai fait la paix avec l’idée d’oublier
Je crois que toutes ces années, je me suis retrouvée dans cette peur du passé qui s’échappe et sur lequel on n’a plus d’emprise. Sauf que c’est vain, ça ne servait à rien sinon à me faire du mal.
Aujourd’hui, j’ai développé une capacité à me laisser lâcher prise. Je sais que parfois je merde, je dis des choses que je n’aurais pas dû dire. Je sais aussi que les bons moments passés ne font partie que du passé. Ce qui m’effrayait est juste ce qui fait à mes yeux la beauté de la vie.
Bien entendu, je sais que par moment, se remémorer rapidement un moment fait du bien. C’est comme un plaid dans lequel on s’enroule un soir d’hiver, c’est tout doux, tout chaud.
Mais le truc c’est que tous les soirs ne sont pas des soirs d’hiver. S’enrouler dans une couverture une chaude journée d’été étouffe. Au printemps, je suis aussi mieux sans.
Et même en hiver, des fois, j’ai juste envie de me promener à poil.
Voilà, je dis souvent en blaguant que je suis YOLO. Sauf que ce n’est en fait pas vraiment une blague. Je sais qu’on ne vit qu’une fois et j’ai envie d’en profiter, pas d’avoir des regrets. Alors je cours vers le futur et la vie !
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