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Class of '07 sur Amazon Prime
Culture

« Class of ‘07 » : une apocalypse 100% féminine

Portée par Emily Browning, la série australienne Class of ‘07 dissèque avec humour nos traumas d’adolescentes et la puissance des amitiés féminines. Un must-see !

Lancée fin mars sur Amazon Prime, la série Class of ‘07 se présente comme le pendant comique de Yellowjackets et The Wilds. Écrite et réalisée par Kacie Anning, elle met en scène un groupe de femmes dont la soirée d’anciennes élèves tourne à la catastrophe quand un raz de marée apocalyptique transforme le pensionnat de leur adolescence en une île isolée de tout.

Parmi elles, Zoe (Emily Browning) retrouve son ex-BFF Amelia (Megan Smart), et Saskia (Caitlin Stasey), une ancienne mean girl. Tandis qu’elle doit organiser sa survie en autarcie, cette “promo 2007” voit ressurgir les démons du passé.

Victimes et bourreaux

Passé les premiers épisodes d’exposition, Class of ‘07 trouve rapidement son identité et explore sur un mode tragi-comique des thématiques liées à l’expérience adolescente. Face à la situation extraordinaire dans laquelle elles se trouvent, les filles cèdent dans un premier temps à la facilité et recréent les schémas toxiques d’antan.

Poussée à prendre le rôle de leadeuse, Saskia reprend ses habitudes de bully. Elle met en place une organisation calquée sur les cliques du lycée, avec des chouchoutes et des moutons noirs. Chassez les traumas, ils reviennent au galop ! 

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La série alterne entre le présent post-apocalyptique et des flashbacks de l’époque du lycée. Particulièrement traumatisée, Genevieve voit remonter ses souvenirs : la façon dont Saskia la harcelait pour l’empêcher d’aller aux toilettes, les surnoms cruels qui restent… Et elle n’est pas la seule.

La série apporte toutefois de la nuance dans sa réflexion sur les dynamiques de pouvoir. Le groupe trouve son bénéfice en diabolisant Saskia, qui doit prendre toutes les décisions importantes et plie sous le poids du stress. Au terme d’un procès improvisé d’anthologie, on apprend que sa propre adolescence n’a pas été rose. Saskia a subi l’emprise d’un professeur ayant pour habitude de séduire de jeunes mineures dans le lycée. Personne ne l’a aidée.

Saskia a été victime et bourreau. Un propos qui fait écho à celui de Buffy, série culte sur les vertiges de l’adolescence. Dans un épisode de la saison 3, Buffy explique à Jonathan, un adolescent dépressif :

« Chaque personne ici-bas ignore ta douleur parce qu’elle est trop préoccupée par la sienne. Les beaux, les populaires… ceux qui te harcèlent. Tout le monde. Si tu pouvais entendre ce qu’ils ressentent : la solitude, la confusion… On dirait qu’ils sont sereins. Ce n’est pas le cas. Leurs pensées sont assourdissantes. »

Les pensées assourdissantes des anciennes adolescentes de Class of ‘07 sont un peu les nôtres. 

La puissance des amitiés féminines

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Au cœur de Class of ‘07, le sujet de la santé mentale est traité avec sérieux, ce qui n’exclut pas une bonne dose d’humour absurde. Saskia se confie à une serpillère/psy qu’elle a affublé d’une paire de lunettes. Atteinte de dépression chronique, Amelia organise une soirée “fin du monde” ou pourchasse un oppossum. Tegan et Megan se noient dans les narcotiques et l’alcool. C’est en confrontant leurs addictions, et en réfléchissant à ce qui les déclenche, qu’elles trouveront un peu de sérénité. Et pour cela, rien de tel que la sororité. 

Entre deux scènes à l’humour joyeusement crade (vomi, cannibalisme, constipation !), la série se penche sur la complexité des amitiés féminines à travers plusieurs relations. Zoe et Amelia doivent poser cartes sur table pour reconstruire un lien distendu depuis des années. Les anciennes rancœurs refont surface : l’égocentrisme de l’influençable Zoe, le manque de communication d’Amelia, qui a vécu un drame familial qu’elle a préféré taire… Ces deux-là passent une bonne partie de la saison à se dire des vérités qui font mal. Malgré sa prémisse apocalyptique, Class of ‘07 est une série résolument optimiste. Comme un jardin laissé trop longtemps à l’abandon, cette amitié a besoin d’être cultivée pour refleurir de plus belle.

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Dans le contexte de notre société patriarcale, l’amitié féminine porte en elle une charge d’empouvoirement qui se déploie, sans verser dans l’angélisme, tout au long de la série. Et ça fait plaisir. Les différentes dynamiques amicales finissent par former un collectif sororal prêt à surmonter ensemble les épreuves de ce nouveau monde post-apocalyptique.

Le final de la saison, qui voit débarquer sur un bateau de fortune une bande de dudes bourrés et crasseux face à nos meufs qui aiguisent leurs couteaux, annonce une suite (qui reste à être officialisée par Amazon Prime) toujours plus féroce et déjantée !


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