En partenariat avec La Vingt-Cinquième Heure (notre Manifeste)
Le 22 juin 2020 sort au cinéma le documentaire Mon nom est clitoris, réalisé par Lisa Billuart Monat et Daphné Leblond.
Et oui, c’est un film entièrement dédié au plaisir sexuel féminin et à cet organe trop souvent oublié et méconnu : le clitoris !
À l’occasion de la sortie de cette production d’importance capitale, j’ai posé cette question aux lectrices de madmoiZelle :
C’est quoi l’histoire de votre découverte du clitoris et du plaisir sexuel ?
Mon nom est clitoris, un documentaire qui donne la parole aux femmes
Il suffit de questionner un peu son entourage pour s’en rendre compte : le clitoris et le plaisir sexuel féminins sont trop souvent des sujets tabous et/ou complètement méconnus.
Dans le film de 88 minutes Mon nom est clitoris, 12 jeunes femmes âgées de 20 à 25 ans racontent le parcours de leur sexualité depuis l’enfance aux deux réalisatrices dans un cadre intimiste : leur chambre, face caméra.
Elles leur confient leurs questionnements et leurs déboires dans la découverte du plaisir : les premières sensations, les obstacles…
Et elles sont toutes à la recherche d’une chose : une sexualité épanouissante, libre et égalitaire.
Ces témoignages sont d’une grande richesse et permettent au plus grand nombre de repenser la sexualité, sans oublier le prisme des inégalités qui se sont érigées en système social.
Ils participent aussi nécessairement à briser le cercle vicieux des tabous qui empêchent certaines femmes de découvrir leur corps avec douceur et dans son entièreté !
Parce que oui, entamer sa sexualité et découvrir son anatomie avec un prisme sexiste, c’est loin d’être facile.
Honte de se masturber et/ou de penser au sexe, peur de son désir et de sa sexualité, manque cruel d’éducation et d’informations à propos du clitoris… Il est temps que ça s’arrête, non ?
Découvrir son plaisir et son clitoris dans une société sexiste
S’il fallait encore une preuve que ce sujet résonne chez énormément de femmes, l’appel à témoins que j’ai lancé au début du mois de juin en est une.
En une semaine j’ai reçu plusieurs dizaines de témoignages très TRÈS fournis et très complets (merci à toutes) dont je vais essayer de faire le bilan dans cet article.
S’il paraîtrait évident que l’éducation sexuelle, que ce soit familiale ou scolaire, joue un rôle important dans la découverte du corps et du clitoris des femmes qui ont témoigné… eh bien il n’en est rien.
Quand éducation sexuelle il y a eu (au lycée ou au collège), les femmes qui ont témoigné citent comme thématiques abordées :
- La contraception
- La pénétration pénis-vagin et la reproduction
- Les MST et IST
Elles ont reçu un enseignement très biologique de leur corps en SVT duquel elles sont parfois ressorties avec une image biaisée : un vagin, ça se pénètre et ça ne sert qu’à enfanter.
Le clitoris, grand absent de l’éducation sexuelle (il vient à peine d’être représenté dans les manuels scolaires), est quasi-toujours oublié, et quand il est présenté, ce n’est que par son gland — comme un petit bouton peu utile situé à la commissure des lèvres, en somme.
La grande majorité des 37 femmes qui m’ont écrit ont connu l’existence de leur clitoris assez tardivement (autour de la vingtaine) et ont dû faire maintes recherches pour le rencontrer et le comprendre.
Globalement, j’ai pu dissocier deux teams parmi tous ces bouts de vie :
- Celles qui ont découvert leur plaisir sexuel, leur clitoris et la masturbation dans la petite enfance sans vraiment le conscientiser (notamment grâce au humping, le fait de frotter son sexe pour se masturber)
- Celles qui ont découvert tout ça autour de la vingtaine
Dans les deux cas, tout ce cheminement s’est rarement fait sans honte ni sans efforts pour avoir accès à des informations fiables, claires et non-jugeantes sur la sexualité.
Parmi toutes les croyances erronées que ces femmes ont dû déconstruire grâce à Internet, celles qui reviennent le plus souvent sont :
- Le sexe c’est mal
- Quand on est une fille, il est plus agréable de coucher avec un garçon qu’avec une fille
- La pénétration est le seul acte sexuel qui procure du plaisir
- Se masturber c’est rentrer son doigt dans son vagin
- Le clitoris est un petit bout de peau qui n’a rien ou peu à voir avec le plaisir sexuel
- La masturbation c’est pour les garçons
- Se masturber quand on est une fille c’est mal et sale
- Caresser le clitoris ne sert qu’à préparer le vagin pour une pénétration
- L’hymen doit être préservé le plus longtemps possible, voire jusqu’au mariage
- L’hymen doit se déchirer pendant la première pénétration
- Le vagin d’une femme s’élargit si elle a beaucoup de rapports sexuels
- Les filles ne pensent jamais au sexe
- Il existe deux plaisirs bien distincts : le plaisir clitoridien et le plaisir vaginal
- Une femme fait forcément beaucoup de bruit et crie très fort quand elle jouit
- Un rapport hétérosexuel classique doit toujours passer par les mêmes étapes : fellation, pénétration, éjaculation masculine
La question de la masturbation est épineuse : quand on regarde ces témoignages dans leur globalité, on se rend compte que pour la grande majorité de ces femmes, elle a provoqué un sentiment de honte ou d’incompréhension.
Beaucoup de textes font également mention de violences sexuelles qui ont entravé la découverte sereine du corps et l’expérimentation des désirs, mais heureusement, il y a aussi dans ces vécus beaucoup de plaisir, d’orgasmes et de bonheur !
Après ce petit bilan global assez impersonnel, je te laisse avec cinq témoignages touchants et parlants.
Déconstruire la honte de la masturbation féminine
Cette madmoiZelle de 18 ans raconte ses premières sensations de plaisir lors d’une masturbation :
« Je me souviens de mes premières sensations de plaisir sexuel, car en réalité c’est assez récent.
J’étais chez moi, dans ma chambre, je venais de lire un roman érotique et de découvrir l’existence des histoires Lemons sur Wattpad.
Ce soir-là ma libido était ON FIRE et je me suis masturbée pour la première fois.
J’avais déjà conscience de l’existence de mon clitoris mais c’est ce soir-là où nous nous sommes rencontrés physiquement pour la première fois.
Je m’étais déjà touchée timidement, eu quelques sensations, mais cela était très tranquille et très timide…
(Petite anecdote, je me souviens d’un moment, quand mes poils ont commencé à pousser, où j’ai pris un miroir et je me suis mise dans mon lit pour regarder ma vulve, juste pour savoir ce que j’avais entre les jambes !)
Du coup, après cette première fois seule je me suis sentie bien, détendue et surtout j’ai eu l’impression de passer un cap dans ma vie.
Cependant, j’avoue avoir été un peu gênée de ce que j’avais fait. J’ai ressenti comme un léger sentiment de culpabilité.
Ce n’est pas comme si j’avais l’impression d’avoir fait quelque chose de mal mais plutôt comme si je n’étais pas légitime d’éprouver ces sensations ou encore de me faire plaisir. »
À 20 ans, cette seconde madmoiZelle a déjà un lourd passif de honte liée à la masturbation. Honte qu’elle a réussi à faire disparaître grâce à des vidéos YouTube (merci Queen Camille) :
« J’ai dû découvrir par hasard l’existence de mon clitoris, par frottement contre le matelas de mon lit de bébé.
Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours masturbée en me frottant contre une surface quelconque, et ça m’a causé bien des soucis.
Le problème dans une situation pareille c’est que personne ne se donne la peine d’expliquer ce phénomène si agréable à une gosse de 2 ans.
Par conséquent, elle ne se rend pas compte de ce que représente le fait de se masturber.
Si bien que je n’ai vu aucune raison d’arrêter de me faire du bien lorsque que j’ai commencé à fréquenter les lieux publics, c’est-à-dire l’école…
Irai-je jusqu’à dire que ça a bousillé une partie de ma scolarité ? Peut-être pas. Mais les années à partir desquelles la mémoire m’est plus précise constituent mes pires souvenirs d’école, et de loin.
J’ai toujours été relativement dissipée en classe, tête en l’air ou dans la lune, comme disaient mes maîtres et maîtresses. Ajoutez à cela une tendance à prendre les chaises pour des sextoys et vous comprendrez le désespoir des profs…
Un jour, en lisant un livre pour enfants sur le corps humain emprunté à la bibliothèque, j’ai découvert ce qu’était « faire l’amour » et j’ai rapidement fait le lien avec mes petites branlettes quotidiennes.
Je devais avoir 6 ou 7 ans à l’époque, et pourtant je n’ai pas arrêté. Peut-être était-ce parce que je savais que mes camarades ne comprendraient pas, ou par addiction ?
Je ne me souviens plus, mais les notes des profs à l’intention de mes parents se multipliaient dans mon carnet ; je me faisais gronder, punir, sans que les mots atteignent vraiment mon cerveau.
On me disait d’arrêter parce que « ce n’est pas bien, ça ne se fait pas », sans expliquer le pourquoi du comment. J’avais peur d’être prise sur le fait, j’avais peur de la réaction de mes parents, et pourtant je continuais.
Au bout de quelques années, ce qui nous amène environ en fin de primaire, j’ai eu un déclic. Là encore, mes souvenirs sont flous, je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête, mais j’ai arrêté net.
J’ai non seulement arrêté de me masturber en public, mais aussi en privé, lorsque j’étais seule et tranquille et que ça n’aurait fait de mal à personne.
J’avais enfin pris pleinement conscience de ce que j’avais persisté à faire pendant des années. J’ai alors développé un genre de dégoût pour moi-même et pour ce que j’avais fait.
Je ne voulais plus entendre parler de masturbation, je ne voulais plus y penser, j’aurais voulu pouvoir effacer de ma mémoire ces années de primaires.
Même les allusions à cette époque me rebutaient et me faisaient changer de sujet illico, idem avec mes parents ou avec mes amis. J’avais honte, honte, honte.
Cette période de déni total a duré deux ou trois ans, puis j’ai recommencé à me toucher, de temps en temps, quand j’étais seule. Mais à chaque fois que je le faisais, j’avais honte après coup, je me sentais sale.
C’est finalement grâce à Internet que j’ai réussi à vaincre cette honte de la masturbation.
En première j’ai commencé à regarder des vidéos YouTube et suis malgré moi tombée sur celles de Queen Camille, sur la chaîne Parlons peu mais parlons…
Bref, des contenus démystifiants, parlant librement de sujets tabous, dont la masturbation.
Ça m’a beaucoup aidée à comprendre que se branler était quelque chose de normal dont il ne fallait ni se priver ni avoir honte. »
Ne pas trouver de plaisir dans la masturbation
Si certaines ressentent de la honte dans le fait de se masturber, Camille, 21 ans, a honte de ne pas le faire et de n’y trouver aucun plaisir :
« Je me souviens que j’ai toujours été la seule de mes copines à être décomplexée vis-à-vis du sexe. Et pourtant, c’est vers l’âge de 13 ans que j’ai entendu pour la première fois le fameux mot « clitoris ».
À l’époque, j’étais vierge et je sortais avec un garçon plus âgé. C’est avec lui que j’ai eu mes premières expériences sexuelles.
Il n’y a jamais eu de pénétration parce que je n’y étais pas prête, mais voilà, alors que l’on commençait à se toucher, il m’a sorti une phrase dont je me souviendrai toujours :
« Je ne trouve pas ton clitoris ! »
AH. Super ! Je ne pouvais même pas l’aider parce que je ne savais même pas ce que c’était. C’est donc lui qui me l’a fait découvrir, mais à ce moment-là je me suis posé 10 000 questions.
Pourquoi je n’en avais jamais entendu parler avant ? Est-ce que ma mère connaissait ce mot-là aussi ? Pourquoi elle ne m’en avait pas parlé ?
À l’époque c’était tabou pour moi de se masturber, je trouvais ça dégueu. Le temps a passé, j’ai grandi, j’ai eu mes premiers rapports sexuels et mon regard sur la masturbation a changé.
Aujourd’hui, je ne la vois plus comme quelque chose de dégueulasse, par contre, je ne la pratique toujours pas. Pourquoi ? Parce que je n’en ressens pas le besoin.
Il y a très peu de temps, c’est en parlant à mes copines que j’ai appris qu’elles se masturbaient presque toutes, et que c’était normal. C’est là que j’ai compris.
J’ai compris que si elles se touchaient c’était parce que le gland externe de leur clitoris était réceptif. Le mien, bizarrement, il bug complètement.
De mes 13 ans à aujourd’hui, le gland de mon clitoris ne m’a jamais fait aucun effet, mon plaisir ne provient exclusivement de la pénétration et donc de sa partie interne.
Lorsqu’on essaie de me toucher au niveau du gland, que ce soit avec la langue ou les doigts, je ne ressens rien. Enfin si : si on le titille un peu trop ça en devient désagréable, gênant et ça me fait presque mal.
J’ai beau en parler avec mes copines, à chaque fois ça suscite de l’incompréhension. Elles ne comprennent pas. Pour elles c’est impossible, on ne peut PAS ne rien ressentir à ce niveau.
Elles me disent que c’est peut-être parce que les garçons s’y prennent mal ou trouvent d’autres raisons. Mais en tout cas c’est quelque chose « d’anormal » pour elles.
J’ai l’impression d’être seule dans ma situation, que mon corps ne fonctionne pas comme il faut…
Aujourd’hui, je suis en couple depuis presque 3 ans avec un garçon et je ne me masturbe toujours pas. Je le ferais si j’en ressentais le besoin, mais pour l’instant je suis très bien comme ça.
Nos rapports sexuels se passent très bien, on est à l’écoute l’un de l’autre. Il sait que le cunni ne servira pas à grand-chose mais il le fait de temps en temps pour voir si ça change quelque chose quand même.
Par contre, j’ai récemment appris à prendre du plaisir ailleurs. J’ai découvert que mes seins étaient une partie très très érogène de mon corps et que le combo pénétration et mordillage de tétons c’est l’extase ! »
Non, Camille n’est pas la seule à avoir le gland du clitoris insensible !
Comme chaque femme est différente, chaque clitoris l’est aussi, et la sensibilité de ce dernier peut changer d’une femme à une autre, mais aussi d’une période de la vie à une autre.
Pour déterminer si l’insensibilité du gland du clitoris est liée à une cause physique ou à des facteurs psychologiques (vision du plaisir et de la sexualité comme un péché, culpabilité au plaisir sexuel, blocage, traumatisme sexuel…) il est parfaitement possible d’aller consulter un ou une gynécologue ou un ou une sexologue pour en discuter !
Certaines femmes sont insensibles, d’autres sont hypersensibles, dans tous les cas, s’il y a inconfort, c’est une raison suffisante pour demander conseils à un ou une médecin bienveillante.
Découvrir son plaisir et déconstruire les schémas du sexe hétéro
Cette madmoiZelle de 23 ans raconte toutes les étapes qu’elle a franchies dans la découverte de son clitoris, de son plaisir, et dans la déconstruction des schémas hétérosexuels qui la satisfaisaient peu.
Avec du dialogue, du temps, de l’amour et de l’observation, petit à petit, elle apprend à se connaître :
« Mon clitoris, je l’aime beaucoup ! Mais il est arrivé tard dans ma vie. Heureusement, il n’est jamais TROP tard.
J’ai eu mes premières expériences (tentatives) de masturbation au collège. Je voyais mon sexe comme on le présentait en SVT : une fente à pénétrer (ou qui fait sortir des bébés).
Mais ces caresses pénétrantes ne me faisaient décidément rien, malgré toute l’excitation que je pouvais ressentir… Je me suis à demi-mot considérée comme frigide et j’ai passé mon chemin.
Je n’étais pas très aventureuse, je pensais que c’était parce qu’il fallait que je sois avec un garçon dont je serais amoureuse. La sacro-sainte institution du couple.
En terminale, à mes 17 ans, j’ai rencontré mon premier (et à ce jour, seul) copain. Malgré le stress du bac, j’étais en chien. Nous n’avions jamais eu de partenaires sexuels, nous nous sommes beaucoup découverts.
Mais du clitoris, aucune trace à l’horizon.
J’ai découvert le pénis et considéré que cela rentrait très bien dans mon vagin. C’était agréable. C’était bon, mais je ne jouissais pas. Je m’en contentais.
En commençant à m’intéresser aux questions féministes, nous avons commencé à parler du clitoris dans mon couple.
J’ai commencé à lire madmoiZelle, à regarder les vidéos de Nina Luka, notamment celle sur la masturbation.
J’ai téléchargé quelques livres érotiques sur ma liseuse (bof pour du porno) et j’ai retroussé mes manches. C’était long. Mais ça a été une explosion (au sens littéral du terme… *se racle la gorge*).
J’ai connu mon premier orgasme. J’ai recommencé le jour même, et les jours suivants (mais en moins explosif).
Moi qui ne savais jamais vraiment si j’avais joui dans un rapport sexuel à deux, j’ai pu comprendre que non, ce n’était jamais arrivé.
J’ai appris à caresser mon clitoris, j’ai rapidement trouvé ce qui marchait, et j’ai continué comme ça. J’ai découvert les sextoys grâce à mon partenaire (les rabbits c’est quand même cool).
J’ai appris à combler mon clitoris, en solo. J’avais 20 ans.
Malheureusement, nos rapports à deux sont restés comme avant, je n’arrivais pas à attraper le coche pour le guider, ou lui montrer. Je trouvais que ça prenait trop de temps.
Mes orgasmes à deux se sont comptés à peine sur les doigts des mains. J’avais, et j’ai toujours, du mal à décrocher de mes schémas/habitudes sexuelles à deux d’où le clitoris était absent.
[…] Puis j’ai rompu avec mon partenaire, et j’en ai eu plein d’autres. Des réguliers, des occasionnels, des one-shot. J’essaye de les guider, de me caresser pendant le sexe à deux.
J’ai encore du mal à créer de nouvelles routes de plaisir dans mon cerveau.
Pendant le confinement, j’ai réfléchi à mon clitoris. J’ai pris un miroir et je l’ai regardé. Genre vraiment. En ouvrant les lèvres, en mettant des mots, en regardant son évolution avant et après le plaisir.
Je l’ai aussi caressé sans forcément que cela soit sexuel.
J’ai lu aussi (Jouir de Sarah Barmak, Ne dis pas que tu aimes ça de Céline Tran) et écouté (On the Verge, Les Couilles sur la table, Entre meufs). J’en ai discuté avec mes amies.
De nos corps, du clitoris, de l’orgasme, des relations amoureuses et sexuelles.
J’en ai aussi discuté avec ma mère et mes deux petites sœurs, ma mère s’étonnant que je ne connaissais pas le clitoris jusqu’à récemment, s’attristant d’avoir manqué un pan de mon éducation.
Ça m’a fait du bien d’en parler avec mes sœurs et de transmettre des informations qui me paraissent importantes.
Enfin j’en ai discuté avec mes partenaires et de nouveaux matchs Tinder, cherchant à connaître leur sexualité, et la mienne.
Maintenant j’essaie de faire en sorte que tous ceux qui partagent mon lit donnent au moins un peu de plaisir à mon clitoris. Je lui en donne beaucoup toute seule.
Je n’arrive toujours pas à jouir à deux, je travaille à reconstruire des schémas sexuels sans mettre la pénétration au milieu, ou alors une pénétration différente, accompagnée d’autres caresses.
Je pense à aller voir un ou une sexologue pour réfléchir à comment débloquer le tout, car je sais que mon clitoris marche très bien, mes doigts vous le confirment.
C’est plutôt dans la tête que ça se passe. Mais une chose est sûre : je t’aime, mon clitoris. »
La quête du plaisir sexuel et de l’orgasme
Lucie a 24 ans et raconte toutes ses années passées à la recherche de l’orgasme et de son plaisir sexuel — qu’elle n’envisageait qu’à travers ses partenaires :
« J’ai découvert mon clitoris quand j’avais 15 ans, grâce à mon premier copain qui était plus âgé.
Je n’en avais pas entendu parler avant, pourtant j’étais super intéressée par la sexualité et surtout curieuse de savoir ce que c’était.
JAMAIS on ne m’avait parlé de cet organe, jamais on ne m’avait dit à quel point il était dingue (et surtout pas en cours d’éducation sexuelle).
Je précise aussi que je ne m’étais jamais masturbée avant : pour moi, c’était une activité masculine et les filles n’avaient pas d’intérêt à pratiquer le sexe seule dans leur lit.
J’en reviens donc à cette nuit où mon mec m’a fait découvrir mon propre corps. Il m’a caressée pendant ce qui semblait être des heures, chaque sensation était nouvelle et vraiment agréable.
Avec lui, j’ai également découvert la masturbation seule, ou presque : par téléphone. Mais je n’y arrivais pas. Pour moi, c’était associé à une activité partagée.
D’ailleurs, même avec lui, malgré des mois de pratique et une belle relation, je n’arrivais pas à atteindre l’orgasme. Ce n’était pas au centre de mes préoccupations, pour moi c’était normal de ne pas jouir au début de la sexualité.
Finalement, cette relation se termine, j’ai un an de plus et là je décide d’explorer la sexualité. Toujours accompagnée par divers partenaires, car je ne m’imagine pas encore faire ça seule…
Après quelques années de vagabondage, ma déception est grande : zéro orgasme. Le problème viendrait donc de moi, c’est la seule explication. J’en viens à penser que j’en suis incapable.
C’était omettre la seule évidence : aucun de mes partenaires n’avait pris soin de mon clitoris ! Et ça, je ne m’en rendais même pas compte.
Les seules fois où il a été touché durant ces quelques années c’était pour « les préliminaires » : préparer l’ouverture du vagin pour un rapport 100% pénétrant.
Et bien souvent, les mecs y allaient trop fort, ne comprenant pas du tout comment s’y prendre. Moi, je n’osais pas toujours les instruire…
J’ai donc fait le grand saut et je me suis touchée seule. Et là, j’ai réussi à avoir mon premier orgasme. Le premier d’une longue série dans laquelle la pénétration n’avait pas encore sa place.
Il aura fallu attendre un autre copain pour associer ma jouissance à la pénétration. Lui savait me toucher pendant, avant, et même après la pénétration (si elle avait lieu).
J’ai donc découvert la double stimulation qui, après quelques entraînements, a mené vers mon premier orgasme partagé !
Bon, il aura fallu encore quelques temps pour le deuxième, et encore plus pour le troisième, même si j’avais fait beaucoup de chemin.
Aujourd’hui, j’ai 24 ans, je connais mieux mon corps et je sais le faire jouir de plus en plus régulièrement. Les sextoys, la communication et le site payant OMGYes m’ont beaucoup aidée.
Il m’aura donc fallu plus de 5 ans depuis ma première rencontre avec mon clito pour que je comprenne qu’il était le moteur de mon plaisir et que la pénétration à elle seule, bien que très agréable aussi, n’était pas suffisante. »
Jouir grâce au féminisme et au film Mon nom est clitoris
Peut-on dire que le féminisme est la meilleure chose qui soit arrivée aux clitoris et au plaisir sexuel féminin (et masculin) ? Oui, je crois bien.
Je ne compte pas le nombre de fois où madmoiZelle, Queen Camille et plein d’autres personnes, chaînes YouTube, comptes Instagram et autres podcasts ont été mentionnés comme une source d’information feel good, empouvoirante et décomplexante sur la sexualité !
Là où l’école, les parents et les diktats discriminants de la société faillissent, les féministes prennent le relais.
Le film documentaire Mon nom est clitoris réalisé par Lisa Billuart Monat et Daphné Leblond fait aussi partie de ces supports essentiels, je t’invite donc à ne pas le manquer le 22 juin au cinéma et à y emmener tes parents, ton frère, ta sœur, tes amis !
C’est d’utilité publique.
Et toi, est-ce que tu partages certaines expériences de ces madmoiZelles à propos de ton clitoris ?
À lire aussi : Mon secret pour mieux jouir ? Le féminisme !
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