Mes deux premiers ont 21 mois d’écart, autant dire qu’ils sont extrêmement proches. Ils partagent la même chambre, les mêmes centres d’intérêts, les mêmes vêtements, passent beaucoup de temps ensemble et se soutiennent. Ils s’aiment de tout évidence énormément, mais les questions de pouvoir, de contrôle et de rivalité occasionnent de fréquentes disputes. Souvent, le point de départ, c’est quand l’un estime que ses parents le traitent différemment de son frère et que ces différences sont injustes.
Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
C’est toujours très explosif comme partout j’imagine
Mon fils aîné est fougueux, susceptible, impulsif, tandis que mon cadet peut se montrer agressif, fourbe et moqueur. J’ai lu que les conflits fraternels étaient sains le plus souvent, mais que « parfois certains, mal résolus, très agressifs ou même abusifs, étaient associés à une mauvaise adaptation ultérieure (…) L’enfant vivant des conflits fraternels peut par exemple développer des tendances à l’agressivité à l’âge adulte. » Ce passage est tiré de la synthèse passionnante “Les relations entre pairs” de L’Encyclopédie de la famille. De quoi se pencher un peu plus sur les trucs à éviter.
Ne plus prendre position
J’ai tenté différentes postures avec mes deux grands. Au départ, j’avais envie de protéger le plus jeune, plus frêle qui pleurait avec insistance, dénonçait les agissements de son frère. Ensuite, je me suis rendu compte que si l’aîné était très coléreux, le cadet pouvait être moqueur et blessant. Donc j’ai changé mon fusil d’épaule.
Et puis j’ai craqué, j’en ai eu assez d’être une arbitre qui compte les points et départage les joueurs en disant qui a tort et qui a raison. Je les laisse se déchirer et n’interviens seulement quand cela devient trop violent ou si j’entends une insulte intolérable à mes yeux. Par exemple, je ne peux pas supporter que des troubles psychiques ou que le handicap soient utilisés comme des insultes. Ça me met hors de moi.
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En général, l’un (toujours le même) surgit dans le salon pour dénoncer son frère qui l’a frappé, insulté. À l’instant où je vous écris, il vient de débarquer : “Maman, tu peux dire à A. d’arrêter de m’insulter, j’vais pas dire ce qu’il m’a dit mais…” Il me titille, essaie de susciter une réaction de ma part. Je suis lasse. Mes jumeaux ne sont pas en reste. Ils n’ont pas encore 3 ans et déjà, se bagarrent, se tirent les cheveux et se mordent. J’assiste à un ballet incessant dans l’appartement ou le blond coure après le brun, cachant dans ses bras un jouet dont l’autre veut s’emparer. Forcément. Le blond, l’impétueux, mord l’épaule du brun qui hurle de douleur et court vers un parent disponible
Conflit = jalousie = mal être ?
« Quand les enfants se disputent entre eux, ils ‘disent’ à leurs parents qu’ils se sentent déstabilisés, que leurs frères et sœurs représentent une menace pour leur besoin essentiel qui est de se sentir en sécurité dans la famille », rappelle le Dr Becky Kennedy dans son ouvrage. “Parents attentifs” (éditions Courrier du livre) que vous avez compris, j’ai bien étudié.
C’est normal et sain d’éprouver tout une palette de sentiments envers son frère ou sa sœur. « Ce ne sont pas nos sentiments le problème, c’est la régulation de ces sentiments. » Et celle-ci « dépend de notre volonté de reconnaître, valider et autoriser ces sentiments (et de mettre des limites lorsqu’ils se transforment en actes dangereux). » Pour la spécialiste, il faut ouvrir le dialogue, les encourager à vous parler en toute honnêteté de leurs sentiments en ce qui concerne leurs frères et sœurs, se réserver un temps privilégié avec chacun. “Je sais qu’avoir un frère ou une sœur est délicat. Et je sais que tu as une tonne de choses à dire sur ta sœur (…)”.
Quand ça devient incontrôlable ?
OK, vous allez me dire, c’est bien gentil mais en pratique on fait quoi, quand ? Quand ça devient incontrôlable ? Quand ils se font mal. L’idéal c’est d’adopter une posture de médiateur et pas de juge. « ‘Je ne te laisserai pas faire’ devra peut-être être associé à une action physique pour faire respecter ces paroles, par exemple en s’interposant entre vos enfants ou en éloignant un enfant de l’autre, conseille la psychologue. Les situations dangereuses du type ‘Je ne te laisserai pas faire’ peuvent aussi inclure des mots méchants, des railleries ou des taquineries. »
On intervient, on les sépare, quand ça dégénère vraiment et sinon, on essaie de ralentir la situation, “pour que vos enfants puissent s’autoréguler et avoir accès à leurs propres capacités en matière de résolution de problèmes.” En résumé, on ne résout pas le conflit à leur place. Comme toujours, ces recommandations qui s’appuient sur des travaux scientifiques, sont limpides sur le papier, mais difficiles à mettre en place dans la réalité. Et chez vous, comment ça se passe ?
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Les Commentaires
Je crois que quand mes parents intervenaient dans nos disputes, ils punissaient globalement tout le monde, c'était plus simple. Mais je ne suis pas sûre de l'avoir bien vécu pour autant.