Alors que le Salon du livre et de la presse jeunesse s’apprête à ouvrir ses portes à Montreuil (Seine-Saint-Denis), il est temps pour nous de revenir sur l’une des grandes figures de la littérature jeunesse, édité à L’école des loisirs, j’ai nommé Claude Ponti.
Claude Ponti est un auteur-illustrateur qui sévit dans le paysage littéraire (jeunesse et adulte) depuis… trente ans ! Ses livres accompagnent des générations d’enfants, passant de petites mains en petites mains, sans jamais prendre une ride. Dis donc Jamy, quel est le secret de ce succès intergénérationnel ?
Des personnages marginaux
Cette longévité est sans doute due au fait que les personnages de Claude Ponti ne ressemblent à aucun autre… ni à quoi que ce soit que vous ayez déjà vu.
Petites créatures anthropomorphisées, elles ont des pensées, des réflexes et des attitudes humaines, mais sans en être vraiment. Cela permet l’identification sans qu’elle soit trop directe non plus, et donc de faire vivre aux personnages des situations parfois absurdes, belles, symboliques ou encore cathartiques.
Les personnages de Ponti sont souvent dotés d’impertinence et d’une naïveté tendre qui rappellent celles des enfants. Ils peuvent aussi être de vrais petits diables, à l’exemple (culte !) de Blaise le poussin masqué.
Pensons aux milliers de petits poussins qui viennent peupler les pages de ses albums avec irrévérence et légèreté, mais parlons aussi ici de Oups dans Le doudou méchant qui se laisse embarquer par un doudou malveillant (haut niveau de trahison), Okilélé le dernier de la famille qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive, ou Hipollène de L’arbre sans fin
, confrontée au décès de sa grand-mère et à la tristesse qui grandit en elle.
Les thèmes sont plutôt particuliers, vous noterez !
Un monde farfelu
Il n’y a pas que les personnages de Ponti qui sont étonnants : il y a aussi, et ça va de paire, tout l’univers qu’il crée de toutes pièces (rien que ça). Dans le livre Ma vallée, il invente d’ailleurs tout un monde, avec ses codes, son mode de fonctionnement, ses coutumes, sa géographie. Dans Mille secrets de poussins, il nous révèle tout ce que l’on ne sait pas sur les poussins, et c’est pour le moins… inattendu !
Chez Ponti, les objets prennent vie (et ils ont souvent une vraie personnalité : je pense à vous les Grobinets), et l’environnement, la nature, peuvent être à la fois mystérieux, bienveillants ou inquiétants.
Ses histoires ne sont pas mielleuses et peuvent avoir une dimension étrange, perturbante… fascinante ! Les livres ne prennent pas les enfants pour des saucissons : vous serez, je le sais, nombreuses et nombreux à dire que vous avez été marqué•es par l’un d’entre eux !
Une réinvention du langage
Quiconque ouvre pour la première fois un livre de Claude Ponti ne peut qu’être dérouté•e par le langage utilisé !
Et pour cause : l’auteur utilise des néologismes, des inventions, des mélanges entre des termes et d’autres pour en créer de nouveaux, et se rapproche au plus près de l’authenticité de l’univers qu’il confectionne.
Ponti ne s’enferme pas dans un langage pré-établi, avec ses codes et ses restrictions, et exprime au mieux ce qu’il a envie de raconter. Ses textes s’amusent aussi de fantaisie créative de la langue des enfants, lorsqu’ils ne savent pas bien utiliser les mots… mais qu’ils essayent !
Le plaisir de la contemplation
Les livres de Ponti peuvent être imprimés en grand format (28×39 cm pour Ma Vallée et Le château d’Anne Hiversère). Cela donne des illustrations qui s’étendent de toute leur grandeur sur les pages et qui se déploient sous nos petits yeux ébahis.
Ce qui tombe très bien, c’est que Ponti adore saturer ses pages de détails. On passe de longues minutes à scruter les dessins dans lesquels fourmillent des surprises à découvrir.
On suit certains petits personnages d’arrière-plan qui vivent complètement leur vie, par exemple en les retrouvant en train de déambuler d’une page à l’autre (si vous pensez au poussin à tête de champignon, c’est oui !).
Chaque nouvel album de Claude Ponti (qui paraît généralement en fin d’année) est un événement, et ça ne risque pas de changer. C’est un auteur-illustrateur qui continuera de susciter les réactions et les élans d’amour de la part de ses petit•es lecteur•trices… et des plus grand•es.
À lire aussi : Pourquoi lire de la littérature jeunesse quand on est « adulte » ?
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