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Daronne

Chronique d’une daronne : Je ne suis pas copine avec les mères de l’école (j’assume)

Si vous pensez que vous êtes seule dans cette situation, rassurez-vous nous sommes au moins deux, parce que moi aussi je n’ai jamais réussi à devenir copine avec les mamans de l’école, de la crèche ou de tout autre endroit que mes enfants ont fréquenté.

C’est un fait, je ne suis pas pote avec les mères de l’école. Je dois l’accepter, me résigner ? Pourtant, ayant un cercle d’amis assez restreint, je me disais que cela pourrait être l’occasion de me trouver de nouvelles relations, voire de nouveaux amis. Qui sait hein ? J’ai une copine (coucou Sarah) qui part en vacances avec les parents des potes de l’école de son fils. Mais bon, ça n’a pas marché. Il y a bien eu quelques tentatives, comme ces parents de la crèche avec qui nous avons fait quelques apéros, il y a bien longtemps, mais ils se sont séparés, ça a jeté un froid. Quand on se croisait, elle me disait toujours toute enjouée, « On se prend un café Candiiiice, absolument », «Quoi t’es en congé mat’, je suis en home office en ce moment, je passe te voir » Jamais passée me voir.

Toujours une raison pour que ça ne colle pas

Il y en a une autre avec qui j’ai même fait quelques joggings au parc, si, si. Elle m’avait prévenue, qu’elle était focus pendant la course, et ne parlait à personne. C’était donc pas très marrant, on a pas réitéré. Ah, je pense encore à un couple avec qui ça aurait pu matcher, on a dîné chez eux et réciproquement, on s’entendait plutôt bien, mais le problème c’est qu’en fait nos enfants n’étaient pas amis (dommage), ils ont aussi rapidement scolarisé leurs filles dans le privé du coin. Disparus. Quand je pense que je lui avais prêté un livre que j’aime bien, ça m’énerve un peu. Ne jamais prêter ses livres.

N’ayant plus eu de nouvelles d’eux, on avait imaginé tous les scénarios, ils se sont séparés “Regarde, elle a plus le même nom sur Linkedin”. Ils sont partis en province. “Et si on avait été trop relou, rappelle toi à ce dîner on avait parlé de religion, de racisme, peut-être qu’on leur a fait peur ?” . Moralité, j’ai croisé la mère en septembre dernier dans le quartier avec ces deux filles gigantesques. Quand elle a vu les twins, elle m’a regardée avec des yeux écarquillés.  Elle nous a raconté qu’elle sortait d’un long arrêt maladie, gros burn out professionnel, ça allait mieux maintenant, elle semblait en pleine forme. J’aurais pu lui envoyer un petit message pour lui proposer un café, je ne l’ai pas fait.

Je crois que je ne suis pas sociable

Vous voyez, moi quand j’aperçois une vieille connaissance sur le trottoir d’en face, je suis plutôt du genre à raser le mur pour ne pas avoir à lui parler. Je me souviens l’été dernier, quand j’ai accompagné à la gare mes fils qui partaient en colo pour la première fois de leur vie, il y avait parmi les parents des personnes que je connaissais, de colo aussi. Impossible pour moi d’aller leur parler, un mélange de timidité, de « si ça se trouve ils ne vont pas me reconnaître », et de flemme.  Je n’arrive pas à aller vers les autres, j’ai du mal à faire le premier pas, je suis parfois antipathique sans m’en rendre compte. «T’as vu comment tu les as regardés ? Tu pourrais être plus chaleureuse ». Quand des amis nous invitent à dîner et que j’apprends qu’il y a d’autres personnes que je ne connais pas ou peu, ça me pétrifie l’espace de quelques secondes, le temps de me dire, ça va aller, tu vas surmonter. Mais je ne suis pas non plus sauvage, avec ceux que j’aime vraiment, ceux avec qui la barrière du « paraître » est rompu, ceux avec qui je me sens en confiance, là je donne sans compter. Et au travail, je suis une autre personne, une manager empathique et drôle, je vous assure que si. Enfin, faut leur demander !

École, métro, boulot, dodo

Mais revenons au mères de l’école. Il y aussi un paramètre à prendre en considération, j’ai toujours travaillé, je suis rarement allée chercher les enfants à 16h30, ça limite forcément les échanges et les connivences. Le matin, je les déposais et j’enchaînais avec la journée. Tchik Tchak, c’est parti, je m’engouffre dans le métro, chacun démarre sa journée. Bien-sûr, j’ai envié celles en jogging qui, je sais, remontaient chez elles, après la dépose des kids. Celles qui avaient le temps de prendre un café en bas de l’école, c’est là que la relation se créait ?

Certaines fois, ivre de joie, je pouvais les récupérer à 16h30. Mais trop timide, je restais éloignée des autres mères, totalement seule, serrant mes pains au chocolat comme un trésor. Et les deux sortaient, leur manteau à la main (même en hiver) et me calculaient à peine. Est-ce qu’il y a plus indifférent qu’un enfant qui sort de l’école. « Où est mon goûter ? , « J’ai soif », « Tiens mon sac ». Ces jours-là, je me disais « à quoi bon ? J’aurais dû aller me faire les ongles plutôt ». J’ai oublié de vous parler des goûters d’anniversaire, ces moments un peu gênants ou les parents te disent « Passe le prendre à 18h, et on prendra une petite coupe » Une coupe de champagne… dans le salon d’inconnus, avec d’autres inconnus ? C’est trop pour moi. Il y en a parfois qui s’incrustait, dès le début de l’anniv, « Je vais t’aider, avec tous ces gosses ma pauvre », « Noooon ». Et ne parlons pas des anniversaires organisés au parc ou les parents sont invités pour… surveiller leurs gamins. Encore plus gênant les discussions entre deux jeux et une piñata défoncée. Mais il y en a surement parmi vous qui aime cette convivialité, taper la discute en boulotant des Haribos, raconter des banalités en sirotant un jus de pomme, franchement je suis admiratives de votre aisance relationnelle.

C’est de ma faute ?

Mon deuxième est maintenant en CM2, il va et rentre de l’école seul depuis un bon bout de temps.  Plus la peine de faire la meuf plongée dans son téléphone pour éviter le regard de machinette qui me juge car je n’ai pas voté aux élections des parents d’élèves. Les échanges avec les mères se limitent à whatsapp, quelques discussions sur le trottoir, mais rien de plus. Pour info au collège, c’est TERMINÉ. Le parent ne cherche pas à nouer la moindre relation avec vous.

Parfois je me dis que c’est dommage, souvent je me dis que c’est de ma faute,  je ne suis pas avenante ? C’est toujours cette ambivalence qui me pourrit un peu la vie, disons-le. J’aime personne, mais je voudrais plus d’amis, j’aime pas sortir, mais je ne veux pas tirer un trait sur ma vie sociale. J’aime intensément mes enfants et je les déteste (non pas intensément). Mais ce qui est bien dans ma configuration familiale, c’est que j’ai une deuxième chance ah ah : les twins ! Ils sont arrivés 10 après les autres.  Et tout se répète comme par magie avec cette sensation de déjà-vu permanente : les nuits de merde, les cacas partout, les sur-chaussures de la crèche, la nourriture qui voltige. Ils entrent en septembre à l’école.

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.

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Les Commentaires

14
Avatar de Crapule du Far West
4 mai 2024 à 17h05
Crapule du Far West
à chaud, je me dis que c'est vraiment des questions que seules les mères se posent. ll est attendu des mères qu'elles jouent un rôle social, il est attendu des femmes en général qu'elles soit capables de "small talk", tenir une conversation sur le beau temps dans l'intérêt collectif, pour faire société.
On ne trouvera jamais un questionnement pareil chez les pères
Alors zen, girls, tout va bien !! Vous faites au mieux pour les mouflets, vous gérez déjà une grosse charge mentale et c'est ok d'apprécier ou pas les autres parents d'élèves.
Comme lecture, sur la thématique daronnes, je vous conseille "la puissance des mères" de Fatima Ouassak qui "invite à considérer les mères comme sujet politique et révolutionnaire". Très accessible, ce livre fait beaucoup réfléchir à notre situation, à la fois invisibilisé et attendu par les pouvoirs publics (dès qu'un gamin brûle une poubelle, on se retourne vers sa mère).
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