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Culture

Les clips des années 80, entre cool et WTF

Dans les années 1980, les clips musicaux étaient étranges, parfois flippants, souvent très drôles et incroyablement kitsch. En voici une petite sélection !

Un jour, je suis rentrée chez moi m’effondrer sur un canapé et j’ai allumé la télé. Je suis tombée sur un top années 1980, sur ce qui était feu Virgin 17 (et est désormais devenu Direct Star). Je me suis aussitôt retrouvée fascinée par une déferlante de looks absurdes, d’effets spéciaux ringards et de lumières flash, bref : par les clips des années 1980. Depuis, cette passion ne s’est jamais éteinte.

Enfile ton habit de lumière, et découvrons ensemble quelques-unes de ces merveilles audiovisuelles dont les télévisions ont abreuvé la planète au temps où Véronique et Davina faisaient bouger les fessiers.

Dead Or Alive — You Spin Me Round (Like a Record)

Commençons par entrer dans cette belle décennie avec un clip qui tourne en rond, mais dans le bon sens : You Spin Me Round (Like a Record) de Dead Or Alive, sorti pour la première fois en 1984. La joussive étrangeté de cette vidéo doit beaucoup au charisme du chanteur Pete Burns, avec son look entre Tokio Hotel et un pirate, qui donne de sa personne tout au long de la chanson. Avec les autres membres du groupe, il imite la déesse Vishnu à plusieurs bras ou se laisse enrouler dans des rubans XXL. Mythique.

Le clip a été réalisé par Vaughan Arnell, qui n’est autre que l’homme derrière la vidéo du titre Angels de Robbie Williams, et non, ce n’est pas flagrant. Et ce n’est pas la seule touche de ce tableau WTF : le producteur a par la suite raconté qu’il avait produit le clip pendant une défonce de cocaïne qui a duré 36 heures.

Et comme un titre aussi insistant est toujours bon pour les oreilles des auditeurs, Indochine en a fait une reprise un peu plus rock mais aussi, bizarrement, un peu plus plate, que tu peux écouter si le coeur t’en dit.

Peter Gabriel — Sledgehammer

Peter Gabriel n’est pas l’homme le plus kitsch du monde. En revanche, le clip de Sledgehammer, sorti en 1986, surpasse un certain nombre de vidéos de l’époque. Au début, le chanteur interprète le titre presque sans bouger, tandis qu’autour de lui, le décor s’anime. Celui-ci est rempli de références culturelles : le visage bleu que traverse des nuages rappelle l’esprit des peintures de Magritte, le portrait en fruits a un côté totalement Arcimboldo, les éclaboussures de peinture sont un clin d’oeil à Jackson Pollock…

Le clip est filmé selon la technique du stop-motion, c’est-à-dire image par image. Ses réalisateurs et animateurs sont plutôt des gens qui pèsent : Stephen R. Johnson, les frères Quay, et les studios Aardman Animations, où travaillait à ce moment-là Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit.

Tout cela ne s’est pas fait sans un petit effort. Peter Gabriel est resté plus de 16 heures allongé sous une plaque de verre, comme le relate Arte. S’il fallait encore te convaincre que ce clip est incroyable, sache qu’il a raflé 9 récompenses aux MTV Music Awards en 1987 !

Luna Parker — Tes états d’âme Éric

https://youtu.be/K-p9Pc62ako

Tes états d’âme Éric du groupe français Luna Parker pourrait probablement concourir au titre de chanson la plus entêtante et la plus pénible des années 1980 pour ceux et celles qui n’aiment pas les jeux de mots. Son clip met en scène les deux membres du groupe, Éric Tabuchi et Rachel Ortas, respectivement dans la peau du fameux Éric et de la femme qui s’adresse à lui dans la chanson.

Je n’ai pu dénicher que peu d’informations sur cette fameuse vidéo, qui démarre par des métaphores visuelles dans une salle de bains dont le côté « fabriqué à la main » rappelle les films suédés de Michel Gondry : la mer de plastique au fond du lavabo, le drapeau des États-Unis dessiné au dentifrice… Voici ensuite venir une immense bibliothèque dans laquelle la chanteuse cherche le « dictionnaire des souvenirs ».

Tes états d’âme Éric fait partie de ces titres des années 1980 qui ont eu droit à leur remix r’n’b. En l’occurrence, la chanteuse Leslie a repris la chanson en compagnie de Teki Latex, et disons que c’est un autre genre.

Début de soirée — Nuit de Folie

Derrière les costards flashy et surdimensionnés du groupe Début de soirée se cachaient deux interprètes, Sacha Goëller et William Picard, qui ont fait taper taper taper la France sur Nuit de Folie en 1988. Le clip de la chanson est une merveille de pop et de kitsch, à tel point que je ne peux que penser qu’il s’agissait déjà, à l’époque, de second degré.

La liste du génie de son contenu est trop longue : le duo de chanteurs dont les têtes pivotent à l’unisson sur un fond de paillettes, les trois danseuses en robe moulante qui s’amusent sans complexes sur le dancefloor, les couleurs acidulées ou encore les décors animés ou mouvants…

Depuis, Nuit de Folie a eu droit à sa reprise en coréen. Je te laisse ajouter cette cover disons… particulière à ta culture générale, si tu le souhaites.

A-ha — Take On Me

Le clip que tu connais peut-être de la chanson d’A-ha, Take On Me, réalisé en 1985, est en réalité le deuxième du nom. Une première vidéo avait été tournée, mais elle ne plaisait pas trop. C’est donc le vice-président de Warner Bros en personne, Jeff Ayeroff, qui a demandé au graphiste Michael Patterson de réaliser un dessin animé entièrement au crayon illustrant cette histoire de rendez-vous galant un peu étrange.

Arte raconte comment le graphiste a employé la technique de la rotoscopie, dont le principe est de dessiner image par image des scènes préalablement tournées, et travaillé avec le réalisateur Steve Barron. Ce que tu vois sur ton compte YouTube est donc le résultat de quatre mois de travail et 1500 dessins ! Les effets spéciaux te paraissent peut-être un peu dépassés avec le temps, mais il faut s’imaginer qu’à l’époque, ce mélange était hyper novateur.

Et voilà, le succès du groupe norvégien A-ha composé de Morten Harket, Magne Furuholmen, et Pål Waaktaar-Savoy était parti pour décoller du papier.

Billy Squier — Rock Me Tonite

En 1984, Internet n’était pas ce qu’il est aujourd’hui, sinon nul doute que Billy Squier l’aurait cassé avec le clip de Rock Me Tonite. Cette vidéo est la preuve vivante, s’il fallait en douter, que Beyoncé n’a pas inventé le clip en chambre. Pour la faire brève, Billy Squier se lève de son lit, s’habille rapidement et se fait un kif de danse solo dans lequel il se roule par terre et se jette sur les draps.

Seul petit point noir sur cette parure de satin immaculée : ce clip a fait perdre en street-crédibilité à Billy Squier auprès des gens influents de la musique, et il ne l’a pas tellement digéré,

de sorte qu’il a sorti une énorme ânerie dans le livre I Want My MTV, comme le raconte le site Dangerous Minds :

« Quand j’ai vu la vidéo, ma mâchoire est tombée. C’était diabolique. Je l’ai vue et je me suis dit « Qu’est-ce que c’est que ça, putain ? ». La vidéo dénature ce que je suis en tant qu’artiste. J’étais un homme beau et séduisant. Ca n’a certainement pas gêné dans la promotion de ma musique. Mais dans cette vidéo je suis un peu un joli garçon. Et je me pavane dans une chambre. Les gens se disent « il est gay ». Ou « il est drogué ». Ça m’a traumatisé. Enfin, je n’ai rien contre les gays, j’ai beaucoup d’amis gays. »

Eurythmics — Sweet Dreams (Are Made of This)

En 1983, le groupe de new wave Eurythmics, qui en est déjà à son troisième album, sort Sweet Dreams (Are Made Of This) qui fait un carton, et pas de déménagement.

Le clip démarre par une illustration assez littérale des paroles de la chanson : un globe terrestre qui tourne sur lui-même pour « travel the world and the seven seas », un homme concentré sur l’écran de son ordinateur pour « everybody’s looking for something », une cravache pour « some of them want to abuse you »… Suivent ensuite quelques plans sur Annie Lennox, la chanteuse du groupe, femme androgyne aux cheveux oranges, puis la vidéo part lentement mais sûrement en sucette avec déplacement de l’ordinateur dans un pré avec des vaches.

Comme cette vidéo un peu étrange n’était pas assez flippante, Marylin Manson, lorsqu’il a repris Sweet Dreams (Are Made of This), a également tourné sa version du clip, avec des cochons et dans une ambiance aliénante.

Cock Robin — When Your Heart is Weak

When your Heart is Weak, du groupe américain Cock Robin, est une sacrée pépite qu’on a trop tendance à oublier dans cette botte de foin musicale que sont les années 1980. Peter Kingsbery, le chanteur de Cock Robin, souffre d’un syndrome particulièrement marqué chez les artistes masculins des années 1980, le déhanché un peu crispé qui se veut sensuel, dont il fait une belle démonstration tout au long du clip de la chanson.

Pour te situer, la vidéo se déroule dans une ambiance très Amérique du Sud, dans un paysage sec, entre cactus et cailloux, avec la chanteuse Anna LaCazio en jeune femme ténébreuse lookée Gipsy. Et un petit coup de hanche featuring genoux dans l’herbe, et un autre sur les rochers. Et c’est reparti pendant le temps que dure cette très longue ballade pop.

Billy Idol — Dancing With Myself

Dancing With Myself est un très bon coup marketing (what did you expect ?) réalisé par le chanteur de rock britannique Billy Idol. Il a en effet ré-enregistré la chanson pour son album solo, après la séparation de son groupe Generation X, qui avait à l’origine publié le titre sur l’album Kiss Me Deadly.

Dans cette vidéo, Billy Idol ressemble à une sorte de frère de Spike sorti de Buffy contre les Vampires, avec un look mi-punk mi-cuir & moustache, et fait la nique à des zombies qui le poursuivent dans une sorte de zone industrielle.

Comme Billy Idol s’amuse visiblement tout seul, à la fois dans les paroles et dans le clip, Slate.com a classé Dancing With Myself comme une chanson qui parle de masturbation. Okay.

Bonnie Tyler — Total Eclipse of the Heart

En 1983, Bonnie Tyler et sa voix éraillée faisaient mieux que tous les ventilateurs de la planète dans le clip de Total Eclipse of the Heart, où la chanteuse ouvre des portes ouvertes dans un pensionnant de jeunes garçons sportifs, le tout dans une ambiance brumeuse avec moult effets de voilages planants. La vidéo a été réalisée par Russell Mulcahy. L’histoire a été imaginée par Jim Steinman, et s’inspire de Futureworld, un film de 1976.

Il existe d’ailleurs sur YouTube une version littérale de ce clip inspiré : autrement dit, la voix de Bonnie Tyler est remplacée par celle de deux chanteurs qui décrivent ce qui se passe dans la vidéo, et c’est à pisser des flaques de rire.

Et cette chanson est décidément increvable : en 2003, Bonnie Tyler en a enregistré une reprise (beaucoup moins funky visuellement) avec une autre artiste qui chantait en français, et en Angleterre, l’écoute de Total Eclipse of the Heart a explosé sur Spotify le 20 mars, lors de l’éclipse solaire !

Rick Astley — Never gonna give you up

Difficile de dire s’il est encore utile de présenter Never Gonna Give You Up, le tube de Rick Astley qui avait fait tourner les slips pendant l’été 1987 en devenant numéro un mondial. Le déhanché du chanteur anglais sur fonds de synthés, qui lui donne l’air à la fois très in et un peu coincé du pantalon à pinces, fait merveille dans ce clip.

La preuve, au cas où tu ne traînais pas sur les Internets en 2007 : cette chanson est devenue un mème, le rickrollLe principe de ce mème consiste à ajouter un lien à un sujet en faisant croire qu’il est pertinent, alors que le lien en question renvoie en réalité vers la vidéo du clip. La blague a débuté sur le site 4Chan, sur le principe d’un autre mème qui renvoie vers le lien d’une image toujours identique, celle d’un canard monté sur roues.

Rick Astley a même été nommé pour la meilleure performance jouée aux MTV Europe Music Awards de 2008. Et rien à voir, mais des ex-scientologistes ont également récupéré le titre pour protester contre l’Église. Rick Astley a été un peu dépassé par le phénomène, comme il l’a raconté au L.A. Times :

« Je pense que si c’était arrivé autour d’une chanson rock, avec des paroles qui veulent vraiment dire quelque chose — du Bruce Springsteen, « God bless America »… ou une chanson anti quelque chose, je pourrais peut-être comprendre ça. Mais pour quelque chose dans ce genre… et je ne veux pas la dénigrer, parce que je pense encore que c’est une super chanson pop, mais c’est une chanson pop, vous voyez ce que je veux dire ? Il n’y a aucun poids derrière, en tant que tel. Mais peut-être que c’est son ironie ».

Et pour encore plus de musique des années 80 (mais pas seulement), rendez-vous à la Grosse Teuf #2 le 27 mars prochain !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

14
Avatar de Firstnamelastname
27 mars 2015 à 23h03
Firstnamelastname
Kiff éternel sur celui de Aha - Take on Me et de Visage - Fade to Grey cité par @Burroughs !

Un clip que j'adore aussi, sans vraiment d'histoire de fond, mais juste pour la simplicité du décor et ce délicieux petit dancemoove vers 1:50 :
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Voir les 14 commentaires

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