La séduction et moi, ça fait douze.
J’ai longuement hésité avant de l’avouer, mais il faut me résoudre à admettre cette évidence : la raison de mon célibat prolongé est sans doute liée à mon incompréhension profonde de la parade nuptiale des humains.
Sérieusement, c’est quoi cette histoire de « règle des trois jours » à attendre avant de répondre à un texto ? Comment je suis censée m’habiller, me comporter à un premier rendez-vous ?
Pourquoi c’est au mec de faire le premier pas ? Pourquoi quand c’est moi qui suis entreprenante, on se permet alors de spéculer sur ma sexualité — ou plutôt, disons-le crûment, de faire du slut-shaming ?
Ces réflexions, je me les faisais dès mes années étudiantes, alors que je n’étais pas encore féministe, mais juste un peu perdue dans des « codes » que je ne maîtrisais absolument pas.
La séduction et mon féminisme
À mesure que mes lectures et mes expériences construisaient mon féminisme, j’ai compris que cette pression sociale et ces fameux « codes de la séduction » auxquels je n’arrivais pas à me plier participaient parfois de la culture du viol.
Ce n’étaient pas les jeux de séduction qui posaient problème : c’était l’absence d’écoute de l’autre et de ses envies. Et parfois, l’écoute de soi-même et de ses propres envies.
C’est pourquoi je me retrouve totalement dans la campagne de sensibilisation pensée par les étudiant•es de l’Espace santé de Bordeaux.
La séduction et le consentement mis en scène dans Sex On the Campus
Ces étudiant•es étaient déjà à l’origine de ces affiches de prévention, mais aussi de ce super spot au sujet du consentement (qu’il est beaucoup plus facile d’écouter et de déceler que le mythe de la « zone grise » peut laisser penser…).
Avec cette série de sketchs courts rassemblés sous la punchline « pour séduire, j’aurais dû rester moi-même », les étudiant•es dédramatisent la séduction et ringardisent au passage quelques codes dépassés.
La règle des 3 jours
Attendre trois jours avant de répondre à un SMS, c’est so 2005, non ?
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La pub
Deuxième coup de cœur dans cette série, je nomme la parodie d’une pub pour un déodorant qui versait déjà dans l’exagération au départ.
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Et cette mise en scène me rassure un peu parce que c’est précisément la réflexion que je me faisais en regardant la pub originale : il doit sentir super fort le mec, non ?
Décomplexer la séduction, une mission d’utilité publique ?
Ces spots imaginés par les étudiant•es bordelais•es m’ont fait sourire, mais ils m’ont surtout fait du bien.
J’ai la sensation d’avoir regardé les parades de séduction autour de moi comme dans la fable du Roi nu. Tout le monde fait mine d’admirer les vêtements et personne n’ose dire que le souverain est à oilp.
Du coup, chacun se sent très con et humilié dans son coin, sans oser exprimer à voix haute son incompréhension. Mais voilà, je ne suis pas seule à trouver que les codes de la séduction, observés religieusement et poussés à l’extrême, sont complètement cons.
Mention spéciale à la scène supra-romantique du « je te plaque contre un mur pour t’embrasser ». Non seulement c’est vraiment pas confortable, dans la vraie vie, mais en plus c’est une agression sexuelle aux termes de l’article L.222-22 du Code pénal.
Alors je ne vous cache pas que ce sketch en particulier m’a fait un bien fou.
Derrière ces parodies sympathiques, la campagne Sex On the Campus diffuse un message essentiel.
Pour que les jeux de séduction soient un plaisir pour tous et toutes, il est indispensable d’être à l’écoute de ses propres désirs et de ceux des autres, de respecter ses envies et le consentement des autres !
Le romantisme n’est pas mort, et ce ne sont ni des scènes de films clichés, ni des pubs pour déodorants, ni des codes ringards qui le maintiennent en vie.
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