Dire non au travail, ce n’est pas toujours facile, selon les situations et la personnalité de chacun·e. Alors on a demandé à deux coachs de nous donner des conseils pour y parvenir.
Première question à se poser : pourquoi on n’ose pas toujours dire non à ses collègues ou à ses chefs ? « Cela peut être lié à des peurs. En disant non, on peut craindre d’être rejetée, jugée ou critiquée. Dire non, c’est aussi prendre le risque de créer des conflits. Enfin, certaines personnes peuvent culpabiliser de dire non ou avoir peur de ne plus être aimé·e/apprécié·e.
Dire « non » est d’ailleurs parfois encore plus compliqué pour les femmes, du fait de la socialisation genrée. « Les petites filles sont souvent conditionnées à ne pas être assertives, car c’est encore vu comme une qualité associée au masculin », explique Noémie Le Menn, présidente d’Up Change coaching et conseils, et autrice du livre Libérez-vous des réflexes sexistes au travail.
Une analyse partagée par Mylène Marvin, ancienne RH et coach en développement personnel « Souvent, une femme qui ne sait pas dire non au travail, a aussi du mal à dire non en-dehors, dans ses relations personnelles. On a appris en tant que femme à faire plaisir à notre entourage, il y a donc plein de croyances à renverser pour pouvoir dire non ».
Savoir dire non au travail, c’est utile !
À ce stade de l’article, tu te demandes peut-être pourquoi c’est si important d’apprendre à dire non. C’est vrai quoi, c’est chouette d’essayer de faire plaisir aux autres, non ?
Oui, mais savoir dire non au travail est indispensable pour plusieurs raisons. D’abord, parce que c’est un garde-fou pour t’éviter d’être débordé·e. À force de répondre positivement à toutes les sollicitations, tu risques de te retrouver avec une charge de travail supérieure à ce que tu es capable d’absorber. Et si ça dure, c’est le meilleur moyen de glisser vers le burn-out… (mais je t’en reparlerai bientôt).
En plus, si tu ne dis pas non, mais que tu te retrouves coincée à ne pas pouvoir faire les choses à temps. Tu risques de décevoir l’autre, alors qu’il aurait été plus efficace et plus simple de dire non en amont et de chercher une solution ensemble (qui d’autre peut s’en occuper ? Sous quel délai ? Etc.).
C’est encore plus vrai si tu occupes un poste un peu transverse dans l’entreprise et que tu as plein de personnes différentes qui viennent te confier des sujets. Elles ne savent pas forcément quelle est ta charge de travail en ce moment, puisqu’elles ne voient pas toujours tout ce que tu fais dans l’entreprise.
Savoir dire non pour faire carrière
« Dire non, c’est prendre le risque du conflit. Plus vite on l’affronte, plus vite on perce l’abcès, et moins il sera douloureux », ajoute Noémie Le Menn. « Avec le temps, on peut même apprendre à anticiper les conflits et à désamorcer les situations à risque en disant clairement ce que l’on pense ou ressent ».
La coach précise aussi qu’il est important d’apprendre à dire non pour faire progresser sa carrière. « Si on veut évoluer dans le système hiérarchique, on a intérêt à être assertif. Avoir un pouvoir de conviction et affirmer ses opinions même quand les autres ne sont pas d’accord, sont des qualités recherchées chez les managers ».
Ça y est, tu es convaincu·e ? Tu as envie de dire NEIN NEIN NEIN à tout bout de champ ? (Oui, bon… je trouve ça plus assertif en allemand). Alors la première étape, c’est de réfléchir à pourquoi tu as peur de dire non. Avoir conscience des mécanismes qui sous-tendent tes comportements peut t’aider à rationaliser tes peurs (du conflit, du rejet, etc).
« Une autre manière d’y réfléchir, c’est aussi de te demander quels sont les avantages pour toi de dire oui sur le moment alors que tu penses non », suggère Mylène Marvin. « Tu peux également te demander ce que ça va t’apporter de positif : savoir pourquoi on dit non, ça permet de gagner en confiance ».
Les deux coachs ont aussi suggéré de s’entraîner à dire non dans des contextes à faible enjeu ou avec des personnes qui nous font moins peur. Genre chez le coiffeur, au restaurant, avec des ami·es ou des collègues sympas.
Comment bien dire non… en disant oui
Là c’est le moment de l’article où je pète toute mon argumentation précédente en te conseillant de dire non… en disant oui. Alors, vu comme ça, c’est un peu contradictoire. Mais en fait, ça marche pas mal dans un contexte professionnel, et surtout vis à vis de son ou sa boss (je t’en reparle un peu plus loin).
« Plutôt que de dire non, je conseille de dire : oui, mais pas maintenant », explique Noémie Le Menn. « On peut aussi dire : oui, je le ferais bien, mais je n’ai pas les compétences pour le faire. Réfléchissons ensemble à qui serait la meilleure personne pour s’en occuper ».
Tu l’auras compris, l’idée est soit d’émettre un oui avec des conditions, en demandant par exemple du temps ou de l’aide supplémentaire pour le faire, soit de refuser mais d’aider l’autre à trouver une solution. Bref, de rentrer dans une négociation, plutôt que de se contenter de dire non.
On peut aussi justifier son non (ou son « Oui mais ») avec des faits ou des ressentis. « J’aimerais t’aider, mais je suis sous l’eau en ce moment et ça me stresse. Peut-on en reparler plus tard ? » « Oui, je vais m’en occuper mais demain, parce que j’ai des réunions prévues toute la journée aujourd’hui ».
Prendre le temps pour y réfléchir
Mylène Marvin conseille aussi de travailler sur le ton, sur les mots qu’on emploie et sur sa posture. « Ce n’est pas pareil de dire non avec les épaules courbées, en n’étant pas sereine pour le faire. La personne en face ne va pas le réceptionner de la même manière. »
Je ne sais pas si tu fonctionnes comme moi, mais parfois, j’ai instinctivement envie de répondre non à une proposition sans savoir vraiment pourquoi et j’ai besoin de temps pour y réfléchir à tête reposée. Afin de me conforter dans ma décision avec des arguments clairs et précis ou de changer d’avis.
N’hésite donc pas toi aussi à demander à ton interlocuteur ou interlocutrice un peu de temps avant de donner ta réponse. Et si ça te paraît compliqué à faire, tu peux avoir recours à la technique classique du « j’ai besoin d’en parler à ma cheffe d’abord » (que ce soit vrai ou pas), pour gagner du temps.
Dire non à son chef
En parlant de cheffe, c’est sans doute la personne à laquelle il est le plus difficile de dire non, puiqu’il existe entre vous un lien de subordination. Et que tu peux légitimement craindre d’être licencié·e si tu n’obéis pas à ses ordres. Toutefois, la plupart des managers ne sont pas trop bêtes, et ils ou elles peuvent entendre ton besoin de ressources ou de temps supplémentaire pour accomplir une tâche.
L’idée est donc là aussi de rentrer dans une négociation positive, en préparant ses arguments et en réfléchissant à des solutions. Si la mission ne correspond pas à ce pour quoi on a été embauché·e, on peut par exemple dire : « cette mission relève de XXX, alors que moi j’ai été embauchée pour faire XXX. Peut-être qu’on peut regarder ensemble en interne qui peut le faire ou trouver un prestataire pour s’en occuper ? »
« Souvent, je conseille de remplacer les « mais » par des « si » avec les managers », ajoute Mylène Marvin. « Oui, si tu m’accordes un délai », « Oui, si on recrute quelqu’un pour m’aider… »
Bien sûr, tous ces conseils s’appliquent dans le cas où ton ou ta boss a envie que les choses se passent bien. Si tu te coltines un manager toxique ou manipulateur, les choses sont plus complexes. Si ça t’intéresse (dis-le dans les commentaires en-dessous de l’article), je te préparerai un autre article sur le sujet…
Et toi, c’est quoi ta technique pour dire non au boulot ? Viens en parler dans les commentaires…
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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