J’ai mis un paquet de temps à l’assumer, mais faut dire ce qui est : je suis une férue de comédies romantiques. Je déteste entendre des gens dire que ça pue du cul, parce que c’est quand même un genre où on trouve bien des œuvres différentes.
C’est comme si j’disais « han les films d’horreur c’est de la merde » parce que j’arrive pas à en regarder à cause de ma pétocherie.
Bon, non, c’est différent : je pense qu’il y a moins de chances pour que quelqu’un qui n’aime pas les comédies romantiques ne trouve plus le sommeil pendant des jours après en avoir vu une que si moi j’regarde un film tout gore, malsain ou avec plein de jump scares partout.
Mais eh, les goûts et les couleurs, tout ça.
À lire aussi : « Tous les goûts sont dans la nature »… et c’est important ! — La leçon de la semaine, par Sophie Riche
J’aime les comédies romantiques… mais pas toutes. J’aime celles qui bousculent un peu les préjugés de la société et les codes du genre. J’aurais adoré Quand Harry rencontre Sally si je l’avais vu en 1989 — mais cette année-là, je ne suis née que courant avril alors c’était pas commode.
Quand j’ai vu ce film la semaine dernière, je l’ai aimé (parce que New York, l’automne et Nora Ephron au scénario), mais je l’ai apprécié en me forçant à fermer les yeux sur quelques idées de l’époque qui sont depuis devenues vraiment archaïques à mon avis.
J’aime tellement les comédies romantiques ! Et j’assume totalement ! Enfin, j’assume partiellement, je le réalise en écrivant cet article en Helvetica taille 9 sur mon ordi, parce que je suis dans un McDo et je ne voudrais pas qu’on puisse lire ça par-dessus mon épaule sans me connaître et donc, en me jugeant.
Je cache mon ordi comme Bridget Jones dissimule son malaise dans cette scène : assez mal et sans trop y croire.
J’aime tellement les comédies romantiques que j’ai un peu trop longtemps pensé que c’était comme la vraie vie. J’avais tort. Heureusement, j’ai réussi à désapprendre les leçons que ce type de films m’a données, comme par exemple…
Vivre son couple façon drama, c’est pas cool
Ça, c’est un truc que les comédies romantiques m’ont foutu plein le cerveau, comme j’ai commencé à en voir avant d’avoir une vie amoureuse, j’ai pensé que ce que je voyais c’était la norme du couple :
- ne pas dire les choses et chier sur tous les principes de communication
- prendre mal plein de trucs
- pleurer
- crier
- ne pas répondre aux appels
- ne pas rappeler
- pleurer encore
- gueuler sans cesse
- finir par faire sa déclaration mais en pleurant et en gueulant, comme un cheveu sur la soupe, à la fin d’une dispute.
Sauf que, pour faire de bons ressorts dramatiques, il faut des intrigues compliquées. Une histoire où tout se passe bien et sans encombre, ça ne fait frétiller personne. Mais dans la vraie vie, ce n’est pas pareil.
À lire aussi : Les films d’amouuuur qui rendent heureux
Je ne dis pas que c’est mal d’être drama, je dis juste que c’est mieux de l’être quand c’est vraiment toi.
Je ne dis pas que c’est mal d’être drama, je dis juste que c’est mieux de l’être quand c’est vraiment toi, et pas quand c’est une façon d’adapter ton comportement à ce que tu crois être la norme. Moi bah c’est mon cas.
Je sais désormais que quand je pleure et quand je gueule, c’est parce que je ne suis pas bien, que quelque chose ne va pas et qu’il faut que je travaille dessus. C’est, pour moi, des indicateurs de mon niveau de bonheur. Pas ma norme à moi.
Ah et aussi, pas besoin de simuler l’orgasme en public pour avoir le dernier mot
Se dire les choses sans s’engueuler, c’est possible
Un autre principe que je tenais pour acquis pendant des années, et qui n’a pas tenu le coup face à la vraie vie, c’est l’idée que se brouiller est la meilleure façon de crever l’abcès. De se dire les choses.
Dans les comédies romantiques, souvent, les personnages principaux s’engueulent VÉNÈRE et décident de ne plus se parler.
C’est évidemment cette rupture là qui fait qu’ils réalisent que mais oui bien sûr…
- Ils sont fous l’un de l’autre
- ils appelleront leur enfant Guy
- ils veulent bien se marier
- ils vont avoir une sérieuse discussion avec leur ex pour mettre les choses au clair
- c’est moi qu’a pété dans le métro, je n’aurais pas dû accuser ce vieux monsieur
- ou tout autre thème qui revient dans les disputes avec son mec/sa meuf/son meilleur pote ou sa famille.
Se brouiller n’est pas la meilleure façon de crever l’abcès.
Bon. Là encore, à l’écran, ça en jette un max (désolée, j’avais envie d’un peu d’années 90 dans cet article), mais dans la vie, c’est pas obligé (tu peux si c’est ta façon de faire, quoi). Cette idée qu’il n’y a qu’en s’embrouillant hyper fort et en arrêtant de se parler qu’on crève bien les abcès, bah… Je ne suis vraiment pas sûre qu’elle soit valable.
Caaaar, eh oui, on peut dire les choses importantes qui mettent à mal notre relation avec notre ami ou notre mec ou notre meuf ou nos parents sans dire des choses qui dépassent notre pensée.
Excellente idée proposée par Joseph Gordon-Levitt : écrire calmement ce qu’on reproche à l’autre sur son avant-bras plutôt que de lui gueuler dessus.
Ne pas être « la pote dans les comédies romantiques »
Dans beaucoup, beaucoup de comédies romantiques, la ou le meilleur•e pote n’a qu’un conseil à donner à son ami•e éploré•e : « va niquer ». Nique comme si demain n’existait pas, nique autant que faire se peut, nique même avec des gens qui ne te plaisent pas de ouf oh lala, qu’est-ce que t’es exigeante, ça ne pourra que te faire du bien.
J’ai été cette pote là, et je n’en suis pas tellement fière, mais ça fait un moment que je ne le suis plus alors c’est bien, je suis contente. C’est déjà ça, quoi.
Dans beaucoup de films, les potes n’ont qu’un conseil à donner : « va niquer ».
Parce que ce n’est pas la solution à tout pour tout le monde, et que oui, ça peut être un conseil approprié, mais pas systématique. En sortant cette recommandation comme la meuf des films que j’essayais d’être, je ne réfléchissais même pas à ce que j’aurais pu dire.
« Pourquoi réfléchir, essayer de trouver une solution ? J’en ai déjà une ! »
Genre si j’étais médecin, j’aurais prescrit des anticoagulants pour tous les maux et pour tout le monde, tu sais.
En plus, ce n’est pas comme si j’étais OBLIGÉE par contrat de donner un conseil : parfois, quand un ou une pote va mal, il n’y a rien à dire, juste à être là et à écouter.
À lire aussi : Les chagrins d’amour — La petite Roberte
Être là et écouter sans en profiter pour piquer les céréales de son pote déprimé, contrairement à Emma Thompson dans Love Actually.
Allez, j’te laisse, faut que j’aille regarder le téléfilm de Noël de l’après-midi pour croire que c’est seulement si je tombe dans les pommes, rêve d’être restée dans mon village d’enfance et de ne pas avoir rompu avec le fils du shériff, que je comprendrais le vrai sens de la vie.
À lire aussi : 4 raisons qui m’empêchent d’être un personnage de comédie romantique
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Oui. Bon. C'est un être humain avec un coeur dont on parle quand même