L’année et son cortège de tâches chronophages a bel et bien démarré, les JO sont terminés, la météo fait la gueule, l’ambiance estivale a disparu. C’est reparti pour les journées de rush, le boulot et la vie de famille à concilier (je hais cette expression !), la sensation d’être surmenée, alors qu’on est le 16 septembre. 48 minutes par jour de temps libre, c’est ce dont disposent les Françaises selon une étude européenne. Comprenez, temps où il n’y a pas d’obligation immédiate à se consacrer à un travail rémunéré, à l’éducation des enfants ou aux tâches ménagères. Mais ce n’est pas le sujet de cet article.
À lire aussi : Chronique d’une daronne : Je ne suis pas copine avec les mères de l’école (j’assume)
« Il s’est passé quelque chose de très grave »
Cette semaine, enfin samedi dernier, il nous est arrivé une drôle d’aventure. Il est environ 11h00 du matin, les grands sont partis jouer au parc, les petits s’impatientent, ils veulent aussi sortir. L’interphone sonne : « C’est le père de Lucien, je peux vous parler ». Stupéfaction, Liam était en classe avec Lucien en CE2 avant qu’il ne change d’école, ils étaient très copains puis se sont légèrement brouillés. En début de semaine, il m’a dit qu’il l’avait croisé au collège.
Le père, la cinquantaine bien tassée, fait irruption dans l’entrée. Il est en colère, très en colère, nous raconte qu’il s’est passé quelque chose de grave. Liam et sa bande de copains ont voulu racketter son fils cette semaine. Ils l’ont encerclé et lui ont ordonné de ramener de l’argent le lendemain, sinon gare aux coups. J’entends ça de loin, je me rapproche, nous sommes sonnés, le père nous assure que des témoins ont vu Liam. Il a rendez-vous lundi avec le CPE pour tout tirer au clair.
Ce billet est extrait du « Balagan », la newsletter hebdomadaire de notre contributrice Candice Satara. Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
À lire aussi : Chronique d’une daronne : avant la colo, 4 choses importantes que je dis à mes enfants
J’imagine toujours le PIRE
La porte claque, je reste là, hébétée, comment mon fils a-t-il pu faire une chose pareille… la semaine de la rentrée. Nous l’appelons aussitôt, il nie tout en bloc, il lui a à peine dit bonjour. Mon mari est certain qu’il y a erreur sur la personne, que le père a dû confondre, il est sûr de lui.
De mon côté, je suis sceptique, oui j’avoue, je soupçonne mon fils. Je connais son tempérament, son arrogance, son côté parfois sarcastique. Je sais aussi que, comme nombre de ses camarades, il parle beaucoup d’argent, le prix des dernières baskets, le montant de l’argent de poche… Il a déjà vendu des petits trucs en cours de récré pour se faire de l’argent. Il est malin, filou, mais de là à… menacer un autre enfant. Ce n’est pas de ma faute, je suis comme ça, j’imagine toujours le pire.
À lire aussi : Chronique d’une daronne : ces signes qui prouvent tu es devenue TA mère
Gros ascenseur émotionnel !
Je pars faire les courses avec les jumeaux, sur le chemin, je n’arrête pas de ruminer. L’espace d’un instant, je me dis que quelque part je préfère qu’il soit le bourreau que la victime. Je suis en boucle « on ne connaît pas ses enfants », « il me manquait plus que ça »…
De retour à la maison, j’apprends que le père est revenu et s’est confondu en excuses. Il a en effet fait un mélange entre plusieurs infos que la mère de Lucien lui avait données (ils sont séparés). L’enfant a bien vu mon fils et l’a rapidement salué, il s’est aussi fait racketter, mais pas par mon Liam. Le mec ne sait pas où se mettre, il nous envoie des tonnes de messages d’excuses. Il a pas l’air en forme.
Décidément, quelle aventure ce samedi matin, gros ascenseur émotionnel ! Mais je m’interroge, j’ai quand même cru mon fils capable d’une chose pareille. J’ai un peu honte. Honte de souvent ne pas les croire. Honte de les mettre dans des cases, de leur coller facilement des étiquettes tout en sachant que ça craint. Je crois que le pire truc quand on est parent, c’est de dire à son enfant un truc vraiment pas sympa et de savoir au moment même où on lui dit que c’est mal, injuste, qu’on va ruiner sa confiance en lui, mais on ne peut pas s’en empêcher.
Et pourquoi Lucien et sa gueule d’ange ? Pourquoi pas mon fils ? Qu’est-ce qui fait que certains sont des proies plus faciles. Qui sont ces ados qui ont basculé dans l’hyper-violence ?
Rien de tout ça n’est nouveau : durant sa scolarité, un élève sur dix en France serait victime de harcèlement. Et, comme vous voyez, le racket est toujours un fléau.
Si vous êtes victime ou témoins de harcèlement à l’école :
Par téléphone : 3020
Le 30 20 est joignable du lundi au vendredi (sauf jours fériés) de 9h à 20h et de 9h à 18h le samedi.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires