Parlons cul mais parlons bien ! C’est le slogan qui pourrait définir la chaîne YouTube Clemity Jane.
Clémence, 23 ans, a décidé d’user de la plate-forme pour parler d’un sujet qui l’intéresse et lui plaît : le sexe. À la manière des blogueur•ses beauté, elle teste des sextoys et en fait la revue dans des vidéos.
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Que les personnes hésitant devant le principe se rassurent : la youtubeuse cherche à parler de sexe le plus simplement possible.
Pas de prises de tête, pas d’images dérangeantes, juste des vidéos en face caméra où la jeune femme donne sans jugement et en toute simplicité des conseils.
J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cette vidéaste découverte grâce à sa vidéo sur la masturbation féminine (que m’a envoyée EdocSil du forum madmoiZelle) !
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Une culture sex-positive
Le sexe n’a jamais été un tabou dans la vie de Clémence. Elle raconte une enfance puis adolescence avec une mère qui lui expliquait les questions de la vie avant que cela lui arrive. La puberté, la youtubeuse y a été initiée avant qu’elle l’expérimente d’elle-même.
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Un bon point selon elle qui n’a ainsi jamais eu peur ou ne s’est jamais sentie honteuse sur ces questions. La création de la chaîne s’est faite naturellement.
« J’ai toujours été la fille qui parle de cul sans problème, qui conseille ses amis… Mon copain tient une chaîne YouTube, Romain TeaTime, ça m’a inspirée et moi aussi j’ai voulu monter la mienne. Au début, je faisais des reprises de ukulélé mais je n’étais pas très douée…
Je voulais faire quelque chose que personne d’autre que moi n’avait vraiment fait, je voulais parler de sexe, de sextoy, alors voilà, je me suis lancée sur cet angle l’été dernier. »
Une fille qui s’assume ça fait plaisir, mais surtout, ça marche ! Très attentive aux commentaires, elle se sent à l’aise dans un rôle de grande sœur.
« Il y a beaucoup de gens qui me demandent si ils ou elles sont trop jeunes pour regarder. Moi je trouve ça super bien de se documenter avant de commencer sa sexualité, de s’approprier la chose en amont. »
De la petite chaîne au succès
De bonne amie, elle est passée à conseillère d’une communauté toute entière. En quelques mois, elle a réussi à trouver plus de 20 000 abonné•es dont 80% de filles.
Alors, si l’idée était tout d’abord de parler de sextoys, elle a décidé de parler à son public des thèmes qui le touchent.
« Je regardais ma chaîne : je n’y présente que des produits mais je me suis dit qu’il y avait des choses à savoir avant. Je me suis mise à la place des jeunes et c’est par exemple pour ça que j’ai fait la vidéo sur la masturbation.
Beaucoup de gens me demandent de faire une vidéo sur la première fois, je pense qu’il faudra que je la prépare bien pour ne pas dire de bêtises car c’est une vidéo qui aura probablement beaucoup de succès… »
Le succès, elle en a déjà. De son propre aveu, elle reçoit gratuitement une partie des sextoys dont elle parle.
« C’est arrivé plutôt rapidement. Au début je présentais les sextoys que j’avais déjà et assez vite on m’a contactée pour des partenariats. Je ne suis pas contre m’en acheter mais avec mon budget étudiant, c’est plus simple si on me les offre…
Quoi qu’il en soit, quand c’est un partenariat, je le dis clairement dans la vidéo. »
Du sexe mais pas que
Clemity Jane a fait évoluer ses vidéos au fur et à mesure des commentaires lui reprochant dans ses premières vidéos d’être trop hétérocentrée et de tenir des propos transphobes.
« Ce n’était pas voulu, je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite… J’ai été sensibilisée à ces problématiques par des messages reçus et par des lectures que j’ai fait en parallèle.
Maintenant, j’essaie d’intégrer au maximum ces concepts, je sais qu’une femme comme un homme peuvent avoir un vagin et je réponds aux commentaires qui ne comprennent pas. Ça me touche de pouvoir parler à tout le monde.
Mon univers verse plus dans l’hétérosexualité parce que je suis hétérosexuelle, donc c’est plus simple pour moi de parler de ça… J’aimerais faire des vidéos pour aborder plus en détail l’homosexualité par exemple, le problème c’est que ça serait strictement théorique.
En plus de ces thèmes, elle souhaite ne pas parler que de sexe…
« Je ne veux pas que ma chaîne ne comporte que des vidéos de présentation de produits, je pense par exemple faire un tattoo tag pour parler de mes tatouages.
J’ai fait une vidéo sur le slut-shaming et je me suis rendu compte que beaucoup de gens ne savent pas ce que c’est, alors je pense en refaire pour sensibiliser mon public. J’ai aussi en projet de faire une vidéo sur le harcèlement de rue. »
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Les conséquences et commentaires
S’exposer en parlant de sexe dans notre société où le sujet reste tabou peut avoir des conséquences. Clemity Jane dit être plutôt bien accueillie par ses proches.
« Ma mère adore ce que je fais, mon copain me soutient, même s’il me dit souvent de faire attention à ce que je dis… En cours, mes camarades sont tous ouverts d’esprit et tout le monde s’est toujours montré enthousiaste ! En fait je crois que je n’ai jamais eu de réactions négatives en face de moi. »
Sur Internet, les commentaires sont, comme on peut s’y attendre, nettement moins sympathiques.
« J’ai eu des vagues de commentaires provenant de jeuxvideo.com… C’est toujours la même chose, on dirait des copier/coller. Alors ça ne me touche pas plus que ça. J’ai la ligne directrice de supprimer toute insulte.
En revanche, ce qui me touche plus c’est les gens qui argumentent, mais il n’y en a pas beaucoup. »
Clemity Jane, une fille dans le vent
Dans ses nombreuses vidéos, la youtubeuse cherche à décomplexer son public sur le sujet du sexe.
« Il faut arrêter de considérer le cul comme un tabou qui pèse sur les épaules. Aimer le sexe, c’est un peu comme aimer manger une glace au chocolat : ce n’est ni grave, ni salissant. L’important c’est de penser à soi, à son plaisir… Et au consentement bien entendu !
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Une jeune youtubeuse qui promet de continuer à tracer une jolie voie !
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