Mercredi 3 mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui dépend de l’ONU, a tiré la sonnette d’alarme : le phénomène météorologique El Niño pourrait faire son grand retour à partir de cet été, causant une hausse drastique des températures. Selon les experts, la probabilité qu’il se développe serait de 60% d’ici fin juillet, et grimperait jusqu’à 80% fin septembre. Mais, de quoi parle-t-on exactement ? Éclairage.
Qu’est-ce que le phénomène El Niño ?
El Niño est une oscillation australe des courants océaniques (ENSO : El Niño Southern Oscillation). Il doit son nom à son caractère saisonnier : atteignant son apogée vers Noël, il a été baptisé ainsi par des pêcheurs, en référence à l’enfant Jésus.
Dans les grandes lignes, le phénomène El Niño est donc le fruit d’un changement dans la circulation des courants marins, à cause des vents, ce qui mène au réchauffement des températures de surface des océans, et donc de l’atmosphère. Le média Reporterre détaille ce phénomène :
Les eaux de surface de l’ouest du Pacifique sont plus chaudes que celles situées à l’est : elles peuvent atteindre 30 °C aux abords de l’Indonésie, contre 24 °C le long des côtes latino-américaines. Cette différence de température génère une différence de pression dans l’atmosphère, ce qui contribue à la formation des alizés. Ces vents intertropicaux favorisent en retour les remontées d’eau froide le long des côtes péruviennes, contribuant ainsi à l’écart de température entre les parties est et ouest du bassin […] Certaines années, l’équilibre se rompt : à la suite d’un coup de vent, ou par « effet de glissement des alizés », les eaux chaudes s’aventurent jusqu’au centre du Pacifique. Les vents intertropicaux s’affaiblissent en conséquence.
Reporterre, « Avec El Niño, la température pourrait bondir en 2023 », 3 février 2023
En raison de cet affaiblissement, les remontées d’eau froide au large du Pérou sont mises à mal. « Or, ces dernières jouent le rôle de « climatiseur de la planète Terre » », rappelle le climatologue Jérôme Vialard, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à nos confrères de Reporterre. Sans elles, « L’atmosphère se réchauffe, localement et à l’échelle de la planète ». C’est ce qu’on appelle le phénomène El Niño.
Combien de temps dure le phénomène El Niño ?
Le phénomène El Niño dure généralement entre six et dix-huit mois. Il se forme tous les deux à sept ans dans le Pacifique. Son dernier passage marquant remonte à 2016 : cette année a été « la plus chaude jamais enregistrée en raison du ‘double effet’ d’un Niño très puissant et du réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre liés à l’activité humaine », comme le rapporte l’Organisation météorologique mondiale. Les indices laissent penser que des épisodes du genre pourraient se multiplier et s’intensifier à l’avenir.
Ce phénomène climatique naturel connaît un pendant opposé, « La Niña », plus froide : l’océan absorbe à ce moment-là davantage de chaleur que d’ordinaire. Malgré ses effets modérateurs, elle ne suffit pas toujours à contrebalancer l’impact d’El Niño. « Ces variations naturelles se superposent à une tendance de plus long terme, celle du réchauffement climatique », expliquent nos confrères de Reporterre. La combinaison de ces oscillations et du réchauffement climatique peut avoir des effets dévastateurs.
Quelles sont les conséquences d’El Niño ?
El Niño induit en moyenne une hausse des températures moyenne de 0,1 ou 0,2°C à l’échelle de la planète. Couplé au réchauffement climatique, un El Niño puissant pourrait faire monter la température mondiale de plus d’1,5 °C, selon le climatologue Jérôme Vialard.
Les phases El Niño induisent des sécheresses importantes, notamment au nord de l’Australie et du Brésil, en Afrique australe, en Inde, aux Philippines et en Indonésie. La biodiversité, les écosystèmes, mais aussi les récoltes en pâtissent, ce qui peut mener à une raréfaction de certaines ressources, comme le riz.
D’autres régions du monde, comme la Californie, l’Afrique de l’Est et l’Amérique du Sud peuvent être sujettes à de très fortes pluies, mettant en difficulté les populations précaires qui y vivent. Par exemple, « une étude, publiée en 2015 dans la revue de l’Académie des sciences des États-Unis (Pnas), fait état d’une corrélation entre les épidémies de dengue en Asie du Sud-Est et l’augmentation des températures due à ce phénomène », comme le souligne Reporterre.
Enfin, l’océan, aux premières loges, est durement touché : la hausse des températures aquatiques entraine la mort des planctons et donc des poissons qui en dépendent pour se nourrir.
Quand ressentira-t-on les effets d’El Niño ?
Selon l’OMM, les répercussions d’El Niño sur les températures deviennent habituellement visibles l’année suivant l’émergence du phénomène météorologique. Il est donc probable que son effet sera ressenti courant 2024. L’OMM a averti : « Le développement d’El Niño conduira très probablement à un nouveau pic du réchauffement climatique et augmentera les chances de battre des records de température ».
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