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Chronique d’une daronne : tous les enfants sont-ils sales (et puent) ?

J’ai un rapport un peu compliqué avec l’hygiène et la propreté : oui je suis maniaque avec les choses et avec les gens, et j’avoue que mes enfants sont un peu à l’opposé de moi.

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.

Cette semaine j’ai découvert une étude qui m’a fait sourire. Des scientifiques ont étudié comment les odeurs corporelles évoluaient au moment de l’adolescence. Les conclusions sont étonnantes,  les odeurs relevés peuvent s’apparenter à des odeurs de chèvre, de fromage ou encore de sueur et d’urine. Humm bon appétit. Je ne suis donc pas folle quand je trouve que ça sent très fort le matin quand j’entre dans la chambre de mes pré-ados. Si les odeurs qu’ils dégagent sont indépendantes de leur volonté (merci les bouleversements hormonaux), en revanche leur approche de la propreté me laisse perplexe. Je vous raconte.

L’autre soir, je me suis rendu compte en rangeant la salle de bain que mes enfants (les deux grands, 12 et 10 ans) s’étaient lavés sans savon. La bouteille était vide depuis le matin, j’avais totalement oublié d’en racheter après l’avoir terminée. Ils restent deux heures sous l’eau à se raconter leur vie, mais n’éprouvent pas le besoin de se savonner. Si je ne leur dis pas de se laver les cheveux, ils ne le font pas, jamais, parfois ils les rincent juste, histoire que je leur foute la paix. Et je ne parle pas du lavage des dents, il faut répéter, insister, vérifier que la brosse est mouillée, tous les jours de l’année, à raison de 3 ou 4 fois par jour. Faites les comptes.

Ne parlons pas des vêtements

Je passe aux vêtements, cette semaine j’ai surpris mon cadet qui retournait dans le linge sale pour récupérer en douce son jogging car « il n’y a que celui-là que j’aime ». L’autre, très maniaque avec ses belles baskets, nettoie la semelle salie avec sa salive et ses doigts, dans la rue, comme ça tranquilou ! Quand ils sont rentrés de colo, la valise était quasiment propre, les mecs avaient mis les mêmes vêtements tous les jours. Et la nourriture ? Mon fils aîné termine la sauce de son assiette avec son doigt. Jusqu’à quel âge les enfants mangent-ils salement ? Vraie question.

Oscar de la saleté

Je vais quand même vous partager un épisode qui mérite un oscar de la saleté à lui tout seul. Mon fils Adrien termine l’Etorki, ce délicieux fromage de brebis dont le sachet est de plus en plus fin, mais qui coûte de plus en plus cher.  Il se dit peut-être : “merde j’ai fini le fromage”. Enfin je ne sais pas ce qui lui passe par la tête, mais le gosse décide de balancer les croûtes restantes dans son bac à caleçons. Quelques jours ou quelques semaines plus tard, alors que je range des affaires, une odeur pestilentielle se dégage de l’armoire. Je tombe alors sur les croûtes pourries du feu Etorki. Ce qui est assez drôle, c’est que l’enfant, par ailleurs, ne partage pas sa bouteille d’eau avec moi, et me regarde, outré, quand je lèche la cuillère de Nutella. Celui-là même qui se coiffe pendant 15 minutes le matin, mais fait l’impasse sur les dents. J’aime infiniment mes fils, mais je les trouve bien souvent sales. Les jumeaux ne sont pas en reste, ils explorent le monde, se nourrissant de stimulations sensorielles multiples. J’accepte, résignée, qu’ils me crachent leur biscuit dans la main, jouent avec l’eau des toilettes ou machouillent mes Boul Quies. Et le matin, leur haleine me soulève aussi un peu le coeur.

Avant d’avoir des enfants, je me souviens que je souhaitais des filles, normal on veut ce qu’on connaît. La vérité, c’est que le côté pieds qui puent, transpiration, poils, acné, et, Grand Dieu, masturbation… beurk. Je me souvenais trop de Nicolas, 5ème3, ses pieds immenses et son fin duvet de moustache qui l’enlaidissait tant, lui qui était si mignon en primaire. Vous allez me dire que les filles sont crades, bordéliques, et qu’elles sentent aussi le fauve. Oui, mais, elles sont plus propres en apparence, non ? 

Alors oui, je suis maniaque

Oui, je lave beaucoup mes toilettes (en même temps on en a que 1 pour 6), oui, je ne supporte pas que les jumeaux aient la morve au nez, oui, j’utilise beaucoup trop de sopalin et je sais que ce n’est pas écologique. Et oui, la première phrase que je dis à mes enfants quand ils rentrent de l’école, c’est « Lave toi les mains, et avec du savon ».

Je suis obsédée par la propreté, mais bizarrement pas par les microbes, ni par la contagion des maladies. Savoir que l’enfant qui a passé la journée dehors, rentre à la maison, et ensuite pose ses mains sales un peu partout, à commencer par les joues de ses petits frères, peut me rendre folle. La dernière fois, mon fils de 12 ans a invité 3 copains à dormir pour son anniversaire. McDo, télé, switch : la totale, il se sont éclatés. Et j’ai pu observer qu’ils avaient un transit intestinal parfait tant ils sont allés aux toilettes, et jamais, non jamais, ils ne se sont lavés les mains en sortant. Le matin, vers 11h, je suis rentrée dans la chambre pour les réveiller et l’odeur de pets, de pieds, mélangée à la transpiration était insoutenable. Bienvenue en adolescence.

Que cachent mes pulsions sur la propreté ?

Je voulais vous partager ces quelques réflexions pour me sentir un peu moins seule, et parce que je me demande si les enfants des autres sont pareils. J’en viens à me demander parfois si leur hygiène douteuse ne fait partie d’une lutte de pouvoir plus vaste entre eux et moi. Plus j’insiste, plus ils résistent, un peu comme pour les légumes ou le rangement de la chambre. Ou alors, il s’agirait simplement de paresse, prendre une douche est une corvée, nettoyer les traces dans les toilettes, quelle perte de temps ! Les enfants sont les champions de la procrastination, ils repoussent les tâches qu’ils jugent ennuyeuses. La douche après les devoirs, les cheveux demain, et les dents après le film… Quand je me relis, je me dis (comme à chaque fois) qu’il faut que je leur lâche un peu la grappe, que je gagnerais à être un peu plus souple sur TOUT. C’est si dur d’agir sur son propre comportement. Que cachent mes pulsions sur la propreté ? Un besoin de contrôle encore et toujours ? Fatigue. Et vous ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

11
Avatar de Pas_du _gateau
2 avril 2024 à 07h04
Pas_du _gateau
" Les filles c'est propre"...
J'ai été une ado, et franchement malgré une mère assez maniaque et qui expliquait bien les microbes et les maladies, il y a eu une période (9-11 ans) où l'idée de tremper mon corps sous l'eau me filait la gerbe.
Comme le crissement des ongles sur un tableau noir.
Et même quand j'ai recommencé à aimer me doucher, me savonner, sentir bon, mes pieds puaient l'animal mort. Mes dessous de bras sentaient l'athlète sous testostérone à presque 20 mètres (je rappelle que je suis une femme).
Ma peau, mes cheveux sentaient le sébum. Merci les hormones.
Alors à force de puer au bout d'une heure, même en faisant tous les efforts, je n'avais pas trop de scrupules à remettre un truc déjà dans le linge sale (ma mauvaise gestion des quelques habits que j'avais).
Mais l'autrice a raison sur un point. C'est aussi une guerre de territoire et de domination. Ses ados subissent le fait de puer naturellement, et les traiter comme ça les met sur la défensive. Elle devrait leur lâcher un peu la grappe...
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