Longtemps, j’ai pensé que mon manque relatif de répartie pourrait être réparé avec l’aide de mon meuble préféré : ma télé. J’ai alors enchaîné les films et les séries en me disant qu’un jour, grâce à eux, j’apprendrais à m’exprimer avec fluidité et moult punchlines. Que je deviendrais une telle héroïne de la rhétorique qu’on me demanderait de donner des cours dans les universités et tout.
Et puis un jour, j’ai compris : les fictions ne sont pas toujours faites pour nous ressembler. La plupart sont réalisées pour nous divertir et, franchement, un dialogue un peu naze, ça entertain moyen moyen.
Et au lieu de me lamenter sur l’impuissance de ma verve, j’ai plutôt choisi de faire une liste des clichés qu’on ne retrouve que dans les films et les séries.
Raccrocher à la fin d’une conversation
L’un des clichés les plus répandus, c’est le fameux raccrochage au nez quasi-systématique. Quand les personnages estiment qu’ils ont suffisamment parlé à leur interlocuteur, ils mettent fin à la conversation sans dire « au revoir », « à tout à l’heure » ou même un petit « bisou » qui va bien.
Personnellement, si on me faisait ce coup-là, je rappellerais directement derrière pour engueuler mon correspondant. Faudrait voir à pas pousser tata dans les ronces. Je veux dire, ça me viendrait pas à l’esprit de donner des conseils d’éducation mais je sais que les premières choses qu’on m’a apprises à faire, c’est de dire bonjour, au revoir et merci.
Je peux comprendre qu’on n’ait pas envie de saluer un gros méchant qui vient de nous téléphoner pour récupérer une rançon énorme contre la fille du héros, mais quand c’est une conversation amicale, ça m’échappe un peu plus.
De nombreuses compilations ont d’ailleurs été mises en ligne un peu partout sur Youtube et Dailymotion, à l’image de celle-ci, faite par noriko75 :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xjvnhx_au-cinema-on-ne-dit-jamais-au-revoir-avant-de-raccrocher_fun[/dailymotion]
Les conversations surréalistement drôles… où personne ne rit
Un des trucs qui me fascinera toujours, c’est le gros potentiel de sarcasme dans les dialogues de certaines séries. À écouter ces conversations, nous, spectateurs et spectatrices, rions à foison. Les personnages, en revanche, pas du tout, et c’est probablement le cliché le moins réaliste de tous. Exemple avec cet extrait de The Big Bang Theory où Penny et Sheldon sont pris dans le tourbillon de la punchline :
http://www.youtube.com/watch?v=7U3S43O1Sqs
Je veux dire : quand, dans une conversation, je suis prise dans un tourbillon de vannes avec mes interlocuteurs, on finit toujours par aller crescendo dans la grosse marrade. Ça commence avec la voix qui sourit, ça finit en fou rire de la mort. Alors ces passages finissent par me rendre triste, un peu. Comme si on essayait de me faire croire que j’étais la seule personne incapable d’être pince-sans-rire de temps en temps.
Parler aux flics sans prendre de gants
L’un des clichés les plus vus et revus dans les fictions, toutes catégories confondues, c’est quand un personnage ouvre la porte à la police. Les représentants des forces de l’ordre leur montrent leur badge, expliquent fait la situation façon « Nous aimerions savoir où vous étiez dans la nuit de jeudi à vendredi pendant le meurtre de Rodrigo Cooper ». Ce n’est pas rare de voir la personne froncer les sourcils, dire d’un ton sévère « J’ai rien à vous dire » et fermer la porte.
Fermer la porte à des flics. MAIS ENFIN !
Moi franchement, les forces de l’ordre viennent me demander de témoigner d’un air peu sympathique, je fais pas ma maligne, je déballe tout. Je leur raconte tout ce que j’ai vu, tout ce que je sais, et je propose même quelques bonus en plus (« J‘ai volé un carambar à la boulangerie quand j’avais 10 ans. Mais j’avais mes premières règles, j’étais paumée monsieur je vous jure je l’ai jamais refait après. Même pas je l’ai mangé ! »). J’aurais un peu trop les chtouilles de finir la journée derrière des barreaux pour offense à agent.
Parler de dos
Quand un personnage réalise que sa conversation avec son interlocuteur devient un peu trop intense, il semble soudain incapable de le regarder dans les yeux. La conséquence, c’est qu’il se retourne pour finir de parler.
Non seulement, c’est pas le truc le plus naturel du monde, mais en plus niveau communication c’est pas ce qu’on fait de mieux : la voix porte largement moins quand on tourne le dos à quelqu’un. Dans la vie, tu fais ça, ça donne quelque chose comme :
– John je crois que je… (se retourne et lui tourne le dos) – Oui ? – Je crois que je suis enceinte de ton père. – T’as perdu mes enceintes ? – Non… – Tes seins sont en pierre ? – Putain John t’es con ou quoi ?
On peut d’ailleurs remarquer que ce cliché se raréfie partout, sauf dans les soap opéras. Exemple ici, avec Amour, Gloire et Beauté (j’ai bossé dur niveau recherches pour cet article, ouais). Le mec reste pépouze, bien enfoncé dans son siège, tandis que la fille part bien à l’autre bout de la pièce pour achever de lui faire comprendre sa tristesse :
http://www.youtube.com/watch?v=LkO9_loAg0k
Si ça se trouve, il l’entend tellement pas qu’il pense juste qu’elle est partie uriner.
Le méchant qui prend son temps
Un grand nombre de films d’action se terminent de la même manière : le méchant a piégé le gentil et s’apprête à lui faire sa fête. Souvent, il a le flingue pointé sur lui et a un véritable champ libre pour lui ôter la vie.
Ça pourrait prendre quatre secondes et demi et se terminer bien pour lui, s’il ne se découvrait pas une soudaine envie de taper la causette. Ça peut se comprendre, d’ailleurs, ce besoin : c’est pas gentil d’être méchant et les personnes ouvertement cruelles ont parfois du mal à se faire des copains. Toutes les occasions sont bonnes, donc, pour avoir enfin une oreille pour les écouter.
Le monologue du tueur est souvent tellement long et pénible qu’il en devient comique. Au lieu de tuer sa cible, il fait totalement son malin et préfère prendre le temps de lui raconter touuuut son plan machiavélique ou, pire, de décrire ce qu’il va faire. Ça donne un genre de :
« Je vais te tuer, puis je tuerai ton fils et ta femme. Ils souffriront et je tiens à ce que tu le saches. Ensuite, je mangerai le contenu de ton frigo — oui, même le reste de lasagnes qui traînent depuis plusieurs semaines. Après quoi j’irai faire pipi dans tes toilettes et je laisserai quelques gouttes sur la lunette pour que tes parents croient que t’es un gros dégueulasse quand ils viendront récupérer des affaires pour ton enterrement. »
Évidemment, pendant tout ce petit monologue, les forces de l’ordre ou des alliés du gentil arrivent, ou encore le héros lui-même réussit à prendre possession d’une arme et tuer son ennemi. Exemple avec le dénouement du premier Die Hard, mais version Lego (parce que j’ai envie, et parce que comme ça, celles d’entre vous qui ne l’ont pas vu n’auront pas complètement gâché leur surprise) :
Et toi, quels sont les clichés dans les conversations fictives qui te font le plus lever les sourcils ?
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