Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
Vous le savez, mes quatre enfants pompent toute mon énergie, les deux grands nous en font voir de toutes les couleurs. J’ai l’impression que mon aîné est sorti du terrible two pour atterrir directement dans le terrible 12. Ce qui est formidable dans la parentalité, c’est qu’on vit selon le principe des vase communicants. Quand l’un semble s’apaiser, c’est l’autre qui nous fait la misère. Ce qui ne nous donne grossièrement aucun répit.
Les jumeaux, c’est pas encore tout à fait ça, ils sont encore dans cet âge ou tout m’attendrit. Je trouve leurs caprices presque mignons, quand ils me disent, parce que je les ai contrariés, “Aime pas maman”. Je suis gaga, pffff c’est mal barré. Hier soir mon mari, alors qu’on discutait d’eux, m’a regardé avec un air très sérieux : “Tu sais quoi ? Je crois qu’ils vont être pires que les autres”. Il parlait des jumeaux bien-sûr.
Pire que les autres. C’est possible ?
Je vais être honnête, je trouve qu’il n’y a rien de plus dur au monde que d’élever des enfants. Vraiment. Cela demande une endurance physique et psychologique sans commune mesure. Chaque âge à son lot de galères et on vous dit toujours que ça va passer. Je me sens souvent seule, en décalage par rapport aux autres. Ma belle soeur me disait très justement la semaine dernière “C’est facile d’avoir des enfants intelligents, bien élevés, drôles, qui mangent équilibrés, qui aiment la lecture, tu veux savoir le secret ? C’est facile, il suffit de mentir ! ”. Moi je ne sais pas mentir aux autres, ni à moi-même d’ailleurs.
Il nous mènent pas le bout du nez
Je me demande s’il y a un truc qui ne tourne pas rond chez nous (les parents). Je veux dire un truc qui fait que tu demandes 25 fois à tes enfants de dormir et qu’à 22h15 tu rentres dans leur chambre et qu’ils jouent tranquillement lumière allumée et ne te regardent même pas. Ce problème d’autorité, vous voyez. Ça ne se règle jamais, on se fait piétiner à vie ? Je vous assure, il y a des parents qui ont un truc, je ne sais pas, dans le regard, dans la posture, qui fait que leurs enfants se tiennent à carreau. Ils inspirent quelque chose de puissant, parfois même sans élever la voix. Ça me dépasse. Nous ne faisons pas partie de ces gens, et vous ?
Avec les jumeaux, j’essaie de faire de mon mieux, de les écouter, de les accompagner, de ne pas mettre la barre trop haute en terme de tout. “Tu ne veux pas diner? Ne dîne pas alors”. Mais si je creuse un peu, je remarque que les mecs me mènent par le bout du nez. Pourquoi ? Parce qu’on ne leur refuse rien ? Parce qu’ils n’ont pas deux mais quatre parents et qu’il y en a toujours un pour réaliser leur désir. Vous verriez les deux grands courir à leur rescousse, en nous jetant un regard réprobateur. Parce qu’on se contredit devant eux. Parce qu’il sont aussi complices que les deux autres, et se tirent les cheveux autant qu’ils s’embrassent.
Je crois que je ne sais pas mettre les limites
Je n’ai jamais su, peut être parce que je n’en ai pas eu beaucoup moi-même, enfant. J’ai beau éplucher la littérature psy sur l’éducation des enfants, je me sens toujours(je crois que j’ai déjà dit ça dans une ancienne NL). Est-ce qu’il s’agit d’un vrai besoin ? Ou d’un caprice ? Est-ce que je dois céder ? QUOI FAIRE ? “Mets-le dans leur chambre”, me dit ma mère. Oui, mais ils vont en sortir. Du coup je reste là à bloquer fermement la porte coulissante pendant que l’individu hurle de l’autre côté. Super le Time out. Merci Caroline Goldman.
Les jumeaux ont fait irruption dans nos vies alors que le rythme commençait enfin à se calmer et depuis c’est un immense bordel. Je suis aussi détendue avec eux que intransigeante avec les grands. Ce sont les rois. Ils réclament de l’attention, ils veulent leur part du gâteau. Quand j’écoute les gens autour de moi, je remarque que beaucoup ont aussi l’impression que c’est leur dernier qui les met le plus au défi. Le dernier qui s’affirme et le parent, las, qui cède. Et chez vous ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je crois que chaque enfant naît avec son caractère et que, même si l'éducation joue, on ne peut pas changer le caractère d'un enfant. Mon fils ainé est né adolescent. Se plaignant tout le temps, faisant des crises tout le temps, jamais content de tout ce qu'on peut faire pour et avec lui. J'ai essayé toutes les méthodes, de la plus bienveillante possible à plus sévère (pendant des semaines), rien ne fonctionnait. J'ai cru que j'étais la pire mèr(de)e du monde. Et puis ma fille est arrivée. Toujours joyeuse (sauf quand elle a mal dormi), elle a son caractère mais à côté de son frère, c'est un bonheur de facilité. Tous les deux sont polis et sages à l'école et à l'extérieur mais à la maison, c'est le jour et la nuit.
Donc non, la place ne joue pas sur le caractère. Chaque famille est différente.