Vu du Japon, le débat français sur le travail le dimanche fait sourire… et rappelle aux Français-es qui vivent là-bas le luxe de pouvoir trouver à peu près n’importe quoi, n’importe quand.
Outre les horaires généralement tardifs des magasins, on rencontre des supérettes absolument partout. Besoin de pain à 21h ? Il est 6h12 et vous n’avez plus de déodorant ? Vous avez oublié les œufs pour le gâteau du dimanche ? Dans ces trois cas, et de nombreux autres, la force du Japon est avec vous : j’ai nommé le combini. C’est le trésor du quotidien au Japon, le couteau-suisse japonais qui n’a rien à voir avec Spar et consorts.
Le combini, couteau-suisse japonais
Ce nom rigolo, combini (ou konbini), vient de l’anglais convenience store (« v » et « b », pour les Japonais-es, c’est tout pareil), et désigne les micro-surfaces commerciales. Concept importé des États-Unis et hissé en symbole de la société de consommation (acheter, vite, tout le temps), les combinis fleurissent tous les 500 mètres. Présents partout en ville comme à la campagne campagne, ces petits commerces de proximité tournent H24, sept jours sur sept, même les jours fériés. Cette disponibilité imbattable n’est pas leur seul point fort : le combini n’est pas seulement une solution de secours pour les gens mal organisés (dont je fais partie) ou les têtes en l’air, c’est aussi un point multi-services de premier ordre.
Dans un pays où les distributeurs automatiques sont rares, tous les 7 Eleven, une des principales franchises de combini, en sont équipés. On y retire ou on y dépose de l’argent, on fait des virements… par contre, aussi contradictoire que cela paraisse, les combinis n’acceptent pas la carte bancaire. Il faudra donc régler les factures d’électricité (la clim en été, ça douille) en liquide. Car oui, les résidents japonais ont la possibilité de régler toutes leurs factures (eau, gaz, électricité, télécommunications) en même temps, au combini. Un flash sur le code-barres de chaque facture, une validation électronique et c’est parti. Un geste simple qui m’évite de plonger dans les méandres du prélèvement automatique…
Par le même système, on peut y régler ses commandes passées sur Internet, y payer ses impôts, mais aussi faire des photocopies, scanner des documents, imprimer des photos, poster son courrier, envoyer des colis, acheter des billets de concerts… Une foule de petits services qui en font un lieu très fréquenté, essentiel aux petites communes comme aux mégalopoles.
Un job d’appoint
Du coup, les combinis sont également de grands pourvoyeurs d’emplois. Les embauches sont continuelles et remplissent les pages du magazine Hello Work, l’équivalent nippon de notre Pôle Emploi. Évidemment, comme dans le reste du monde, garnir les rayons de Kit-Kat à la fraise à deux heures du mat’ n’est pas un boulot très porteur
. On trouve donc dans ces magasins, surtout aux heures tardives, les « oublié-e-s » du Japon : les jeunes et les femmes, qui forment les cohortes des abonné-e-s aux jobs précaires et mal payés.
Travailler dans un combini, c’est un petit boulot, un « baito », où les salariés font les 4-6 si on peut dire. On y travaille à temps partiel, pour des plages de 6 heures le plus souvent. Les journées de travail sont rythmées par les trois livraisons journalières, pour alimenter le magasin de produits frais et plats préparés, que l’employé réchauffe au micro-ondes, à la demande.
Réapprovisionner, nettoyer, encaisser, aider… Le job de l’employé-e-type ne serait pas complet sans la prise d’informations sur les client-e-s du combinis : âge et sexe à chaque passage de caisse, histoire de connaître au mieux sa clientèle. Une stratégie qui permet d’entrer en stock ce qui s’écoule le mieux : dans une petite surface (moins de 100m2 en moyenne), l’espace est cher.
« Convenience store are very convenient »
Ce sous-titre débile t’interroge dans sa redondance. Ma prof de japonais a exercé un réel lavage de cerveau à l’occasion de la leçon sur les adjectifs. Oui, les combinis, c’est pratique car c’est fait pour. Le reste de l’offre commerciale n’est que décoration : on peut vivre uniquement en fréquentant les combinis (j’en profite pour proposer cet excellent sujet de documentaire à Morgan Spurlock, le réalisateur de Super Size Me).
Manger, se laver, faire le ménage et cultiver sa libido : voici les quatre besoins essentiels auxquels répondent les combinis en proposant des onigiris frais, des nouilles instantanées, de la bière, des biscuits aux crevettes, des gâteaux fourrés à la pâte de haricots rouges, quelques légumes, du gel douche, de la mousse à raser, des faux cils, du savon, des éponges, du produit à vitres, des gants de jardinage, des lingettes attrape-poussières qui vous font croire qu’il n’y a pas besoin de passer l’aspirateur, des mangas, des cartes routières (moi, les voyages, ça m’excite) et des revues pornos.
Cela dit, j’ai plutôt l’impression que le coin mangas fonctionne plus comme une salle d’attente (hop, une dizaine de pages de Naruto en attendant que ma femme choisisse un litre de thé vert froid) que comme un point de vente. Les gens confondent peut-être avec certains restaurants qui proposent leur bibliothèque de mangas aux clients qui patientent…
Mes visites au combini tendent à se raccourcir, au fur et à mesure que je repère les « vrais » magasins. Mais, même le sac plein de mes courses mensuelles, j’entre toujours avec plaisir dans ma super supérette !
Et toi, as-tu déjà goûté aux charmes des combinis (il en existe aussi aux USA et en Thaïlande) ? Quels services attends-tu d’un magasin de proximité ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Sinon, sans les conbini, ma vie serait foutue (ou pas loin). Je vis la nuit principalement, du coup, si j'ai envie de mon the macha a 3h du mat, je peux et en plus, c'est un 100?, que demande le peuple ?
La question du travail le dimanche ne choque que parce que nous avons une tradition chretienne, ici, ils s'en balancent pas mal et le dimanche est le premier jour de la semaine, de surcroit.
Mon copain bosse justement ce soir, et ca le derange pas du tout.
Apres, je prefere largement aller au Lirio/Ario pour me fournir en nourriture correcte et variee, voire aller a Kitasenju si je trouve pas mon bonheur... ^^