Il y a finalement pas si longtemps que ça, je m’interdisais vachement de regarder des grands classiques du cinéma. Je me disais que j’avais tout simplement pas le niveau, que j’étais pas assez élevée intellectuellement pour en comprendre le sens et que je manquais de culture cinématographique pour en apprécier la forme.
À bout de souffle, Le Mépris, It’s a wonderful life, Autant en emporte le vent… Autant de films qui m’ont endormi, ou agacée, ou laissée comme deux ronds de flan au caramel. Je pensais, du coup, que c’était foutu pour moi et le cènèmè classique, celui d’antan, celui que les vrais cinéphiles savent apprécier.
Eh bah j’avais vachement tort ! Ça n’a rien de bien surprenant : avoir des complexes et se trouver pas assez bien pour ne serait-ce que tenter certains films qu’on croit un peu niche, c’est, de base, avoir tort. C’est tout, c’est comme ça. Heureusement, un jour, j’ai franchi le pas et j’ai découvert qu’il y en avait quelques-uns qui étaient réellement prenants.
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Qui a peur de Virginia Woolf ?, par Mike Nichols (1967)
De mes années à la fac, y a pas des masses de points positifs que je retiens. Qui a peur de Virginia Woolf ? est l’un des seuls « plus » que m’a offert l’université.
Ce n’est pas un film, à la base, mais une pièce de théâtre écrite par Edward Albee, en 1962. On devait l’étudier sur un semestre et, comme 89% de ma promotion, je me suis jetée sur le film pour gagner du temps et ne pas avoir à la lire (lire une pièce de théâtre, c’est quand même pas aussi cool que lire un roman, ou voir une pièce de théâtre. C’est en tout cas mon opinion).
Je m’attendais à m’ennuyer, à m’endormir, à devoir le regarder en cinq fois… QUE DALLE !
Qui a peur de Virginia Woolf ? commence quand Martha et George rentrent chez eux, en chantonnant « Who’s afraid of Virginia Woolf ? » (c’est comme « Who’s afraid of the big bad wolf », mais en pas pareil). Martha est la fille du doyen de l’université, et George, son mari, professeur d’histoire. Ils sont bourrés comme des coings, beurrés comme des moules à cake, et commencent à se disputer. Grosse ambiance, donc. Mais le pire, c’est qu’ils ont des invités : un couple de jeunes gens bien sous tout rapport, bien élevés et tout timides, Nick et Honey. La nuit va être bien longue en termes de règlements de compte.
Un film qui m’a foutu des palpitations de stress. Mais pas du stress comme dans un film d’horreur : du stress comme quand des relations entre êtres humains partent en vrille sous mes yeux.
Oh et puis, Elizabeth Taylor et Richard Burton en couple à relations conflictuelles… Plutôt fascinant à regarder quand on sait qu’ils se sont mariés deux fois : la première fois pendant dix ans, la deuxième fois, pendant quelques mois.
La Piscine, de Jacques Deray (1969)
Encore une histoire de couple qui part en sucette, dis ! Encore une histoire de couple en sucette jouée par un couple mythique !
La Piscine, c’est un très beau film super prenant avec Alain Delon et Romy Schneider
, qui ont vécu une histoire d’amour pendant cinq ans jusqu’à ce que l’interprète du Samouraï choisisse de partir en 1963. En 1968, c’est le même acteur qui insista pour avoir son ex comme partenaire à l’écran dans le film de Jacques Deray.
Dans La Piscine, Marianne et Jean-Paul forme le couple parfait de l’époque : ils sont beaux, ils vivent dans une villa avec piscine baignée par le soleil, ils s’aiment et se désirent et font du frottis frotta encore trempés d’eau chlorée, en plein air. La belle vie, la vie rêvée. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’un de leurs amis viennent s’incruster pendant quelques jours : Harry débarque avec sa fille, Penelope. Harry a eu dans le passé une aventure avec Marianne et, on va pas se mentir, il aimerait bien la voir cul nu à nouveau.
Grosso modo, tout le monde finit par être de plus en plus tendu du slip, dans ce film.
https://www.youtube.com/watch?v=6-Y_6pnkN20
Eh, c’était quand même pas des masses vendeur, les bandes-annonces, à l’époque.
Douze hommes en colère, de Sidney Lumet (1957)
Bon alors attends, je vais te faire le résumé de Douze Hommes en Colère mais je préfère te prévenir : ça va pas te paraître dingue. Pour tout te dire, quand j’ai acheté le DVD à la FNAC il y a quelques années, je l’ai fait pour deux raisons :
- parce que c’était une promotion à 5 DVD pour 20€ et que j’en avais choisi que 4 ;
- pour me la péter pour pas cher, en le mettant l’air de rien en évidence sur une étagère. Genre « honhonhon j’adôre Sidnè Lumète, un rèalisateur incroyaaab nan mais vraiment, du gènè, c’est du gènè. » (Ce qui veut dire « honhonhon j’adore Sidney Lumet, un réalisateur incroyable, non mais vraiment, du génie, c’est du génie. »)
Un jour, je savais pas quoi regarder alors j’ai glissé Douze hommes en colère, en rigolant toute seule et en me mettant au défi de tenir le plus longtemps possible. En réalité, j’ai tenu jusqu’à la fin et j’ai pas vu le temps passer.
Douze hommes en colère, donc, c’est l’histoire d’un jeune homme accusé du meurtre de son père. Il risque la peine de mort et, pour décider s’il sera condamné ou non, un jury de douze hommes se retire pour délibérer dans une pièce close. Chacun (sauf un) a une bonne raison d’être persuadé de la culpabilité du présumé meurtrier. Chacun (sauf un), choisit de voter coupable. Le « problème », c’est qu’il faut l’unanimité pour que la décision soit acceptée. Le seul à ne pas avoir voté coupable se doit alors de se justifier, et peu importe si ça doit prendre des heures : pour lui, la vie d’un homme vaut bien ça.
Avec Henry Fonda et son charisme aussi impressionnant que rassurant, et Lee J. Cobb, dont Jason Segel pourrait être le sosie officiel.
Le Vieux Fusil, de Robert Enrico (1975)
Le Vieux Fusil se déroule pendant la seconde guerre mondiale et est librement inspiré de faits réels qui font vraiment froid dans le dos : le massacre d’Oradour-sur-Glane, lors duquel 642 civils ont été tués et le village enflammé par des SS qui étaient appelés en renfort en Normandie pendant le débarquement.
Le film met en scène la vengeance de Julien (Philippe Noiret). Le personnage, médecin, est régulièrement menacé parce qu’il soigne des résistants dans son hôpital. Pour mettre sa femme, Clara et sa fille à l’abri en attendant la fin de la guerre, il les emmène au hameau de la Barberie, dans le château familial… Ce qui se passe plutôt bien, jusqu’à ce qu’un détachement SS de passage les assassinent sauvagement après avoir violé Clara et s’installent dans le domaine.
Quand il l’apprend, Julien choisit de se venger et de tuer un à un chaque nazi sur place à l’aide du vieux fusil de son père et de sa connaissance du château. Un film qui prend aux tripes pour son histoire, pour le jeu de Philippe Noiret qui lui a valu le César du meilleur acteur, et pour les retours en arrière :
https://www.youtube.com/watch?v=OXhCVStl2ZY
Plein Soleil, de René Clément (1960)
Fou comme je supporte pas ce qui ressort d’Alain Delon dans les interviews et comme j’aime le jeune acteur. Quelques années avant La Piscine, il était déjà absolument incroyable dans Plein Soleil, de René Clément.
Il y interprète Tom Ripley, un jeune homme qui galère pas mal financièrement et qui fait la rencontre d’un millionnaire. Ce dernier lui demande de ramener aux États-Unis son fils, Philippe Greenleaf, qui prend tranquilou des vacances prolongées en Italie avec l’argent de son père accompagnée de sa petite amie, Marge.
L’ambiance entre les deux hommes n’est, en revanche, pas au beau fixe. Philippe et Tom se tirent allègrement la bourre de façon plus ou moins assumée. Un film à l’ambiance tellement malsaine que j’ai bu mon poids en tisane Nuit Calme pour me détendre.
Le film a été adapté aux États-Unis avec Matt Damon, Gwyneth Paltrow et Jude Law avec Le Talentueux Mr Ripley.
Et toi, quels sont TES grands classiques du cinéma préférés ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Je comprenais pas cette grosse impression de déjà vu... Maintenant oui !