Six lettres frissonnantes dans la fraîcheur de trois sommets alpins bleus, projetés sur un écran blanc, en plein milieu de la scène. Cet écran annonce COCOON, et sera teinté des photographies les plus diverses, tout au long du concert, à raison d’une image différente pour chaque chanson. Un panda en peluche accroché à une guitare, un ukulélé se préparant en coulisses, des draps noirs recouvrant ce que l’on devine être un coin pour le synthé, le xylophone, et pour une quantité de mystérieux matériel. Sans oublier les peluches, renards, lapins, et autres pandas, évidemment. Tout est prêt.
Un concert-voyage et des bagages chargés d’émotions
Mark et Morgane arrivent alors, et ouvrent le bal sur les premières notes de Take off, ou comment un simple mobile peut gâcher une chanson, merci aux interférences. « Nous sommes Cocoon, éteignez vos portables, c’est pas méchant mais c’est beaucoup mieux. » nous conseille gentiment Morgane, la jolie chanteuse et pianiste du groupe, vêtue d’une robe assez indescriptible, coupée dans un tissu léger, dans un ton mi-rose mi-orangé, ornée de rubans noirs, qui enchaîne sur un Vultures beaucoup plus folk. Les plus malins auront l’idée lumineuse de lancer un pogo… mais l’idée ne fut qu’éclair et le calme revient à temps lorsque Mark, cheveux ébouriffés et jean enfilé, use ses cordes vocales (et celles de sa guitare) pour nous conter l’histoire de Cliffhanger, « un alpiniste qui a perdu ses orteils », nous précise-t-il, au cas où les paroles (anglophones, of course) ne nous parviendraient pas jusqu’aux orteils… Aux oreilles, pardon.
Cet exercice de traduction, il le reprendra plus tard, après avoir lancé que désormais, « vous pouvez danser, chanter et draguer votre voisin » puisque la prochaine chanson n’est autre qu’I don’t give a shit dont le titre sera retransmis en français, dans son intégralité, mot à mot, par ses soins : même pas peur de la censure, le clermontois ! Vient ensuite l’heure du récit fabuleux du supermarché, où se vendent des plats surgelés pour une personne, à réchauffer aux micro-ondes. Rien ne les effraie, ces Cocoon et d’une attristante constatation, ils composent une magnifique chanson, Microwave. Ils teintent ensuite Hey ya ! (reprise des Outkast, en écoute sur leur MySpace) de leur univers, auquel le public accroche, visiblement.
Les Cocoon savent où ils nous entraînent : dans un paradis moelleux où règne la tendresse, qui flotte, là, dans l’air, sur nos têtes, et pourtant à portée de main… Il suffit de tendre l’oreille, de fermer les yeux et de se laisse porter. Ils s’occupent d’ailleurs du voyage, en le rendant aussi agréable que possible, avec leurs voix qui se mêlent, se font écho, résonnent, se complètent, et nous charment. De cette douce ambiance, j’en tire une hypothèse, des plus percutantes : un concert de Cocoon serait bien meilleur que la plus efficace des potions d’amour, on a en effet envie de tomber amoureux, juste en écoutant leurs exquises ballades. Et leur célibat respectif, hautement revendiqué, n’altère en rien cette sensation ; au contraire, il exalte les passions.
Trêve de rêveries, revenons à nos moments, le public ne résiste pas à l’envie de pousser la chansonnette : Hey ya, hey yaaaaa ! Faussement, selon les deux artistes, qui accuseront la bière de cet outrage vocal. En tout cas, dans un élan de générosité, ils nous offrent un moyen de nous racheter, la minute d’après, quand vient Paper Boat. La mission du public est à la fois simple et d’une haute importance : imiter le bruit du dinosaure agonisant, à l’instant T. Tu l’auras compris, ce dernier est conquis, envoûté, captivé par le show de Mark et de Morgane, car ces deux-là possèdent une présence scénique unique. Ils savent jouer avec la musique, avec les mots, avec leur public, le faire réagir et participer. Et ils ont beaucoup d’humour, en plus. « Nous sommes à Flers ce soir ? On peut faire pleins de jeux de mots : On n’avait rien à Flers, on a acheté un Flers à repasser… » (Rires).
Inoffensifs les jeunes gens ? À écouter les paroles, il vaudrait mieux se méfier : « We killed bugs, and we killed a deer, and a dinosaur ». En revanche, ils aiment les bébés phoques, comme nous le précise le titre Baby Seal. « Celle-là, vous la connaissez » nous suggèrent-ils avant d’entamer On my way. La foule se mouve, et fleurissent quelques « I am such a coward, I could win an award, you may not believe me, but it won’t be okay, be okay, be okay » de-ci, de-là… L’osmose se perfectionne encore un peu plus entre le public et l’artiste. Car oui, la complicité du duo est tellement flagrante, évidente, qu’ils semblent n’être qu’une seule et même personne. Seesaw arrive, suivi de Hummingbird, puis de Rehab (reprise d’Amy Winehouse), qu’ils subliment, surpassant même la chanson originale, à mon humble avis.
Sans transition, Morgane fait péter le xylophone, presque enfantin, tant il paraît tout petit, tout gentil, et commence Christmas Song. Comble de l’ironie, pour cette « chanson de Noël », un plaisantin fait irruption sur scène, et tente de chiper une des peluches de la jeune fille. Cette dernière, plutôt menaçante, l’en empêche et lui rétorque : « Je vais te casser la gueule ». Elle avait prévenu. À vrai dire, la tension ne sera que passagère, et l’incident est quasiment oublié lorsqu’on célèbre le ukulélé avec Chupee. D’ailleurs, de Chupee à Chupa il n’y a qu’un pas. Pas que les Cocoon franchissent, lors des « Hello, hello, hello » : et un public arrosé de sucettes, un ! Mark et Morgane quittent la scène, pour revenir en rappel sur Sushi. Une page culinaire s’ouvre. Vive Google Images, comme en témoigne l’illustration qu’ils ont choisi pour illustrer la chanson (voir ci-contre). Owls. « She’s a queen, she’s a queen, and her anger grows. She’s a queen, she’s a queen, and I’m breeding owls » clôturent le spectacle, pour finalement faire fusionner applaudissements et remerciements.
Une jolie rencontre
Tu auras sans doute remarqué ces liens vers madmoiZelle.TV, clairsemés dans les titres de chansons. Pour reprendre la blague, le site aura eu beaucoup de Flers, en conviant Cocoon à une session acoustique, bien avant que le groupe ne décolle ainsi. Et ces vidéos m’auront bien servie, je l’avoue. Mark et Morgane, descendus dans la fosse, pour saluer leur public et signer des autographes, mon courage à bras le corps, et je m’avance vers le premier, et j’entends au loin : « Mark ! Tu te souviens des acoustiques que vous aviez faites, pour Madmoizelle.com ? ». Mais je rêve ou bien la personne qui a prononcé ces mots est… moi ? Je crois que oui, puisque, revenant sur ses pas (qui s’apprêtaient à partir), le jeune homme se remémore tout à fait, et m’invite dans la loge. Par chance, je ne m’évanouie pas et réussi à le suivre, dans sa folle cavalcade jusqu’à cette fameuse pièce, dénommée loge. Sans jouer la difficile, je m’assoie et écoute (en prenant des notes, je précise).
Cocoon se produisait ce soir, après plus de 150 dates, dans la ville de Flers, que je qualifierais affectueusement de blède paumé. Bref. Trois groupes à l’affiche. Dans l’ordre de passage : Concrete Knives, le groupe local pop rock, Cocoon donc, et Norman B, un autre groupe rock de la région. Propulsé devant ces écoliers normands, s’étant déplacés pour voir leurs potes sur scène je suppose, Cocoon a du imposer ses morceaux un peu moins rock’n’roll. Je pensais que c’était un défi relevé, jusqu’à ce que l’équipe fasse le bilan, mitigé. La programmation et l’organisation laissent Mark dubitatif, mais il n’oublie pas de souligner que, pour tester du nouveau matos, l’endroit était tout à fait approprié. Une bonne répétition, en somme. Il propose ensuite une nouvelle session acoustique, avec de nouveaux morceaux. Affaire à suivre ?
La soirée continue, et les discussions reprennent autour de moi. Bizarrement, je suis autorisée à rester, là, plantée sur ma chaise. Tant mieux, je passe un excellent moment. L’image qu’ils donnent d’eux sur scène se confirme et s’amplifie. Vraiment sympathiques, et tout un tas d’adjectifs pour pourraient les valoriser à merveille. L’humain avant l’artiste. Longue vie à Cocoon !
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Les Commentaires
Dire que je les avais vu passer juste à côté pour le show case de la fnac
j'aurais aimée avoir le courage de leur parler sniff