Je ne pense pas être une mauvaise mère. Déjà, parce que je me questionne sans arrêt sur le fait d’avoir peur d’être une mauvaise mère. Si je me pose la question, si je me triture le cerveau pour savoir si je fais bien les choses, c’est que ça ne doit pas être si terrible que ça en vrai. Disons que j’essaye de me rassurer comme je peux, face à l’avalanche d’injonctions parentales qui viennent avec le package de la naissance, une fois que le test de grossesse s’affiche positif sur le petit bâtonnet en plastique.
Pourtant, même si j’essaye de faire ce que je peux, comme je le peux, pour ne pas traumatiser mes enfants, pour ne pas qu’ils se sentent en insécurité, ou rejetés, ou mal-aimés, il y a trois choses que je fais, et ce n’est pas grave.
Ce n’est pas grave parce que ce n’est pas une habitude, ce n’est pas grave parce que ça ne va pas pourrir leur enfance, ce n’est pas grave parce que merde, je fais ce que je peux.
Mon fils de deux ans et demi regarde des dessins animés
Avez-vous déjà essayé de télétravailler avec un enfant de deux ans et demi qui ressemble vachement à une tornade ? Moi, oui. Quand il est malade et qu’il ne peut pas aller à la crèche et que je ne peux pas poser un jour « enfant malade » au boulot parce que ce n’est pas rémunéré, que mon mec a un taf qui ne lui permet pas de télétravailler, eh bien, je fais avec. Et quand ça arrive, je compose avec ce que j’ai, à savoir des articles à écrire vite d’un côté, et un enfant à maintenir en vie le plus longtemps possible, de l’autre.
Pour cela, pas le choix : une fois que son activité pâte à modeler est terminée (et que la dit-pâte finie étalée sur les fenêtres et les murs), une fois que la maison Playmobil a été démontée pièce par pièce, une fois que les livres ont été déchirés, je cède et je lui mets un épisode de Bluey. Pourtant, à en croire les différentes études qui s’écharpent sur le sujet, les écrans avant 3 ans, c’est le mal ultime. C’est la fin de la civilisation, des haricots et tutti quanti. Bah moi, les écrans, ça me permet de pouvoir boucler mon papier et de garder mon boulot, alors bon. Mauvaise mère ? Oui, peut-être.
Mais encore une fois, avec de la mesure et de la nuance, et sans abuser, ce n’est pas un ou deux épisodes de Bluey qui va cramer ses neurones. Par contre, voir sa mère péter les plombs parce qu’elle doit se diviser en trois personnes, ça risque de créer chez lui plus de séquelles émotionnelles.
Je n’aime pas jouer avec mes enfants
Ça, c’est le sujet à controverse : les parents devraient jouer avec leurs enfants. Pour plein de raisons parfaitement audibles hein, comme créer des moments complices, fabriquer des chouettes souvenirs, avoir une bonne interaction, etc. Moi, ça me soule. Je n’aime pas ça, je m’ennuie, j’ai envie d’être ailleurs, je n’y arrive pas. Alors, je ne le fais pas.
Je pense que je me sacrifie suffisamment en tant que mère et en tant que personne pour avoir le droit de ne pas faire ce genre d’activités qui me gavent. Ça ne veut pas dire que je ne fais rien avec mes mômes, bien au contraire ! On cuisine ensemble, on se balade, on regarde des films avec ma grande fille, je leur lis des histoires. Mais jouer, c’est non. Je passe mon tour, et ce n’est pas grave.
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Ils mangent très (trop) souvent des pâtes
J’adore cuisiner. J’adore inventer des plats, tester des saveurs, mélanger des trucs. Mais j’aime bien aussi ma tranquillité d’esprit, et essayer d’alléger le plus possible la tension du tunnel du soir.
Pour les non-parents, le tunnel correspond à ce moment où les enfants sortent de l’école ou de la garderie, jusqu’au moment où ils vont se coucher. Entre-temps, il faut faire les devoirs, les doucher, les mettre en pyjama, les faire manger, leur lire une histoire, brosser les dents et hop, au lit. Ce moment dure environ deux heures, et c’est un mini-marathon quotidien.
En conséquence, leur faire un truc à manger digne de ce nom qui leur plait (parce que c’est surtout ça, le problème, c’est leur cuisiner un truc qu’ils vont manger et aimer), c’est souvent compliqué. Et souvent, quand je n’ai pas prévu de repas à l’avance, j’opte pour les pâtes au fromage. C’est rapide, ils dévorent, et tout le monde est content. Niveau légumes, je me déculpabilise en me disant qu’ils ont mangé un repas varié à la cantine ou à la garderie le midi, et qu’on se rattrapera le lendemain ou le week-end, quand j’aurai davantage le temps de cuisiner. Mais en vrai, ce n’est pas grave, ce n’est que des pâtes.
Personnellement, un de mes meilleurs souvenirs d’enfance, c’est quand ma mère organisait un petit déjeuner du diner : elle rentrait crevée du boulot, avait la flemme de cuisiner, et on mangeait un bol de céréales ou des tartines. Elle devait sûrement culpabiliser, mais moi, je trouvais ça trop chouette.
Peut-être que plus tard, mes enfants s’en foutront d’avoir eu des pâtes à manger un peu trop souvent le soir. Peut-être que plus tard, ils ne se souviendront pas que je n’aimais pas jouer avec eux. Peut-être que plus tard, ils ne m’en tiendront pas rigueur de les avoir collés devant la télé pendant que je devais bosser. Si ce n’est pas le cas, je m’en excuserai. Mais j’espère surtout qu’ils se souviendront que je faisais ce que je pouvais avec ce que j’avais.
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Les Commentaires
Bon heureusement je suis maintenant plus en paix avec ma parentalité, mais il y a 2ans d'ici, je pense que cet article m'aurait fait me sentir hyper mal.