Une fois par mois, je me dis qu’il faut que je me mette à regarder plus de grands classiques du cinéma. Des films si cultes que nous ne cessons d’en entendre parler en des termes élogieux et que nous avons donc réellement envie d’aimer. Oui, mais les choses de l’art ne se déroulent pas comme nous le voudrions et nombre de personnes se retrouvent bien forcées d’admettre qu’elles préfèrent Hollywood Girls aux films de Buñuel.
Prise d’une soudaine envie d’être honnête, j’ai donc décidé de faire mon coming-out cinématographique en vous listant trois des grands classiques à côté desquels je suis complètement passée.
(Avertissement : j’aime le cinéma, mais je ne me prétends pas cinéphile. Si vous aimez l’objectivité et les avis pointus, je suis bien forcée de vous annoncer que je ne compte certainement pas faire dans la dentelle d’Argentan et qu’il vaut mieux que vous mettiez votre cerveau en pause si vous tenez à lire ce qui suit.)
Le Mépris de Jean-Luc Godard
J’ai regardé Le Mépris ce week-end, toute excitée que j’étais à l’idée de vivre le coup de coeur culturel que j’attendais. Il faut dire aussi que les avis négatifs à propos de ce film de la Nouvelle Vague sont bien moindre en comparaison des critiques absolument dithyrambiques à son propos. On m’a vanté un véritable chef d’oeuvre d’une force incroyable, j’y vois une histoire qui repose sur la stupidité et les réactions purement animales d’une jeune femme qui décide de ne plus aimer son mari sur un malentendu et ne veut pas comprendre qu’elle se trompe. On me parle d’une interprétation magistrale de Brigitte Bardot en alchimie total avec son réalisateur, je vois une actrice qui n’est même pas crédible quand elle boude comme une gosse à qui on refuse de reprendre du saucisson. On m’évoque une fantastique histoire d’amour tragiquement gâchée quand je vois un mec qui fout des grosses mandales à sa femme. En fait, entre le charisme de Bardot (qui est magnifique au demeurant, je ne puis le nier) et les gifles de Piccoli, je me suis dit que je n’aurais pas été surprise si le film avait été joué par Taylor Swift et Chris Brown. En revanche, les paysages sont magnifiques, mais eh, c’est déjà pas ce qui me fait regarder le tour de France malgré les décors champêtres alors c’est pas cet argument qui me motivera à revoir Le Mépris.
« Laisse-moi. Je boude. »
L’anecdote qui a fini de me faire reléguer ce film sur l’étagère des trucs qui m’ont paru plus indigestes qu’une entrecôte de 800 grammes périmée, c’est quand j’ai appris que les scènes de nu ont été tournées après le final-cut de Godard : les producteurs américains du film ont en effet fustigé le fait que Brigitte n’y apparaisse pas à poil. La légende, rapportée par Raoul Coutard, le directeur de la photographie, veut d’ailleurs que l’un des producteurs ait dit « Je veux voir le cul de Bardot« . Et en effet. On le voit.
Les hommes préfèrent les blondes, d’Howard Hawks
Bon, je rappelle au cas où que le pitch de ce film au titre particulièrement appréciable nous conte l’histoire de deux meilleures amies : l’une, brune, aime les hommes honnêtes même s’ils sont pauvres tandis que la blonde se fiche pas mal des valeurs morales.
Par contre elle aime bien la thune.
Je suis toujours en train de reprendre les gens qui prennent les choses au premier degré, mais je dois bien avouer qu’avec Les hommes préfèrent les blondes, j’ai découvert la limite de mon humour. J’ai passé les 91 minutes du film à soupirer comme si je regardais Jack Black faire l’hélicoptère avec son pénis : trop de clichés sur les deux sexes et sur les rapports qu’ils entretiennent, trop de minauderies, trop d’humour estampillé fifties… C’est simple, j’ai failli m’arracher les yeux avec une fourchette à escargots. Bon et puis, faut dire aussi que je vomis les comédies musicales par tous les pores. Ça n’aide que moyennement.
Le problème, c’est qu’aucun film avec Marilyn Monroe ne prend sur moi ; j’ai trop en tête le fait qu’elle s’est retrouvée coincée dans des rôles de pures gourdasses sans jamais réellement pouvoir en sortir. Et autant l’avouer : une comédie musicale qui finit par déprimer, c’est quand même pas trop l’effet escompté.
Le Parrain, de Francis Ford Coppola
Il me faut toujours une bonne dose de courage ou d’alcool dans le sang pour avouer à quelqu’un que je n’aime pas Le Parrain. Ne pas savoir apprécier cette trilogie du grand maître du cinéma, c’est comme annoncer qu’on était amoureuse de Vincent Lagaf’ quand on était petites. C’est comme avouer qu’on aime manger ses propres muqueuses ou rajouter du sirop de fraise dans une Guinness : c’est mal vu.
J’ai toujours eu un gros blocage avec Le Parrain : les protagonistes y tirent tellement la gueule qu’on dirait un tas de clones poilus de Victoria Beckham, l’histoire est sombre donc l’image est sombre (sérieusement, j’ai l’impression d’être dans le cerveau de Mickaël Vendetta, voyez). Non et puis bon, la mafia, merci mais non merci : vouloir se déclarer roi de la pègre et se faire un peu d’argent pour finir par se prendre un tas de torgnoles, ça m’échappe.
Un jour, une connaissance n’a pas supporté que je lui avoue que je n’avais jamais aimé le premier volet du Parrain. Il a alors décidé de me le faire regarder à nouveau en m’expliquant les tenants et aboutissants de l’intrigue.
J’ai fait cette tête là quand je me suis rappelée qu’il y avait trois volets.
Vous allez probablement penser que j’ai fait cet article dans le seul but de mettre à profit un éventuel pic de mauvaise humeur. Il n’en est presque rien : à travers le papier que vous venez de lire, je fais un véritable acte politique qui vous invite à vous aussi sortir du carcan culturel dans lequel certains veulent nous mettre. Ces mêmes personnes qui estiment qu’on ne mérite aucune attention si on s’extasie pas devant un Nicolas de Staël. Que ce soit dans le cinéma, dans la musique, dans la BD ou l’art graphique, décomplexons enfin et trouvons notre grosse kiffouze là où on la trouve. Et pis c’est tout.
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